Devant un parterre de responsables du régime et d'ambassadeurs étrangers réunis à l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz à l'occasion de la Journée du nucléaire iranien, lundi 9 avril, le président Ahmadinejad a clairement dit que l'Iran ne permettrait pas aux grandes puissances de freiner son programme nucléaire.
"La grande nation qui a été un pionnier des sciences dans les siècles passés n'autorisera pas certaines grandes puissances brutales à mettre des obstacles à son progrès", a déclaré M. Ahmadinejad. "Notre nation défendra ses droits jusqu'au bout", a-t-il poursuivi, ajoutant que le "chemin [de l'Iran] vers le développement est irréversible". Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale et principal négociateur iranien pour le dossier, a, pour sa part, menacé la communauté internationale de se retirer purement et simplement du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) si Téhéran était soumis à de "nouvelles pressions". "Nous n'aurons pas d'autre choix que de reconsidérer notre appartenance", a indiqué M. Larijani.
LE NOMBRE EXACT DE CENTRIFUGEUSES INCONNU Peu avant, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Gholam-Reza Aghazadeh, avait annoncé que l'Iran passait à la phase industrielle de ses opérations d'enrichissement d'uranium, indiquant notamment "le début de la production en masse de centrifugeuses". Pourtant, ni M. Aghazadeh, ni aucun autre haut responsable iranien n'a été en mesure de confirmer le nombre de centrifugeuses actuellement en fonctionnement à Natanz.
En théorie, pour atteindre une capacité nucléaire industrielle, l'Iran doit faire tourner plusieurs dizaines de milliers de centrifugeuses. Le chiffre de 3 000 est souvent évoqué par les spécialistes, puisqu'à partir de ce nombre on peut créer une quantité suffisante d'uranium hautement enrichi pour une bombe nucléaire. En février, Téhéran avait reconnu l'existence de 328 centrifugeuses devant l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"L'IRAN DÉFIE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE" Pour Washington, ce nouveau "défi de l'Iran" justifie pleinement la voie des sanctions adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU. "C'est un autre signal que l'Iran défie la communauté internationale", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Si les mesures prises par la communauté internationale sont "bonnes" et "légitimes", le porte-parole reconnaît qu'elles "n'ont pas encore arrêté" les Iraniens. "Mais nous espérons que la pression croissante [...] de la part de l'ensemble du système international les amènera à changer de comportement", a-t-il ajouté.
En dépit de cette annonce, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, devrait toujours participer à la conférence régionale sur l'Irak, qui doit se tenir les 3 et 4 mai à Charm el-Cheikh. La chef de la diplomatie américaine, qui pourrait ainsi siéger à la même table que son homologue iranien, Manouchehr Mottaki lors de cette conférence, a d'ores et déjà fait savoir qu'elle n'excluait pas une rencontre bilatérale avec lui en marge de la conférence.
L'AIEA doit publier, fin mai, un nouveau rapport sur l'avancement du programme nucléaire iranien. S'il est négatif, le Conseil de sécurité pourrait alors renforcer ses sanctions contre Téhéran.
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