Libye : Un groupe armé attaque le parlement, et réclame sa suspension |
Publié le Lundi 19 Mai 2014 à 09:58 |
![]() La Libye est en proie à l’anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition ne parvenant pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. Réunissant d’anciens rebelles et dominées par les islamistes, elles comblent le vide en matière de sécurité laissé par un Etat qui peine à construire ses institutions. Le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein, n’a pas écarté que l’attaque contre le Parlement ait été commandée par l’ancien général Khalifa Haftar, mais le gouvernement a affirmé plus tard dans un communiqué qu’il n’y avait «aucun lien réel» entre les évènements de Tripoli et Benghazi, à 1.000 km à l’est. Selon des témoins, les assaillants faisaient partie des puissantes brigades de Zenten, connues pour leur opposition aux islamistes et qui avaient déjà attaqué le CGN par le passé. Ces brigades se sont retirées des lieux peu de temps après l’attaque, et des affrontements les ont opposés plus tard à des milices rivales sur la route de l’aéroport. Ces violences ont fait deux morts et 55 blessés, selon un bilan du gouvernement. Dans la soirée, un colonel disant parler au nom de l’armée a accentué encore la confusion, en annonçant la «suspension» du CGN, la plus haute autorité politique du pays. «Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN», a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, précisant qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat. Ce colonel, originaire de la ville de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), n’a pas indiqué comment cette annonce allait être mise en oeuvre, en l’absence d’une armée professionnelle dans un pays où les milices font la loi. Plus tard, une des deux télévisions qui ont diffusé le communiqué, Libya International, a été la cible d’une attaque à la roquette, provoquant des dégâts matériels, mais sans faire de victimes, selon la télévision, considérée comme le bras médiatique des brigades de Zenten. En février, les brigades de Zenten avaient donné au CGN, la plus haute autorité politique du pays, quelques heures pour quitter le pouvoir, sans toutefois passer à l'action après l'expiration de leur ultimatum. Le Congrès avait aussitôt dénoncé cette initiative comme une menace de coup d'Etat. Le gouvernement de transition avait ensuite annoncé un compromis avec ces ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, sans donner de détails. Attaque contre une base militaire à Benghazi Des hommes armés ont attaqué dans la nuit de dimanche à lundi la base aérienne militaire de Benina à Benghazi, dans l'est de la Libye, sans faire de victimes, a indiqué à l'AFP son commandant, le colonel Saad Al-Werfalli. Il y a des tirs de roquettes contre la base. Mais jusqu'ici rien de grave, a déclaré le colonel Al-Werfalli, accusant des groupes d'islamistes radicaux d'être derrière l'attaque contre la base jouxtant l'aéroport civil. Selon lui, les roquettes ont atterri dans un terrain vague. Cette attaque intervient après des raids aériens menés vendredi par des officiers de l'armée de l'air contre des positions de groupes extrémistes à Benghazi. Ces officiers avaient rejoint une force paramilitaire conduite par Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Appuyé par des avions et des hélicoptères de combat, M. Haftar a lancé vendredi matin une opération contre des groupes islamistes de Benghazi, fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées. Ces affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés, selon le ministère de la Santé. Cette offensive a été qualifiée de tentative de coup d'Etat par les autorités de transition. |