La Marsa : Des vacances au gré des restrictions, mais pas question de bouder la plage ! (Reportage)

13-07-2021

Il est à peine 10h du matin, la plage qui borde la côte  de La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis, était, déjà, prise d’assaut par les baigneurs. Avec les températures caniculaires qui sévissent sur la Tunisie depuis plusieurs semaines, de nombreux Tunisiens n’hésitent pas à braver la crise sanitaire pour aller se rafraîchir au bord de la mer.

Nous nous sommes rendus sur une plage privée occupée par un café – restaurant au niveau de Sidi Abdelaziz. Le propriétaire, Mohamed, loue cet espace à 60.000DT pour les trois mois de l’été. La grave crise sanitaire que vit le pays en ce moment lui rend les choses difficiles. « Je suis ici depuis une quinzaine d’années. Depuis que la pandémie a commencé, mon chiffre d’affaire à largement baissé », nous dit-il.

Pourtant, le commerçant continue tant bien que mal son activité, en essayant de respecter strictement le protocole sanitaire. Les groupes de plus de 4 personnes ne peuvent pas louer un parasol, nous explique-t-il. De plus, il a réduit sa capacité d’accueil en laissant entre chaque paillote 4 mètre de distance et un parasol vide. « Je ne veux pas prendre le risque qu’on me ferme ma plage parce que je ne respecte pas les règles ».

Moez, un des serveurs du café nous indique que le couvre-feu à 20h, a fait beaucoup de mal à l’activité. « Avant, beaucoup de personnes venaient passer la soirée sur la plage, maintenant nous sommes obligés de les faire partir dès 16h. Les gens n’ont même plus moyens de profiter du temps libre qu’offre la séance unique l’été ».

En nous baladant sur la plage, nous rencontrons Houssem. Un jeune homme d’une vingtaine d’années qui est venu passer la journée sur la plage. « Je n’ai pas peur du Covid, car je suis à l’extérieur et loin des autres baigneurs. Je prends mes précautions au maximum ».

La semaine dernière, les gouverneurs du Grand-Tunis (Tunis, l’Ariana, la Manouba et Ben Arous) ont décidé d’un confinement général durant les week-end, y compris l’interdiction de circuler en voiture. Une mesure qui sera en vigueur toutes les fins de samaines jusqu’au 31 juillet prochain. Pour autant, les citoyens qui habitent en bord de mer auront la possibilité d’accéder aux plages de proximité. Mais cette décision, le jeune Houssem ne la comprend pas. « Soit on ferme complètement pendant plusieurs semaines, soit on renonce à ce type de mesures. Le virus n’agit pas que les samedi et dimanche! », ironise-t-il.

Un peu plus loin , nous retrouvons un groupe de femmes avec des enfants en bas âge. Parmi elles, une maman résidente en France, venue passer les deux mois d’été en Tunisie. « Les décisions qui sont prises par le gouvernement n’ont aucun sens et ne servent à rien ». Cette dernière avait loué, comme chaque année, une villa en bord de mer dans la ville Korba. Mais à cause de l’annonce du couvre-feu et du confinement la veille de son départ, elle a dù annuler. Ainsi, elle et sa famille comptent bien profiter de la plage pour essayer de passer de bonnes vacances. « Nous ne pouvons pas enfermer les enfants à la maison alors qu’il fait 40 degrés dehors, c’est inhumain », conclut-elle.

Un grand-père accompagné de sa femme et de ses petits enfants qu’ils doivent garder car les clubs et autres garderies ont du fermer, sont également venus faire trempette. Mais pour M. Fethi, la décision de confinement durant les week-ends est une bonne chose. « Il faut arrêter de mettre toute la responsabilité de ce qui se passe sur le dos de l’Etat. Les principaux responsables sont les citoyens qui pour la plupart font preuve d’une grande nonchalance à l’égard des gestes barrières », déplore-t-il.

Il vient à la plage tous les matins de la semaine et arrive très tôt afin de ne pas se retrouver dans la foule. Il évite de s’y rendre le week-end, car il y a grand monde.

Ce qui est sûr, c’est que pour le deuxième été consécutif, les vacances auront un goût amer. Ils sont nombreux à avoir annulé leur séjour dans les hôtels et les locations de maison, à cause de la crise sanitaire. Encore un été de sacrifice, auquel devront malheureusement se soumettre les Tunisiens afin de réduire au maximum les risques d’une catastrophe sanitaire encore plus importante, que celle que nous vivons maintenant.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, notre reportage sur la plage de Sidi Abdelaziz à La Marsa.

Wissal Ayadi