Entre souverainisme et panafricanisme, le cœur de la Tunisie balance ! |
Publié le Lundi 02 Juillet 2018 à 13:45 |
![]() Des ambassades ont été ainsi ouvertes en 2017 à Ouagadougou (Burkina Faso) et à Nairobi (Kenya), ainsi que des représentations commerciales en Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest. Les autorités promettent le lancement de nouvelles liaisons aériennes pour renforcer les échanges avec les différents pays du continent, comme elles misent sur l’attraction de 20 mille étudiants africains d’ici 2020, à la faveur d’une offre d’enseignement, de formation et de recherche scientifique, à même de répondre aux attentes de la jeunesse africaine. Points de friction autour de la ZLEC Notre pays était aussi parmi les premiers signataires en Mars dernier, à la capitale rwandaise, Kigali, de l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale, qui vise à créer un marché commun de 1,2 milliard d’habitants. La ZLEC devrait prendre effet d’ici 2019, aussitôt ratifiée par 22 pays africains, chose qui n’est pas gagnée d’avance, au vu de nombreux points de friction que suscitent ce projet, notamment pour ce qui est de sa compatibilité avec les accords de partenariat économique, conclus séparément entre pays membres de l’UA et l’Union européenne. Tunis qui a réitéré hier dimanche 1er juillet 2018 à Nouakchott son soutien à la ZLEC, a appelé à tenir compte des spécificités de la relation de chaque pays membre avec l’espace européen. Présente à la 31ème édition du sommet de l’UA, la Tunisie a appelé, par la voix de son ministre des AE, "à ne pas toucher à la souveraineté de chaque pays à déterminer ses relations avec ses partenaires". Or, par définition, un processus d’intégration régionale, quel qu’il soit, requiert de la part des pays qui en font partie, un abandon d’une part de souveraineté, au profit de l’ensemble en devenir. Dans le cas d’espèce, les négociations autour de cet immense marché interafricain, dont l’accord constitutif a été signé par 44 pays sur un total de 55 membres de l’UA, devraient être menées entre l’organisation panafricaine et l’union européenne, et ses résultats auront à engager les deux ensembles. Les accords que l’Europe a toujours négocié ou est en train de négocier distinctement avec les pays africains, sont forcément préjudiciables à ces derniers, vu l’asymétrie et un rapport de forces, à la faveur du vieux continent, comme c’est le cas de l’Accord du libre-échange complet et approfondi (ALECA) en cours de négociation avec la Tunisie, objet de toutes les craintes, notamment pour l’Agriculture et les services, deux secteurs fragiles, jusque-là protégés. Il est aussi de notoriété publique que ces accords sont assortis de conditions politiques, économiques, voire sociétales, qui impliqueraient, d’une manière ou d’une autre, une atteinte à la souveraineté, et à l’indépendance de la décision du pays contractant. Des risques pouvant être réduits à leur plus simple expression, lorsque les négociations sont conduites entre entités, a fortiori que l’Europe a des intérêts colossaux en Afrique, sa principale source nourricière en termes de matières premières, et autres minerais. C’est dire, que l’Afrique aura sur quoi s’appuyer pour imposer des relations qui lui seront, au maximum, profitables, et à même de se substituer, sinon d’être prééminentes par rapport à celles qui prévalent, à ce stade, et qui sont issues d’une démarche bilatérale. Indépendamment de leur histoire et leurs réalités diverses, si les pays du Sud, qu’ils soient africains, maghrébins, ou arabes, n’ont pas pu sortir, après les indépendances, et pendant des décennies, du sous-développement, c’est en grande partie, pour avoir manqué le coche de l’intégration économique et de la complémentarité politique. Cette désarticulation qu’ils portent dans leurs gènes leur fait perdre de précieux points de croissance, et les maintient toujours dans une position de soumission envers les grandes puissances, avec lesquelles ils entretiennent des rapports dominants/ dominés. Des chiffres qui montrent le degré de dépendance de l’Afrique : 50 % du budget de l’UA provient des bailleurs de fonds, et 97 % de ses programmes sont financés par les donateurs. Une réforme est préconisée pour changer cet état de fait, mais la bureaucratie africaine fait que les choses avancent lentement. L’avenir de l’Afrique est pourtant en Afrique, c’est là où tout est à construire et à inventer, et non en Europe qui est secouée par l’une de ses crises les plus aigues, avec la menace agitée tout récemment par l’Italie, l’un des pays fondateurs de l’Europe communautaire, de quitter l’union sur fond de tensions migratoires. Celles-ci constituent l’effet boomerang de la politique européenne en Afrique, dont elle ne s’est jamais souciée du développement, autant que d’une surexploitation frôlant le pillage. C’est ce qui fait, à côté de plusieurs autres facteurs internes au continent, que nonobstant ses immenses richesses, l’Afrique ne réussit pas à décoller, et que ses enfants la fuient pour gagner les rivages du Nord. Gnet
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