Les privatisations ralentissent en Tunisie

Publié le Mardi 13 Mars 2007 à 18:55
En raison de la diminution d’actifs à vendre

jeune-independant.com- Cet état de fait n’a point arrêté le processus de la privatisation en Tunisie, celui-ci continuant sur sa lancée, mais il serait utile de noter qu’il se poursuit cependant à un rythme moins dynamique qu’auparavant, d’après le dernier rapport du bureau d’expertise londonien Oxford Business Group consacré à la Tunisie.

Celui-ci énumère, par ailleurs, les dernières opérations lancées par le pays en question. Vers la mi-janvier dernier, selon la même source, la Direction générale de la privatisation (DGPV), l’autorité de régulation tunisienne, a communiqué sa décision de procéder, sur la base d’un appel d’offres, à la cession des parts de l’Etat qui s’élèvent à 76 % du capital de Magasin Général, acteur public de la grande distribution.
La meilleure offre pour l’acquisition des 44 points de vente de la chaîne bénéficiaire sera rendue publique au troisième trimestre de cette année. Un appel d’offres a également été lancé à l’occasion de la privatisation de la Société anonyme de constructions électromécaniques (SACEM), un fabricant public de transformateurs de distribution électriques et de chauffe-eau électriques et solaires.

Comme pour l’opération de cession de Magasin Général, la Banque d’affaires de Tunisie, qui est devenue un véritable spécialiste en matière de privatisation, a été retenue comme conseiller exclusif pour l’assistance à la réalisation de l’opération de cession de SACEM, note OBG.
Une autre entreprise récemment candidate à la privatisation est Nour El-Aïn Hotel, sous tutelle de la Société touristique Aïn Draham. Situé dans le nord du pays, à proximité des montagnes et des réserves de chasse, cette entreprise devrait susciter un intérêt certain d’ici à la clôture de la réception des dossiers prévue pour la mi-mars.

Les trois phases de la privatisation La Tunisie, qui a été convertie très tôt au processus de privatisation dans la région, a lancé son premier programme en 1987 suite au changement de politique suivi par le gouvernement après des années d’économie centralisée.

Le programme de privatisation se divise en trois phases principales. La première couvre la période de 1987 à 1994, époque où un certain nombre d’entreprises publiques peu rentables ont été vendues, dont une grande majorité opérant dans les secteurs du tourisme, du commerce, de la pêche et de l’agroalimentaire.
La deuxième, couvrant une période de quatre ans à partir de 1994, a vu l’Etat mettre en œuvre les procédures législatives nécessaires pour faciliter la vente d’actifs plus rentables et procéder à des offres publiques de vente et à l’octroi de concessions en bloc, prélude à une intensification du programme de privatisation.
Depuis 1998, début de la troisième phase, la privatisation porte essentiellement sur les grandes entreprises publiques dans des domaines stratégiques aussi variés que l’industrie lourde, les communications, l’énergie, les transports et le détail.

A ce jour, la Tunisie a véritablement réussi son processus de privatisation grâce à la vente de plus de 200 entreprises gouvernementales, opérant dans trois principaux domaines : les services, l’industrie et l’agriculture-pêche, avec notamment quarante-cinq privatisations dans le tourisme, un des secteurs les plus dynamiques de l’économie tunisienne.

En vingt ans, un total de 4,2 milliards de dollars ont été engrangés grâce aux privatisations. 2006, l’année la plus rentable avec 2,37 milliards de dollars Durant la période du 10e plan quinquennal économique, qui avait débuté en 2002, ce sont 47 entreprises publiques qui ont été partiellement ou totalement vendues.
En termes de chiffres, ces résultats n’ont été dépassés que par le plan quinquennal précédent au cours duquel 75 biens d’Etat sont passés à la trappe. Cela étant, pour ce qui est des revenus, l’année 2006 a battu tous les records avec 2,37 milliards de dollars dans les coffres du gouvernement, indique le bureau d’expertise.
Un aspect intéressant du programme de privatisation en Tunisie relève de l’intérêt qu’il suscite auprès des investisseurs étrangers. Sur un total de 4,2 milliards de dollars encaissés à ce jour, 3,7 milliards proviennent d’investissements étrangers.

Le succès de 2006 s’appuie sur la cession, en juillet dernier, de 35 % du capital de Tunisie Télécom à Tecom Dig, filiale de Dubai Holding. La vente représente à elle seule 2,25 milliards de dollars, soit plus de la moitié des recettes du programme et d’une grande partie des investissements directs étrangers.
Un autre exploit est celui de la viabilité continue de la grande majorité des entreprises privatisées. Selon des études menées par la DGPV, la plupart des entreprises et des actifs qui ont été privatisés prospèrent, y compris celles et ceux qui enregistraient des pertes et dont l’Etat s’était séparé au début du programme.
Selon des sondages publics, une majorité d’entreprises privatisées aurait enregistré une plus-value et recruté plus de personnel depuis leur privatisation, démontrant «un bienfait économique continu au lieu de retombées d’un seul coup».

Pour l’Etat, son désengagement n’est pas nécessairement une mauvaise chose. «Bien que le programme de privatisation en Tunisie n’ait pas égalé celui des autres pays de la région en termes de recettes, le processus s’est avéré stable et modéré, plutôt que caractérisé par une vente d’actifs tous azimuts», écrit le bureau d’expertise londonien en guise de conclusion.