Le ministère de la Défense est le moins corrompu, Chawki Tabib pointe le manquement des ministres

30-12-2019

Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), Chawki Tabib, a déclaré que 205 dossiers de corruption ont été transférés à la justice, qui concernent, en majorité, le secteur public.

La corruption a touché quasiment tous les secteurs : santé, transport, éducation, agriculture, détournement du domaine public, secteur privé…et concerne dans 20 % des cas, la corruption administrative et financière.

De tous les ministères, « le ministère de la Défense nationale est le moins touché par la corruption, et bien que seul un petit nombre de dossiers le concerne, ce département est celui qui a le plus transféré des dossiers à la justice », selon le président de l’INLUCC.

Des dossiers de corruption ont été relevés dans plusieurs ministères à vocation économique, notamment ceux de l’Agriculture et des Finances, avec 400 dossiers de corruption pour chacun d’entre eux. Ils sont talonnés par les ministères du Commerce, de l’environnement, de l’énergie et des mines, de l’Industrie, des technologies de la communication, de l’investissement et de la coopération internationale et du tourisme, etc, selon le rapport de 2018 de l’Instance anti-corruption, dévoilé le week-end.

Intervenu hier, dimanche, au JT de 20 heures, Chawki Tabib a souligné que le fait de saisir la justice est le résultat d’un travail de longue haleine, notamment des organismes de contrôle. « Si ce travail est jeté à la poubelle ou rangé dans les tiroirs, ce serait un message négatif envoyé aux corrompus, et cela encouragerait l’impunité », a-t-il souligné.

Il a fait savoir que huit ministères ont déféré zéro affaires en justice, ce qu’il a qualifié comme étant « inconcevable, inacceptable et ne peut être justifié sous quelque prétexte que ce soit ».

Au sujet du classement des ministères en termes de corruption, il a indiqué que le ministère de l’Intérieur vient toujours en première position, mais les cas de corruption en son sein ont sensiblement baissé, passant de 13 % à 6,33%. Il a salué un effort considérable consenti par ce ministère.

Les clignotants sont au rouge, selon ses dires, au ministère de l’agriculture, qui vient en deuxième position avec 6, 25 %. Idem pour le ministère de la Justice et celui de l’Education qui font partie des six départements les plus touchés.

Le président de l’INLUCC a appelé les ministres « à assumer leurs responsabilités, et à traduire en justice, tous ceux qui devront être questionnés ou rendre des comptes ».

Chawki Tabib a expliqué l’importance du fléau de la corruption dans le secteur public, par « l’absence quasi-totale de la gouvernance au niveau de la gestion du secteur public ». Alors que dans le secteur privé, « c’est normalement le patron qui gère ses biens et les soupçons de corruption sont inférieurs ».

Selon le rapport de l’INLUCC de 2018, 85 dossiers de corruption uniquement ont été transférés à la justice par les ministères l’année écoulée, contre 380 dossiers transférés en 2017.

Au sujet de la déclaration du patrimoine, l’INLUCC a un problème avec les dirigeants des partis et associations dont 10 % seulement, ont déclaré leurs biens, ainsi qu’avec ceux qui exercent une activité médiatique, les syndicalistes, notamment ceux des professions libérales, de l’UTICA…

Le président de l’INLUCC les a pressés tous à accomplir ce « devoir citoyen », se défendant de toute « chasse aux sorcières ».

Gnetnews