La professionnalisation des licences divise l’université |
Publié le Dimanche 19 Juillet 2009 à 21:03 |
Il y a les conservateurs, ceux qui ne jurent que par les humanités : la littérature, la philosophie, l’histoire, et toutes ces sciences qui forgent l’étudiant, renforcent sa culture générale, sa capacité d’analyse, développent son esprit critique, et lui inculquent les règles fondamentales de la citoyenneté. Ces prestigieuses disciplines, dont se prévalent nombre d’écrivains, de philosophes et de penseurs dont les noms resteront gravés à jamais dans les annales de la culture humaine, sont, longtemps, restées indétrônables dans le dispositif d’enseignement supérieur. Elles ont même conféré, de par leur essence, un brin de condescendance à la formation académique, puisqu’elles étaient censées produire les disciples des immortels de la littérature classique ou moderne et de la philosophie, pour ne citer que celles-ci. L’université tunisienne a, depuis des décennies, accordé une place prépondérante aux humanités. Au point que les enseignements étaient scindés grosso mode en deux grands chapitres : le premier comprend les filières scientifiques et à un degré moindre techniques, et le deuxième est dédié aux humanités, dans leur diversité. Des générations entières ont été formées selon ces cursus, et se sont déversées sur le marché de l’emploi, dominé naguère par l’omnipotence du secteur public. Les générations qui ont quitté les bancs de l’université depuis l’aube de l’indépendance jusqu’aux années 80 sont parvenues, avec plus ou moins de difficultés, à intégrer le marché du travail, engagées majoritairement dans la fonction publique ou les filières d’enseignement qui ont résorbé, au fil des ans, des vagues successives de diplômés. L’employeur numéro un, en l’occurrence l’Etat, n’a cessé de s’hypertrophier jusqu’à atteindre la saturation. Plus moyen de s’ouvrir à de nouvelles recrues. Parallèlement, le marché du travail, inscrit dans une dynamique de libéralisation, a subi de profondes mutations. Les capitaux privés, créateurs de richesses et de valeur ajoutée, ont investi de nombreux secteurs d’activité. Révolu le concept de l’Etat - providence qui doit assurer un emploi rétribué pour tous. Au grand dam, des diplômés des sciences humaines, tant bercés par le rêve d’une carrière d’enseignant, de commis d’administration ou autres…Ils se sont trouvés carrément sur la touche, rejetés tant par un secteur public déjà éprouvé par la loi du surnombre, que par un secteur privé qui n’en a cure d’un littéraire hermétique aux concepts modernes du travail. L’université a pourtant continué, pendant des années, à se voiler la face, perpétuant des enseignements qui débouchaient, en ordre général, sur des chômeurs attitrés. Jusqu’à ce qu’un déclic vienne d’ailleurs, la signature en 1999 de la convention de Bologne, donnant le coup d’envoi à un processus de réformes pour la création d’un espace européen de l’enseignement supérieur à l’horizon 2010. La réflexion a germé pour une vaste réforme de l’enseignement supérieur en Tunisie, par l’introduction du système LMD : Licence, Master, Doctorat. Une réforme qui a été généralisée progressivement aux universités, et qui a vu à la fin de cette année sa première promotion de diplômés. Ca y est, la vitesse de croisière est atteinte, et la professionnalisation de l’enseignement supérieur est devenue une réalité palpable. Puisque, à la rentrée prochaine, les filières professionnalisantes ou licences appliquées, auront l’ascendant sur les licences fondamentales, 2/3 pour les premières contre 1/3 pour les secondes. Un virage à 190 degrés qui n’a pas eu l’heur de plaire à tous. Nombreux sont les enseignants qui voient d’un mauvais œil cette professionnalisation outrancière au point que l’université ait l’air, estiment-ils, de se transformer en un vaste centre de formation professionnelle. Ils déplorent que l’université ait renoncé aussi aisément à son rôle fondamental de forger des compétences imbues des valeurs de la citoyenneté. Faux, répondent les instigateurs de la réforme et ceux qui sont dans leur sillage, joignant à l’argument massue de l’employabilité ; l’impératif de se rapprocher des standards internationaux. Un débat qui a tout le mérite d’exister au moment où notre université est à la croisée des chemins, avec un effectif grandissant d’étudiants, de diplômés du supérieur en mal de débouchés, amplifiant, continuellement, la masse des chômeurs. Sauf que ce débat semble escamoter un volet important : le niveau des étudiants qui semble accuser d’année en année un sacré coup. A quoi cela sert-il d’avoir des programmes érudits, si on n’arrive pas à les transmettre, comme il se doit, aux étudiants, en témoigne leur niveau au sortir de l’université. Ceux qui fustigent que les humanités soient sacrifiées sur l’autel de la formation professionnalisante, attestent-ils du bon niveau des diplômés de l’ancien système, s’agissant de la maîtrise des règles linguistiques, de dissertation et d’analyse, qu’ils sont censés avoir accumulé sur les bancs des amphis ? Et les autres ? Ceux qui se croient être sur le bon chemin, jugeant du caractère impérieux de la réforme, ont-ils la certitude que la réforme LMD rejaillira sur la qualité des enseignements, et par ricochet, sur le niveau des étudiants ? C’est là, le nœud gordien qui doit être au centre de toutes les préoccupations et qui doit présider au débat et à la réflexion. H.J.
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Commentaires
Ecrit par Moi 22-07-2009 11:34
Ecrit par Tounsi2 22-07-2009 01:22
l'octroi de titre de professeur universitaire devrait aussi être révisé tous les 5 ans.Ce n'est qu'au bout de trois mandats successifs qu'il pourrait être nommé professeur à vie.
Ecrit par Dilaw 20-07-2009 21:43
La Tunisie n'a ni les moyens humains ni ceux financiers de former 500.000 étudiants. D'ailleurs, l'économie tunisienne ne peut pas absorber autant de diplômés.
Autant alors n'ouvrir l'université qu'aux meilleurs éléments. On pourra ainsi leur offrir une vraie formation de pointe. Les autres pourront bénéficier de vraies formations professionnelles ( ce qu'on est en train de faire en ce moment dans l'université tunisienne).
Appelons donc les choses par leur nom et arrêtons de tromper nos jeunes qui croient qu'ils font l'université alors qu'ils bénéficient de formations au rabais.
Ecrit par Pessimiste 20-07-2009 18:03
Ecrit par anwar 20-07-2009 17:56
mais son application en Tunisie ne va pas reussir :
parce que les université tunisienne n ont pas les moyens materiels et pedagogique necessaire !
les exmens du rattrapage se faite pendant toute la vaccance d été en bretagne alors en tunisie se font en parallèle avec les examens du l année universitaire !
les etudiants en bretagne apprennent au moins une autre metiers en parallèle avec leur etudes dans les univbersité et font mm des stages pendant les vaccances alors en tunisie il y pas ca !
l application du système LMD en tunisie n a pas pris en consederation l identité et les specifité tunisienne !
alors que le ministère d enseignement superieur est parti à la recherche du produit miracle dans des pays comme la corée du sud et le japon pour peut etre trouver un remede magique pour l enseignement en tunisie ..!!!