Un député payé à 11,6 fois le salaire national |
Publié le Vendredi 23 Novembre 2007 à 12:28 |
Algérie![]() Le député algérien est-il mal payé? La question surprendra certainement plus d’un, fera rire d’autres. Certains suggéreraient même une faute de frappe de la part du rédacteur et remplaceraient volontiers le mot «mal» par «trop bien». Et pourtant, au niveau de l’Assemblée populaire nationale (APN), la problématique est posée d’une manière très sérieuse. Le bureau de l’APN s’est penché sur ce point lors de sa réunion tenue en octobre dernier. Mais aucun communiqué officiel n’est venu révéler les tenants et les aboutissants du débat. C’est que le dossier est d’une extrême sensibilité. «Poser le problème publiquement mettra, encore une fois, le député en point de mire. Cela arrangera les affaires des parties qui tentent, coûte que coûte, de discréditer l’élu de l’APN aux yeux des citoyens», soutient un député. Sciemment, ajoute-t-il, l’on a toujours diabolisé les indemnités des députés, parce que c’est le seul budget qu’on discute publiquement conformément à la Constitution et aux textes réglementaires. «Qu’en est-il des indemnités des P-DG de banque, celles des différents groupes économiques, des holdings, des ministres qui sont toutes fixées par des décrets non publiables. Croyez-moi, si l’on rendait publique leur montant, il y aurait une révolte populaire», continue-t-il sur sa lancée. Mais la question-clé qui intrigue les citoyens, c’est de savoir combien «vaut» un député en Algérie? Selon les documents officiels obtenus par L’Expression, le député perçoit une indemnité de base estimée à 103.322DA (cent trois mille trois cent vingt-deux dinars), soit 10,3 millions de centimes. Si l’on additionne les 20.000DA versés au titre de l’indemnité complémentaire (ou indemnité de représentation), ainsi que les différents frais remboursés partiellement -la facture du téléphone, la restauration, l’essence-, mensuellement, l’élu de la première chambre parlementaire touche une indemnité nette qui équivaut à 11,6 fois le Salaire national minimal global (Snmg), soit 13 millions de centimes. Elle est évaluée à 13 fois le Snmg pour le député occupant un poste de responsabilité, comme le vice-président de l’APN, le président de commission, le chef de groupe parlementaire. Ces derniers perçoivent exactement 15 millions de centimes. Le vice-président de commission et le rapporteur, eux, perçoivent 14,5 millions. Quant aux présidents de l’Assemblée populaire nationale et du Conseil de la nation, ils ont chacun une indemnité égale à la rémunération prévue pour le chef du gouvernement. «C’est un scandale!», estiment la plupart des députés que nous avons interrogés: «Un cadre dans une société internationale de télécommunications est mieux rémunéré qu’un député!» Eh oui! même les députés crient à la hogra. «Puisque la rémunération du président de l’APN égale celle du chef de l’Exécutif, qu’est-ce qui empêche l’alignement de l’indemnité des députés sur celle des ministres?», s’interroge un député de l’Alliance stratégique. «Nous ne sommes pas des milliardaires. On ne perçoit pas 30 ni 50 millions. Expliquez bien au peuple que les membres de la première chambre parlementaire touchent entre 13 et 15 millions de centimes. Nous n’avons aucun autre avantage.» En fait, le parlementaire bénéficie aussi d’un prêt de véhicule sans intérêt de 100 millions de centimes et d’une indemnité d’hébergement, calculée sur la base d’une location de 63.000DA par mois, soit 75,6 millions de centimes par an. |