Ulysse : La pollution s’étend, la Tunisie devra en payer les frais

Publié le Jeudi 01 Novembre 2018 à 12:51
L'Ulysse est en attente au chantier naval de Menzel Bourguiba depuis deux semaines en attendant la fin de l'expertise. L'accident entre le roulier tunisien et le porte-contenaire chipriote le 7 octobre dernier au large du Cap Corse va coûter cher à la Tunisie...très cher.

Le roulier tunisien est stationné au chantier naval de Menzel Bourguiba depuis le 16 octobre dernier. Le navire a été endommagé sur la partie avant et nécessite d’importantes réparations. Mais avant toute opération de réparation, l’Ulysse devra tout d’abord être dépollué des plaques d’hydrocarbures.

Contacté par téléphone, Claude Miguet, PDG de CMR Tunisia Ship Repairs, nous explique.

«Tant que l’enquête est en cours, nous ne pouvons pas toucher au bateau. Mais avant toute opération de réparation, l’Ulysse devra être dépollué de toute trace d’hydrocarbure apparu lors de la collision. Et pour se faire, nous devons travailler en cale sèche pour éviter de polluer le lac de Bizerte. Nous avons proposé un devis pour la dépollution à la CTN, mais il a été jugé trop élevé à cause du fait que nous devons travailler en cale sèche. Pour ma part je ne céderai pas car je ne prendrai aucun risque ». Pour ce qui est des réparations techniques, la CTN devra attendre le passage des experts afin de constater les dégâts en vue du lancement des appels d’offre.

Les plages du sud de la France polluées 
Selon un article publié dans le journal français « Corse Matin » ce jeudi 1er novembre, des galettes d’hydrocarbures auraient été retrouvées sur 37 plages de la région française du Var, mais aussi sur les côtes des Bouches-du-Rhône et notamment à la Ciotat, en plein cœur du parc national des Calanques.

Une catastrophe environnementale qui coûtera cher à la Tunisie. En effet, toujours selon le quotidien corse, le maire de la ville de Ramatuelle a déposé une plainte. De son côté, la préfecture du Var a réalisé des constats d'huissier afin de comptabiliser précisément le montant des dépenses engagées pour ces opérations de dépollution. La Compagnie tunisienne de navigation (CTN) s’est déjà engagée à indemniser le cargo Chypriote pour les dégâts causés, à hauteur de 40 millions de dinars. Ceux-ci auxquels, il faudra ajouter l’indemnisation relative à la pollution maritime provoquée par l’accident.

« Les autorités françaises auraient pu éviter l’accident »
"Les autorités maritimes françaises assument une responsabilité partielle dans l’accident". C’est ce qu’a annoncé mardi à l’ARP, le ministre du transport, Radhouane Ayara.

Cette annonce intervient alors que le rapport de la commission d’enquête mixte est terminé. Rapport qui doit être transmis au gouvernement dans les prochains jours.  Radhouane Ayara a ajouté que les autorités maritimes françaises auraient dû prévoir l’accident. "Elles étaient censées savoir qu'une collision allait se produire entre ses deux bateaux. Or, ils n'ont rien fait pour l'éviter", affirme Ayara.

De nombreuses rumeurs ont circulé sur le fait que personne de l’équipage ne se trouvait à la barre lors de la collision. Une information démentie par le ministre. Il s’appuie sur le rapport qui indiquerait que le capitaine se trouvait bien sur la passerelle au moment de l’accident. 

Le ministre français de l’Ecologie, François De Rugy avait déploré «le comportement anormal du navire tunisien» au lendemain des faits.

Les deux pays se renvoient la balle, s’accusant l’un et l’autre de négligence. Seule la divulgation complète du rapport d’enquête pourra donner une version claire et précise des circonstances de l’accident. Lors de la plénière à l’Assemblée, Radhouane Ayara a également dévoilé que deux procès avaient été intentés à l’encontre des responsables qui conduiront à des sanctions disciplinaires et pénales.

Wissal Ayadi