Il y a 40 ans, Martin Luther King était assassiné |
Publié le Vendredi 04 Avril 2008 à 11:17 |
![]() Quarante ans plus tard, un jeune politicien noir, Barack Obama, a une chance sérieuse d'être élu président des États-Unis. « Le Dr King aurait-il pu imaginer une telle révolution ? Compte tenu des circonstances politiques, je pense que cet anniversaire est encore plus important », estime Lynette Clemetson, rédactrice en chef du magazine de la communauté afro-américaine The Root. La figure du militant pacifiste est gravée dans le bronze : le Lorraine Motel, où il fut abattu à l'âge de 39 ans, est devenu le Musée national des droits civiques ; depuis 1986, les Américains observent une journée annuelle de commémoration ; plus de 700 villes possèdent au moins une rue à son nom. Mais l'héritage de Martin Luther King nourrit toujours l'actualité, surtout dans cette campagne électorale. Hillary Clinton a perdu l'avantage auprès de l'électorat noir quand elle a paru minimiser le rôle du prêcheur d'Atlanta, en rappelant qu'il avait « fallu un président, Lyndon Johnson, pour réaliser son rêve ». Barack Obama a lui aussi été emporté dans un tourbillon polémique par des déclarations de son pasteur, Jeremiah Wright, sur l'inégalité persistante entre les races. Canonisé en héros américain
Selon une étude sur « le rêve américain inachevé », le revenu moyen dans la communauté noire, qui représentait 54 % de celui des Blancs en 1967, plafonne toujours à 57 %. À ce rythme, il faudrait cinq siècles pour atteindre la parité. « La question raciale est de celles que la nation ne peut se permettre d'ignorer aujourd'hui », a déclaré le sénateur de l'Illinois dans un discours jugé « historique » le mois dernier à Philadelphie. « Nous avons fait des progrès : nous sommes libres mais pas égaux », résume ainsi Jesse Jackson, compagnon de route du Dr King. À l'occasion de cet anniversaire, l'Amérique redécouvre la rhétorique enflammée et souvent polémique du Prix Nobel de la paix 1964. La veille de son assassinat, l'auteur du célèbre « J'ai fait un rêve » dénonçait la guerre du Vietnam en des termes qui font étrangement écho aux prêches du révérend Wright. « Sa canonisation en héros américain a sapé son pouvoir, estime le Pr Harvard Sitkoff, l'un de ses biographes. King est le gentil qui nous a aidés à régler nos problèmes passés au lieu d'être celui qui nous défie de résoudre les injustices présentes. » |