Tunisie : Saïdane désavoue Bouden, la dette intérieure n’a pas été remboursée et échec d’émission de bons de trésor

09-05-2022
saidane - economiste

L’économiste Ezzeddine Saïdane a déclaré ce lundi 09 Mai que la cheffe du gouvernement, Nejla Bouden a manqué de précision, dans son discours samedi dernier, à la Cité de la culture, en relation notamment avec le remboursement de la dette extérieure et intérieure.

Dans un entretien téléphonique avec Shems, il a indiqué que « la dette externe a été remboursée, mais ce n’est pas le cas de la dette intérieure, dont le remboursement a été reporté en partie à 2033 ».

Selon ses dires, « aucun des trois crédits contractés sur le marché intérieur ; arrivant à échéance au mois de février n’a été remboursé ».

L’expert a révélé qu’une tentative menée vendredi dernier d’émettre des bons de trésor à long terme, étant donné que l’Etat devra payer, aujourd’hui même lundi 09 Mai, un crédit de 810 millions aux banques tunisiennes, s’est soldée par un échec. « Les banques tunisiennes ont refusé de prendre les nouveaux bons de trésor », induisant un rééchelonnement sur le long terme ».

D’après ses pronostics, « l’Etat serait dans l’obligation de rembourser cette dette, au détriment des salaires du mois de Mai, et émettra, dans la foulée, des bons de trésor à court terme qui seront rachetés le jour même par la banque centrale, ce qu’on a appelle la planche à billets ».

« Cette solution complique le redressement des finances publiques et retarde d’entamer de vraies solutions, ce qui s’apparente à une fuite en avant », a-t-il déploré.

Revoir le mode d’endettement et de remboursement

Saïdane estimé que la Tunisie a un problème au niveau de la dette interne et externe, appelant « à revoir le mode d’endettement et de remboursement ». « Ce problème devrait être examiné non seulement de point de vue économique et financier, mais aussi sur les plans social et politique, » a-t-il recommandé.

Le gouvernement dispose d’autre solutions, a-t-il dit, regrettant qu’il ne se soit pas intéressé au mode de dépenses de l’Etat tunisien.

Il a, par ailleurs, exhorté le gouvernement « à travailler dès maintenant sur un projet de loi des finances complémentaire, étant donné que l’actuelle loi de finances ne ressemble plus à la réalité tunisienne et les chiffres qui y figurent n’ont rien à voir avec la situation actuelle, notamment après la guerre russo-ukrainienne et ses retombées sur l’économie tunisienne ».

« Si elles ne sont pas menées aujourd’hui, les réformes coûteront plus chères demain, ce sera le double et le triple », a-t-il dit.

Avec le FMI, c’est la torpeur qui prévaut

S’agissant des négociations avec le fonds monétaire international (FMI), il a indiqué qu’elles sont plongées dans une profonde torpeur, et il y a un total silence là-dessus.

« Depuis 2013, la Tunisie n’a pas tenu ses engagements en matière de réformes proposées au FMI, face à la dégradation de la note souveraine, et aux problèmes des finances publiques, parvenir à un accord n’est pas du tout garanti. »

Au sujet de l’adhésion de la Tunisie à l’AIIB, il a considéré qu’il s’agit là « d’une tentative de diversifier les sources de financement, notamment dans les domaines difficiles comme l’infrastructure, le transport…, qui requièrent de grands financements à long terme ».

« C’est un premier pas pour s’inscrire dans le projet de la route de la soie, tracée par la Chine sur des années ».

Il a, néanmoins attesté, qu’il ne serait pas facile pour la Tunisie d’obtenir des financements auprès de cette banque, du fait d’une situation économique critique, et des difficultés des finances publiques.

Gnetnews