L’Appel de Bizerte, pour une économie bleue dans l’espace euro-méditerranéen |
Publié le Lundi 22 Octobre 2018 à 15:16 |
La première édition du Forum de la Mer de Bizerte a clôturé ses travaux dimanche 21 octobre après deux jours de débats riches et intenses sur l’économie bleue. A l’issue de cet événement, a été lancé «L’appel de Bizerte», un plaidoyer pour une économie bleue durable de l’espace euro-méditerranéen. La première édition du Forum méditerranéen sur l’économie bleue a été organisée par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), en partenariat avec les autorités locales de Bizerte ainsi que l’Union pour la Méditerranée (UPM), l’Union européenne, l’ambassade de France en Tunisie. Personnalités, experts et spécialistes tunisiens et étrangers se sont donnés rendez-vous afin d’évoquer les possibilités de développement économique du secteur maritime dans la région. Il était question notamment de protection de l’environnement et de la gestion des ressources de la mer et des océans. Dans le cadre de ce forum, l’ITES a déjà élaboré les grandes lignes d’une stratégie élargie pour repenser le modèle de développement, en comptant notamment sur les ressources du pays. Néji Jelloul, Directeur général de l’Institut répond aux questions de Gnet. «Il faut donner à la Tunisie sa place en tant que pays maritime et lui redonner ce qu’elle a donné à l’humanité tout au long de son histoire. Les Tunisiens tournent aujourd’hui le dos à la mer. Les huit ports de plaisance sont vieux et démodés, il n’y aujourd’hui aucun port en eaux profondes, pas de flotte marchande, la production halieutique est indécente (200.000 tonnes par an), ce qui pousse la Tunisie à importer du poisson. Il est temps de renverser la vapeur. Il faut profiter de notre position géographique qui est exceptionnelle. » La Tunisie a 3000 ans d’histoire maritime. Si la cité de Carthage a pu voir le jour, c’est grâce à sa position géographique et géopolitique qui lui a permis de rayonner dans le commerce mondial. Ainsi, la mer pourrait constituer un levier exceptionnel pour la croissance du pays. L’économie bleue durable c’est l’équilibre entre développement économique, croissance et protection de l’environnement. "La mer c’est l‘ouverture vers le monde. Et pourtant la Tunisie est en train de se refermer sur elle même et cela ne lui ressemble pas. L’économie bleue permet la création de beaucoup d’emplois, car la variété des activités maritimes en Tunisie est très importante, a-t-il dit, faisant part de sa volonté de créer des centres de formation dédiés à cette économie de la mer. « Nous travaillons déjà sur deux idées et deux autres sont en gestation à Bizerte et à Kerkenna. Il y a déjà un centre à Zarzis qui va démarrer ses activités au mois de février", a déclaré le ministre de l'Emploi, Faouzi Abderrahmane. Aujourd’hui, 90% du transport mondial passe par la mer. La méditerranée représente 25% de ce commerce mondial. Près de deux Tunisiens sur trois vivent sur le littoral sur une bande de 50km du bord de mer. Et cela tend à s’amplifier. Olivier Poivre d’Arvor, Ambassadeur de France en Tunisie se confie à Gnet. « On constate beaucoup de constructions anarchiques, de plus en plus d’infrastructures hôtelières qui abîment les côtes. Il y a donc un travail à faire sur l’aménagement du territoire afin de sauvegarder au mieux le littoral des dangers de la bétonisation ». En effet, le secteur touristique est le principal vecteur de croissance du pays. Mais ce tourisme dit de « masse » a des conséquences sur le long terme. Pollution marine, rejet des eaux usées, érosion des côtes, le littoral tunisien suffoque. « Il faut une prise de conscience collective, à la fois des pouvoirs publics, du secteur privé et de la société civile. Le but serait d’avoir une économie verte dans un monde bleue », nous confie Riadh Mouakher, Ministre de l’Environnement. La clôture du forum a donné naissance à l’appel de Bizerte. Celui-ci vise le lancement de grands projets de coopération euro-méditerranéens dans divers domaines tels que le développement, la sécurité, l’émigration, l’environnement. Ce forum se veut être un événement incontournable au niveau mondial. Comme, à Davos on pense l’économie, comme à Cannes, on pense le cinéma, l’ambition serait qu’à Bizerte on pense l’économie bleue. Wissal Ayadi
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