Au marché central, la crise est palpable : ni les vendeurs, ni les consommateurs ne sont satisfaits (Reportage)

28-04-2021

Voilà 15 jours que le mois de ramadan a démarré. Il est bien connu que pendant cette période, la consommation augmente afin de garnir les tables de la rupture du jeûne, et d’assouvir les envies des Tunisiens.

Si la frénésie était palpable, les premiers jours, dans les marchés et autres supermarchés, les achats semblent connaître un ralentissement, en cette moitié du mois saint, comme l’illustre l’ambiance au Marché Central de Tunis.

En cette deuxième quinzaine du Ramadan, les Tunisiens semblent être de plus en plus désintéressés par les courses. Les familles sont désormais focalisées sur les préparatifs de l’Aïd, nous a indiqué un marchand de légumes.

« Avec la flambée des prix des produits alimentaires, la plupart des consommateurs sont en train de se serrer la ceinture, pour pouvoir acheter les vêtements de l’Aïd à leurs enfants », nous explique-t-il.

En effet, en faisant un tour dans les rayons du plus grand marché de la capitale, les tarifs des ingrédients essentiels aux plats ramadanesques, demeurent élevés. Les tomates se vendent toujours à 2.500 dinars, le piment fort à 4 dinars, et le moyen (meski) à 2dt.

En contrepartie, les prix des fruits et d’autres légumes, moins sollicités par les consommateurs ont baissé.

Comme le brocoli qui était à 6 dinars, il se vend actuellement à 4.900 dt. D’autres tarifs des fruits de saison ont stagné, comme le prix des fraises fixé à 2 dinars les 500 grammes, les oranges (thomson) à 1.600 dt, et les nèfles qui se vendent à 1.980 dt.

A cause de la baisse de la consommation, d’autres marchands de fruits souhaitent vendre à tout prix la marchandise qui leur est restée sur les bras.

Comme cet étal où des bananes abimées sont exposées à prix cassés, soit 3.990 dt le kilogramme. D’autres fruits demeurent inaccessibles aux petites bourses, comme l’avocat qui se vend 6dt la pièce, l’ananas à 10 dt, et les framboises, dont une petite boîte se vend à 4 dt.

Un autre marchand de fruits nous explique, dépité, qu’aucun commerçant sur le marché n’arrive à dégager de bénéfice correct. « Toute la marchandise que vous voyez là, date de la veille. D’habitude à 12h j’ai déjà tout vendu. Même l’année dernière, en plein confinement, mes recettes étaient meilleures », nous dit-il.

Nous nous sommes aussi rendus à la halle des poissons, qui regorge de visiteurs ; ils observent, comparent les prix, et puis achètent en petites quantités, pour ne pas rentrer les mains vides.

Sur l’allée de la sortie du marché central, nous avons rencontré cette cliente d’une cinquantaine d’années, qui vient d’acheter deux sèches, à 8.500 dt.

« Je suis venue avec dix dinars dans la poche. Et j’ai tout dépensé pour le plat principal. Heureusement que je n’ai pas d’enfants, sinon je ne saurais pas comment leur assurer  nourriture et vêtements de l’Aïd également… », déplore-t-elle.

En parlant de la gestion de son petit budget, cette dame nous a confié qu’il lui arrive des jours où elle s’oblige à choisir entre acheter des légumes ou de la viande ou du poisson.

  « Avec les sardines qui se vendent à 5 dinars le kilogramme, le petit rouget à 10 dt/kg le poulpe dont la pièce est à 16 dinars, et les crevettes à 27 dt/kg, j’essaie de limiter  notre consommation pour contrôler nos dépenses.  Pour les fruits, je n’ai pas mangé de dattes en ce mois de ramadan. Il s’agit d’un luxe dont je ne peux plus permettre malheureusement », ajoute-t-elle.

La Tunisie traverse une grave crise économique et sociale, qui s’est aggravée avec la crise sanitaire. De nombreux clients du marché central passent devant les étals bien fournis, demandent le prix et s’en vont sans acheter. Il semble que les citoyens n’aient même plus accès aux produits locaux…

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi 

 

2 Auteurs du commentaire
plus récent plus ancien Le plus populaire
Anonyme

Quand est ce qu’ils étaient satisfaits ?

Anonyme

Je trouve que les prix sont élevés rien à change