La Tunisie encourt des risques incalculables à cause du réchauffement climatique, s’alarme un expert

20-06-2022

Le thermomètre s’envole en ce mois de juin, en Tunisie. Des températures allant de 40 °C à 45° ont été enregistrées à travers le pays, soit 7 à 12 degrés de plus par rapport aux moyennes de saison à la normale.

Ce climat marque une vraie bascule. Ces dernières années, les hivers sont de plus en plus doux, et les vagues de chaleur commencent à sévir du mois de mai jusqu’à octobre. C’est la marque du réchauffement climatique, nous a confirmé Nidhal Attia, coordinateur du programme développement durable et politiques environnementales à Heinrich Boll Stiftung.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, l’expert en changement climatique a souligné que ce phénomène était prévisible depuis des années, que nous sommes actuellement à environ 1.1°C d’élévation de la température dans le monde, comparé à la période préindustrielle.

En effet, la hausse des températures a déjà provoqué des dégâts à travers le monde également. Depuis plusieurs décennies, la qualité de l’environnement se dégrade et sa capacité à nous fournir ses précieux services se réduit. Les catastrophes naturelles augmentent régulièrement. L’élévation du niveau de la mer, la fonte des glaces, les inondations et les tempêtes se multiplient, ce qui entraine la disparition de nombreuses espèces animales et végétales et la dégradation des écosystèmes naturels….

Les effets du réchauffement climatique sur la Tunisie

Pour le cas de la Tunisie, les prévisions liées au changement du climat tunisien sont alarmantes : une baisse des précipitations, des phénomènes extrêmes, tels que les vents, la sécheresse et les inondations, qui augmenteront en fréquence et en intensité. Une augmentation de la température annuelle moyenne, une variabilité accrue du climat, des années de sécheresse qui se succéderont plus souvent à l’avenir….

Selon ce militant écologiste, les bouleversements climatiques en Tunisie causeront la réduction d’environ 28% des ressources en eau qui seront de plus en plus rares. À l’horizon de 2030-2050, la Tunisie risque des pénuries  également. Ces changements provoqueront aussi le recul de 2/3 du couvert végétal, et causeront une crise agricole imminente. 

« La vulnérabilité des écosystèmes renforce les risques de catastrophes naturelles. Le dessèchement généralisé de l’environnement augmente les risques d’incendies, des forêts qui sont les poumons de notre planète. Les incendies de forêts sont des phénomènes annuels qui se répètent à cause des perturbations au niveau de l’écosystème ».

Nidhal Attia a aussi rappelé que la Tunisie subira les effets du réchauffement climatique, à cause de sa situation géographique. « Les pays situés au bassin méditerranéen où il y a une forte concentration de la population sur le littoral, et un relief terrestre massif où s’accumulent  les blocs de chaleur, plus les forêts qui disposent d’arbres et de plantes favorisant la production de vapeurs inflammable, font que la Tunisie compte parmi les pays en première ligne, qui seront touchés par les effets du réchauffement climatique, nous explique l’expert.

« Si nous ne diminuons pas les émissions effrénées de gaz à effet de serre causées par l’économie mondiale capitaliste, les vagues de chaleur risquent d’être plus longues, plus fréquentes et plus chaudes, notamment dans les pays ayant contribué le moins dans le réchauffement climatique », a-t-il averti.

Impact sur la santé humaine

A long terme, des effets néfastes sur la santé humaine surviendront à cause du réchauffement climatique.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, Dr. Emna Mhamdi, médecin généraliste a affirmé que les températures anormalement élevées favorisent la prolifération des moustiques et des bactéries, notamment dans les zones tropicales, ou hautement polluées par les déchets.

Par conséquent, la population sera davantage exposée au paludisme, et aux maladies infectieuses transmises par les insectes, dans la plupart des continents. Les maladies respiratoires et pulmonaires risquent de se proliférer. Face à ce risque, les pays développés seront plus aptes à affronter les conséquences de la hausse des températures avec des technologies hautement développées. En revanche, les pays en voie de développement manquent non seulement de ressources, mais avec un système de santé publique défaillant, il serait difficile de mettre en place une stratégie de prévention contre les vagues de chaleur et de canicule, qui surviendront à long terme.

Prolifération des maladies liées à la chaleur

D’après Dr.Emna Mhamdi, les personnes âgées et les bébés représentent les populations les plus touchées par le prolongement de températures ambiantes.

Les séniors souvent sous médication pour traiter diverses maladies chroniques, supportent mal la chaleur. « Avec la fragilité liée aux maladies, les capacités de transpiration peuvent être altérées. Chez les personnes âgées, les capacités du système de régulation de la température  diminuent du fait de l’âge. Les seniors s’épuisent, de ce fait, plus facilement, notamment celles souffrant de maladies rénales ou cardiaques ».

Dr. Emna Mhamdi a évoqué aussi les décès provoqués par l’insolation. Une forte exposition au soleil peut entrainer la mort, notamment lors des pics de chaleur.

« L’été dernier avec la forte canicule d’août, nous avons enregistré un décès dû à un coup de soleil à l’hôpital de la circonscription du Krib (Siliana). Un agriculteur d’une quarantaine d’année s’était exposé au soleil pendant des heures en travaillant dans les champs. Il a souffert de céphalées intenses, de déshydratation, et ses organes ont été endommagés », nous confie-t-elle.

D’autres pathologies comme l’éruption cutanée, le lupus, les dermatites sont aggravés avec la chaleur, outre les maladies cardiovasculaires, psychiatriques, neurologiques et endocriniennes.

E.B