Textile-habillement- La mode a de beaux jours devant elle

Publié le Vendredi 19 Février 2010 à 11:21
altLa Tunisie est le 5ème plus gros fournisseur de l’Union européenne en textile-habillement. Fort heureusement, après la crise de 2009, nous avons su garder ce rang, mais non sans dégâts. Les exportations vers le vieux continent ont bien évidemment baissé. Dalila Ben Yahia, Directrice du Cettex  parle d’un premier semestre 2009 «catastrophique » avec une baisse des exportations des produits de confection de 11.28% par rapport à l’année 2008. Le pantalon étant le plus touché par la crise, son exportation a baissé de 20 % en volume et 13 % en valeur.

En préparation du Salon du textile-habillement TexMed 2010 qui se tiendra à Tunis du 16 au 18 juin 2010,  un séminaire sur la conjoncture et les perspectives du secteur a été organisé hier (Jeudi) au siège de l’Union Tunisienne de l’industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA).
Ont été présents, les représentants de la Maison de l’exportateur avec la participation du Centre de Promotion des Exportation, le Centre Technique du Textile (CETTEX) , la Fédération Nationale du Textile (FENATEX) et plusieurs membres de l’Institut Français de la Mode (IFM).

Parce que l’année 2009 a été une année noire pour plusieurs professionnels du textile à travers le monde, la rencontre  a voulu faire le point sur les séquelles de la crise et des perspectives du secteur à travers le monde et en Tunisie, en particulier. Il n’est plus un secret que plusieurs industriels tunisiens ont effleuré la faillite. La raison est simple : le consommateur final, subissant les effets de la crise, a baissé sa consommation, les donneurs d’ordre ont préféré le déstockage plutôt que le réapprovisionnement. Ils ont, encore, préféré garder leur marge en s’approvisionnant à moindre coût. Celui qui en a le plus souffert est l’industriel. Certains géants de la distribution ont également trinqué. Mais comme pour toute crise, il y a des opportunités qui se sont présentées à certains. Dominique Jaquomet, directeur général de l‘lFM, constate que suite à la crise économique de l’année dernière, les pays émergents sont ceux qui ont su le plus résister : «  il y a eu une récession mais pas de dépression, et l’Europe a été plus touchée que les Etats-Unis. La locomotive pour cette sortie de crise seront les pays émergeants », déclare-t-il. Avec un Euro très élevé et un Yuan très bas, la Chine a de beaux jours devant elle. Comme l’Inde, elle a su tirer profit de ses produits bon marché pour inonder les marchés occidentaux.

Selon les dernières statistiques effectuées en 2009, 32% des Français disent avoir réduit leurs dépenses en réponse à la crise, alors que 33% disent vouloir se faire plaisir avant tout. Gildas Minvielle, responsable de l’observatoire économique de l’IFM affirme que la consommation est en crise mais il n’y a pas de crise de consommation. C'est-à-dire que les consommateurs continuent à acheter mais en faisant plus attention à la qualité de leurs achats, et au prix. Les soldes saisonniers et conjoncturels qui ont eu lieu l’année dernière ont profité aux bourses attaquées par la crise : «  en effet, la nouveauté fait vendre quelque soit la conjoncture », c’est pour quoi les professionnels de l’IFM ont insisté sur l’aspect innovation et créativité pour sauver le secteur du textile. Selon Evelyne Chaballier, Directrice des Etudes économiques et prospectives à l’IFM : « Le consommateur demeure malgré tout très sensible à la mode et aux nouvelles tendances ».  Une autre variable le touche de près. Elle qui ne s’appliquerait probablement pas au cas du consommateur tunisien, il s’agit de la provenance du produit, un critère qui importe de plus au plus au consommateur européen. « Les conditions dans lesquelles a été confectionné l’article, les procédés techniques et les matériaux sont le souci du consommateur européen qui s’inquiète du devenir de la terre et des conditions de travail des ouvriers des pays émergents», explique Dominique Jacomet, pour parler du tournant que prendra l’industrie du textile dans le monde.

La Chine est d’ailleurs montée en gamme, et ce en améliorant les conditions de travail de ses ouvriers et en améliorant leurs paies. « Et tous les industriels du textile n’auront de choix que d’améliorer la qualité de leur production tout en respectant la nature et les conditions de travail de sa main d’œuvre » ajoute Gildas Minvielle. D’ailleurs, bien que la Tunisie soit plus chère que ses concurrents du bassin méditerranéen, elle reste le deuxième fournisseur de France en Textile-habillement, après la Chine. Les produits confectionnés en Tunisie étant de meilleure qualité que ceux de ses concurrents directs comme le Maroc ou la Turquie.

Le secteur du textile étant le premier secteur manufacturier en Tunisie employant 40 % de la main d’œuvre industrielle, l’Etat crée un Pôle de compétitivité à Al Fajja (gouvernorat de la Manouba) comprenant un laboratoire de recherches, un guichet unique, des espaces d’exposition et offrant de l’accompagnement aux industriels.  La Tunisie a également lancé une campagne promotionnelle au début de l’année 2009, qui consiste à faire participer le plus de professionnels tunisiens aux différentes manifestations internationales portant sur le textile-habillement. Il y en a eu 7 en 2008, en 2009 les manifestations auxquelles à participé la Tunisie ont été au nombre de 14.

Afif Chalbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie, qui a clôturé les travaux du séminaire a annoncé le démarrage en ce février 2010 d’ un parcours modulaire qualifiant (PMQ) pour le métier chef de produit à l’école de la mode et en partenariat avec Mod’Spé Paris.
Chiraz Kefi