Tunisie : La crédibilité des médias passe par la transparence de leur financement

Publié le Mercredi 24 Octobre 2018 à 16:36
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) en collaboration avec l’Instance de lutte contre la corruption (INLUCC) a organisé ce mercredi un séminaire sur la transparence des médias dans la vie publique. Selon, un récent sondage 25% des Tunisiens n’ont pas confiance dans les médias.

Le SNJT, l’INLUCC et la Ligue des instances publiques indépendantes ont décidé de placer cette année 2018/2019 sous le signe de la transparence dans la vie publique. En effet, l’année prochaine sera une année politique par excellence avec l’organisation des élections législatives et présidentielles. D’autant que le rôle des médias dans la transition démocratique que connait actuellement le pays est important.


 
Neji Bghouri, Président du SNJT répond aux questions de Gnet. « Le rôle des médias dans cette transition démocratique dépend de leur indépendance et leur  transparence. Il a y beaucoup de médias qui existent mais on ne sait pas d’où provient exactement leur financement. Je pense notamment à des chaînes comme El Janoubia, Tounesna, Elhiwar Ettounsi, Nessma ou encore Hannnibal. Lorsque l’on s’adresse à la Banque Centrale en tant que journaliste  ou comme instance dé régulation, pour demander les sources de financement de ces médias, on est confronté à un refus systématique, alors qu’il y a une loi qui donne droit à l’accès à l’information».

En effet, le manque de transparence au niveau des financements de certains médias porte atteinte à leur crédibilité et empêche la Tunisie de disposer d’un paysage médiatique sain et favorable au débat démocratique.

« Ces chaines changent leur ligne éditoriale suivant le contexte politique. Ceci nous laisse croire fortement qu’il y a des partis politiques et des lobbys qui les financent», ajoute-t-il. 

Le SNJT exhorte les instances de contrôle financier et les pouvoirs publics à jouer leur rôle pour garantir la transparence des financements afin de préserver un climat favorable à la démocratie et appuyer la transition démocratique.

Pour l’INLUCC, ces initiatives ont un but simple, faire en sorte que les Tunisiens reprennent confiance aussi bien dans les médias que dans la vie politique, il est clair que les deux sont liés.
En effet, les médias ont un rôle essentiel pour assurer cette transparence mais ils doivent d’abord s’inscrire eux-mêmes dans cette démarche pour asseoir leur crédibilité.

Chawki Tabib et Neji Bghouri


« Nous souhaitons épargner à notre pays ce que nous avons vécu pendant les élections de 2011 et 2014. Même si elles se sont passées dans une ambiance saine et démocratique, il y a eu plusieurs abus et plusieurs affaires notamment en ce qui concerne le financement des campagnes électorales, des partis politiques et de certains candidats » nous confie Chawki Tabib, Président de l’INLUCC.

Depuis le 16 octobre dernier, l’INLUCC s’attèle à recevoir les déclarations de patrimoine, en vertu  de l’article 50 de la loi sur la déclaration de patrimoine, la lutte contre le conflit d’intérêt et l’enrichissement illicite dans le secteur public. Cette loi touche 350.000 personnes dont les journalistes. « Nous sommes favorables à la loi concernant la déclaration de patrimoine. Nous devons être transparents pour lutter contre la corruption », nous dit Neji Bghouri, annonçant  qu’une journée spéciale allait être organisée pour les journalistes afin de les inciter à déposer leur déclaration ».

Chawki Tabib a de son côté annoncé que d’ores et déjà une centaine de personnes s’étaient rendus dans les locaux de l’INLUCC afin de procéder à leur déclaration. A noter qu’une plateforme dédiée en ligne est sur le point d’être mise en place afin de faciliter la procédure.

Wissal Ayadi