Défection d’un ambassadeur syrien, un faubourg de Damas bombardé

Publié le Vendredi 13 Juillet 2012 à 08:42
Naouaf al FaresAgences - L'ambassadeur de Syrie à Bagdad a fait défection pour dénoncer la répression sanglante du soulèvement contre le président Bachar al Assad dont les forces de sécurité ont pour la première fois tiré jeudi des obus de mortier sur un faubourg de la capitale Damas.

Naouaf al Fares, qui était étroitement lié à l'appareil de sécurité syrien, est le premier diplomate de haut rang à faire défection depuis le début des manifestations antigouvernementales en Syrie mi-mars 2011.

La Syrie a confirmé jeudi la première défection de l'un de ses ambassadeurs, mais a reçu de nouveau le soutien de la Russie, qui a rejeté un projet de résolution déposé à l'ONU par les Occidentaux.

Jeudi, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que Nawaf Farès était "démis de ses fonctions", jugeant que ses déclarations aux médias la veille étaient "en contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et la cause de son pays".
"Il doit pour cela être poursuivi par la justice et traduit devant le conseil disciplinaire", a ajouté le ministère.

Selon Bagdad, M. Farès se trouve au Qatar, un émirat connu pour son hostilité au régime de Bachar al-Assad. Sa défection porte un nouveau coup au régime syrien, quelques jours après celle de Manaf Tlass, un général proche du président Assad.

Nawaf Farès, un sunnite, a commencé comme policier avant de travailler avec les redoutables services de renseignements puis de devenir l'un des chefs du parti Baas, gouverneur et enfin diplomate.

Ce parcours suscite la méfiance des militants. "Je sais que cet homme est un criminel", a ainsi affirmé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
"C'est assez similaire à l'histoire de Manaf Tlass (...), les services de renseignements occidentaux cherchent à sélectionner des personnalités qui pourront être utilisées pour la période transitoire", a-t-il estimé.

Une opinion partagée par un militant de Hama (centre) se présentant sous le nom d'Abou Ghazi: "les gens sont très méfiants sur les motivations qui l'ont poussé à déserter. Peut-être que (...) la communauté internationale et le régime cherchent à mettre sur pied un gouvernement consensuel et cette défection s'inscrit dans ce scénario".

Dans une vidéo diffusée sur le réseau social Facebook, Naouaf al Fares déclare "rejoindre les rangs de la révolution" et appelle les membres de l'armée à "tourner leurs armes" contre les "criminels" au pouvoir à Damas.

Selon le ministre irakien des Affaires étrangères Hochiar Zebari, en visite à Paris, le diplomate syrien se trouve désormais au Qatar, dont les autorités appellent ouvertement au départ de Bachar al Assad du pouvoir.
"Nous sommes surpris par sa défection parce qu'il était un membre loyal au régime", a dit le ministre irakien aux journalistes, à Paris.

Dignitaire de la tribu sunnite Ogeïdat alliée de longue date de la minorité alaouite dont Assad est issu, Naouaf al Fares est originaire de Daïr az Zour, grande ville de l'Est syrien qui a essuyé de violents assauts des forces gouvernementales.

Sur le terrain, l'armée syrienne a poursuivi son offensive jeudi contre les forces de l'opposition, bombardant pour la première fois un faubourg de Damas.

Selon les opposants au régime, des tirs de mortiers ont touché des vergers dans la commune de Kfar Sousseh, qui borde la rocade sud de la capitale syrienne, pour tenter d'en déloger des rebelles qui y auraient trouvé refuge.

Des opposants ont rapporté que des chars avaient ensuite fait mouvement vers la localité dans la matinée et tiraient en provenance des environs de la mosquée Hadi, située à l'est des champs et de l'aérodrome militaire d'Al Mazzeh, situé à l'ouest.

Selon plusieurs membres de l'opposition, l'armée a dressé des barrages routiers sur la plupart des axes du quartier, les renforçant aux principaux carrefours par des véhicules blindés et des chars. Plusieurs personnes ont été arrêtées.