Israël menace de tuer Ismaïl Haniyeh

Publié le Lundi 11 Février 2008 à 11:12
AFP- Les responsables israéliens ont multiplié dimanche les menaces de liquidation contre les dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza en représailles à des tirs de roquettes dont les derniers ont provoqué l'amputation d'une jambe d'un enfant israélien.
En revanche, le Premier ministre Ehud Olmert, malgré des pressions croissantes de plusieurs membres du gouvernement et de l'opposition de droite, a rejeté le lancement d'une opération militaire terrestre de grande envergure dans le territoire palestinien passé en juin 2007 sous le contrôle des islamistes du Hamas.

Un proche d'Ehud Olmert, le ministre de l'Habitat Zeev Boïm, a évoqué la possibilité de l'élimination d'Ismaïl Haniyeh, Premier ministre du gouvernement islamiste.

"A la guerre comme à la guerre, à Gaza il faut parler un langage plus guerrier pour se faire comprendre, tous les membres de la direction politique et militaires du Hamas sont impliqués dans le terrorisme", a affirmé M. Boïm.

Il faut, selon lui, s'attaquer à la "tête du serpent, en partant d'Haniyeh, et tous ceux qui sont en dessous de lui".

"Dans le passé, nous avons accordé un moment une immunité à la direction politique, avant de la retirer à Yassine et Rantissi, Haniyeh et ses camarades ne sont pas différents de ce point de vue", a ajouté ce ministre.

Il faisait référence au chef spirituel et fondateur du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, et son successeur à la tête du mouvement à Gaza, Abdelaziz Rantissi, éliminés en 2004 lors de raids de l'armée israélienne.

Le numéro deux du gouvernement Haïm Ramon a affirmé à la radio militaire que tous ceux qui sont "impliqués de façon directe ou indirecte dans des crimes de guerre contre des civils (israéliens) se trouvent dans la ligne de mire de l'armée israélienne".

Le ministre de l'Intérieur, Meïr Sheetrit, a carrément affirmé pour sa part qu'Israël "devait raser tout secteur de Gaza d'où proviennent les tirs de roquettes".

"Il faut prévenir les habitants à l'avance pour qu'ils quittent les lieux, entrer et raser totalement le quartier. Ils réfléchiront alors à deux fois avant de tirer des roquettes", a-t-il déclaré à la radio militaire.

Ces menaces ont été lancées à la suite de tirs de roquettes palestiniennes samedi à partir de la bande de Gaza contre la ville israélienne de Sdérot au cours desquels un enfant de huit ans, blessé, a du être amputé d'une jambe. Les photos de cet enfant ont fait la une des médias dimanche.

En conseil des ministres, M. Olmert n'a pas exclu la reprise des "liquidations ciblées".

"Nous continuerons à attaquer tous les terroristes. Ceux qui les envoient et les utilisent. Nous n'excluerons personne", a-t-il prévenu. Il a toutefois indiqué qu'il n'envisageait pas pour le moment d'opération terrestre de grande envergure.

"Nous ne pouvons pas ignorer les sentiments et les frustrations des habitants de Sdérot et des localités voisines (...) Leur colère est compréhensible et naturelle. Mais la colère ne peut constituer un plan d'action. Nous devons agir de manière ordonnée et systématique sur une longue période de temps. C'est ce que nous faisons et que nous continuerons à faire", a affirmé M. Olmert.

Le ministre de la Défense Ehud Barak s'est pour sa part rendu dimanche matin à Sdérot, où il a été accueilli par des huées d'habitants.

"Nous allons continuer à attaquer", a-t-il dit, sans préciser ce qu'il entendait par là.

Une centaine d'habitants de Sdérot, cible régulière des tirs de roquettes palestiniennes, ont bloqué momentanément dimanche l'une des entrées de Jérusalem pour exiger un durcissement des représailles dans la bande de Gaza.

Les manifestants ont ensuite installé un piquet de protestation aux abords des bureaux de M. Olmert.

Quelques heures après les tirs vers Sdérot, l'aviation israélienne a tué un chef local de la branche armée du Hamas à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.