Laâridh à Bruxelles : La Tunisie, "une province européenne", dites-vous ? |
Publié le Mercredi 26 Juin 2013 à 11:13 |
![]() Le ministre a eu le sentiment que la Tunisie est une "province européenne", pour paraphraser sa déclaration à Shems, au regard de la nature et la quantité des questions posées par les eurodéputés au locataire de la Kasbah. Quand bien même le ministre était étonné, l’ingérence de l’Europe dans les affaires intérieures de la Tunisie constitue hélas une réalité amère acceptée par tous. Ali Laâridh a été reçu à Bruxelles par les hauts responsables européens, à l’instar de Jose Manuel Barroso, président de la commission européenne, Herman Van Rompuy, président du conseil européen et Catherine Ashton, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. Ses hôtes européens lui ont servi le sempiternel discours du caractère "privilégié et profond", des relations euro-tunisiennes, et du "soutien constant" de l’UE à la transition démocratique en Tunisie. Tout cela est bien beau, et tout le monde est content. Là, où le chef du gouvernement a été soumis au grand oral, c’était devant la commission des Affaires étrangères du parlement européen. Laâridh devait rendre des comptes aux eurodéputés sur l’évolution de la situation en Tunisie, l’état des libertés, des droits de l’Homme, le processus politique, la constitution, la situation économique, sociale, la réforme du dispositif de justice, la date des élections, etc. En définitive, il semblait réussir son examen de passage, puisque l’Union européenne a consenti d’appuyer la Tunisie au titre de l’année 2013 d’une enveloppe de 40 millions d’euros, après que la délégation tunisienne ait assisté à l'interrogatoire du parlement européen. Cela s’appelle une aide conditionnée, qui sous-tend ingérence. Cette situation sera de mise tant que la Tunisie reste dans cette posture de dépendance vis-à-vis de l’Europe et des autres puissances, et tant que son économie demeure liée à l’endettement et à l’assistance extérieure. Tant que les puissances occidentales nous maintiennent sous leur coupe, elles ne s’embarrasseront pas à s’immiscer dans nos affaires, et à nous donner des directives et des injonctions, et nous n’avons qu’à courber l’échine. A défaut, ils nous couperaient les vivres, et mettraient notre économie à genoux. Othman Jarandi, ministre des Affaires étrangères, a déclaré aux médias que le dialogue entre Ali Laâridh et les responsables européens était transparent et ordinaire, et reconnait le droit des eurodéputés d’être au courant de ce qui se passe en Tunisie. Cette parole diplomatique ne change en rien à la réalité. Nos relations avec l’Europe, notre premier partenaire économique, procèdent de la logique dominant/dominé, et nous sommes bien loin des rapports d’égal à égal, supposés prévaloir entre Etats souverains. Il est une vérité triste à dire, l’Europe nous fait manger, car nous sommes un pays sous-développé. Cette situation n’est pas une fatalité, et peut ne pas durer ad Vitam aeternam, si on prend notre destin en main. Quand on aura à compter sur nos propres moyens, à avoir une économie indépendante, financée par des ressources propres ; quand on aura atteint notre sécurité alimentaire, quand on aura développé un tissu industriel, etc., l’Etat tunisien pourrait, le cas échéant, remettre l’Europe à sa place, lorsqu’elle se mêle de ce qui ne la regarde pas. Mais en l’état actuel, on ne peut que se résigner la mort dans l’âme au diktat des puissances mondiales. Quant à notre dignité que l’on a cru reconquérir un certain 14 janvier 2011, elle nous échappe encore… Quel gâchis ! H.J.
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Commentaires
Ecrit par Tunisien dégouté 26-06-2013 12:38