Trump veut rouvrir l’économie même au prix d’un lourd bilan, la Grande-Bretagne 2ème pays le plus endeuillé

06-05-2020

AFP – Le président américain Donald Trump a appelé mardi avec force à rouvrir l’économie même si cela devait alourdir encore le bilan de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis.

« Je ne dis pas que tout est parfait. (…) Est-ce que certains vont être durement touchés? Oui. Mais nous devons ouvrir notre pays et nous devons l’ouvrir bientôt », a lancé le président américain depuis une usine Honeywell de masques respiratoires à Phoenix, dans l’Arizona.

Interrogé peu après sur ABC News, il s’est montré encore plus explicite. Pense-t-il que « des vies seront perdues afin de rouvrir l’économie »? « Il est possible que cela arrive car nous ne serons pas confinés dans nos maisons », a-t-il répondu.

Si les Etats-Unis viennent de franchir le cap des 70.000 décès liés au coronavirus et pourraient atteindre celui des 100.000 avant le début du mois de juin, la Maison Blanche concentre depuis plusieurs jours son message sur le déconfinement en cours.

Preuve de la volonté de l’exécutif de marquer le début d’un nouveau chapitre, le vice-président Mike Pence a indiqué que la cellule de crise sur le Covid-19, qu’il dirige, devrait être démantelée dans les semaines à venir.

Estimant que les Américains étaient des « guerriers », Donald Trump a estimé qu’ils étaient prêts pour cette « nouvelle phase de la bataille ».

Serait-il tenté de dire « Mission accomplie »? « Non, non, mission accomplie, c’est quand c’est terminé », a-t-il répondu.

Kayleigh McEnany, porte-parole de la Maison Blanche, a par ailleurs précisé que les experts médicaux resteraient étroitement associés au processus de décision. « Le président poursuivra son approche basée sur des données pour une réouverture en toute sécurité », a-t-elle souligné.

La pandémie de Covid-19 a déjà fait 256.000 morts depuis son apparition en décembre en Chine et cloîtré à la maison plus de la moitié de l’humanité, plongeant l’économie dans un sommeil sans précédent.

Les Etats-Unis, de loin le pays le plus touché, ont franchi mardi la barre des 71.000 décès et pourraient atteindre celle des 100.000 d’ici début juin selon plusieurs modèles épidémiologiques. Après avoir ralenti ces trois derniers jours, le rythme de décès quotidiens est reparti à la hausse avec 2.333 décès supplémentaires en 24 heures.

Derrière, le Royaume-Uni continue aussi d’enregistrer un grand nombre de morts (693 mardi) et est désormais le pays du Vieux Continent le plus touché, davantage que l’Italie, premier épicentre européen de l’épidémie. Selon le comptage réalisé par l’AFP, les autorités britanniques ont recensé 29.427 morts — un chiffre qui dépasse les 30.000 si l’on y ajoute les décès dont le Covid-19 est la cause probable mais pas confirmée par un test.

Confronté à l’ampleur d’une épidémie qui l’a personnellement atteint, le Premier ministre britannique Boris Johnson devrait prolonger jeudi le confinement puis dévoiler dimanche sa stratégie pour en sortir progressivement.

30 millions d’Américains au chômage en avril
Outre-Atlantique, Donald Trump est lui pressé de voir l’économie repartir, même au prix d’un bilan encore plus lourd.

La pandémie a agi sur l’économie américaine comme un tsunami, dont la vague a emporté les emplois, et le taux de chômage du mois d’avril atteindra un sommet historique alors que 30 millions d’Américains s’y sont inscrits depuis le début de la crise.

Le taux de chômage d’avril, qui sera publié vendredi, pourrait approcher les 20%, soit deux fois plus que ce qu’avait connu le pays au pire moment de la Grande récession de 2009, et rejoignant plutôt des niveaux de la Grande dépression des années 30.

Et certains économistes tablent sur 28 millions d’emplois perdus. En comparaison, 8,6 millions d’emplois avaient été perdus pendant les deux années de la crise financière mondiale.

La première vague de pertes d’emplois a touché les compagnies aériennes et les hôtels, puis les restaurants et les usines, les États ayant ordonné des fermetures. Et les écoles ont renvoyé les élèves chez eux.

La rapidité avec laquelle le marché du travail est passé de sa meilleure forme depuis 50 ans, à la pire situation de l’histoire récente, rend difficile toute comparaison, pour les statisticiens du département du Travail (BLS), qui réalisent ce rapport mensuel.

Le point de référence le plus proche pour la lecture des données sont les catastrophes naturelles, notamment « les ouragans, car ils ont tendance à être importants et à affecter des périodes ou des zones importantes », a expliqué à l’AFP la commissaire associée du BLS, Julie Hatch Maxfield.

Les inscriptions au chômage ont grimpé en flèche à partir de mars, et les quatre semaines d’avril ont vu 20 millions de nouvelles demandes.

Mais ces chiffres pourraient sous-estimer l’ampleur réelle du choc, de nombreuses personnes n’ayant pas pu déposer leur dossier car les systèmes étaient débordés. Et beaucoup de personnes, non éligibles, n’ont même pas tenté de s’inscrire.