Tunisie : Des « enregistrements troublants » sur les dernières conversations téléphoniques de Ben Ali pendant son départ en Arabie saoudite

14-01-2022

La BBC a obtenu des enregistrements troublants inhérents à des appels téléphoniques effectués par l’ancien président, Zine al Abidine Ben Ali, pendant son départ du pays en 2011.

Ces enregistrements évoquent les derniers instants de la chute de son régime, et la fin de son pouvoir personnel ayant duré 23 ans, ce qui a donné lieu au printemps arabe prônant démocratie et liberté dans la région.

Les enregistrements ont été analysés par des experts de la Voix, aucune preuve n’a été obtenue sur un quelconque trucage (…), selon la même source.

Les enregistrements commencent le 13 janvier 2011. Le premier est une conversation avec l’un des proches du président tunisien, que l’on croit être Tarek Ben Ammar, l’homme d’affaires et producteur de cinéma tunisien.

Alors où il montait à bord, Ben Ali appelle son ministre de la Défense, Ridha Grira, sur la situation sur le terrain en Tunisie.

Grira l’a informé qu’ »un président provisoire était en train de prendre les rênes ».

« Ben Ali a demandé à Grira de répéter cette information trois fois, avant de répondre qu’il allait revenir en Tunisie, dans les heures qui suivaient ».

Le défunt président a, par la suite, appelé un homme qui serait son ami proche Kamel Ltaïef.

Ben Ali a dit à Ltaïef que le ministre de la Défense l’a rassuré que les évènements sont sous contrôle.

Mais ce dernier a rectifié et lui a lancé : « Non, non et non, la situation change rapidement et l’armée ne suffit pas ».

Ben Ali l’a interrompu et lui a posé la question : « Tu me conseilles de revenir ou non ? » Il devait répéter la question trois fois avant que Ltaïef réponde d’une manière intelligible : « La situation n’est pas bonne », lui avait-il assuré.

L’ancien président a dans la foulée joint au téléphone le chef d’état-major de l’armée, Rachid Ammar, selon la même source.

Ammar n’a pas reconnu sa voix, ce qui l’a incité à lui dire : « Je suis le président ».

Ammar l’a rassuré, « tout va bien ».

Ben Ali lui a posé la question s’il devait regagner la Tunisie maintenant. Et Ammar de rétorquer : qu’ »il vaudrait mieux attendre quelque temps ».

Ammar a dit à Ben Ali : « lorsqu’on estime que vous pourriez revenir, nous vous informerons Monsieur le président ».

Ben Ali a recontacté Grira pour lui demander, encore une fois, s’il devait retourner en Tunisie, mais Grira lui a répondu qu’ »il ne pouvait garantir sa sécurité, s’il revenait ».

Peu après minuit, l’avion de Ben Ali a atterri à Djeddah en Arabie saoudite.

L’ex-président a ordonné au pilote de se préparer au vol de retour. Il a été transféré, lui et sa famille, au palais du roi Fayçal à Djeddah.

Le pilote lui a désobéi, a laissé Ben Ali et a rebroussé chemin à destination de Tunis.

Gnetnews