La chute de la Maison Ben Ali, racontée par Leïla Trabelsi |
Publié le Jeudi 21 Juin 2012 à 16:19 |
![]() Dix-sept mois après la première révolution arabe, la femme la plus honnie de Tunisie, réputée cupide et avide de pouvoir, juge dans un livre, Ma vérité (éditions du Moment) que les événements qui ont conduit à la chute de l'ancien régime sont le fruit d'un "coup d'Etat planifié". Elle le fait en s'exposant chaussée de ses inévitables lunettes de soleil, mais voilée. Voilée, Leïla Ben Ali le restera d'ailleurs tout au long des entretiens menés de janvier à mai sur le site Skype par le journaliste Yves Derai, contacté par des intermédiaires tunisiens anonymes pour recueillir ce témoignage. C'est la "nouvelle" Leïla qui parle, et non l'ancien dirigeant tunisien, qui n'apparaîtra sur l'écran aux yeux du journaliste qu'une seule fois, "pour saluer", apparemment en pleine forme. Ce fameux 14 janvier 2011, date de la fuite précipitée du couple en Arabie saoudite, celle qui fut surnommée la "Régente de Carthage", s'éveille dans sa maison de Sidi Bou Saïd vaguement inquiète de voir affluer chez elle les membres de sa famille apeurés par la vague de contestations qui secoue de plus en plus fort le pays. Par téléphone, son mari lui suggère d'aller accomplir une omra (petit pèlerinage) à la Mecque en compagnie de deux de leurs enfants, "le temps que la situation revienne à la normale (...) dans trois ou quatre jours". Quand elle rejoint le président en début d'après-midi, Leïla Ben Ali trouve un palais de Carthage sans "le moindre gardien devant la demeure officielle, pas l'ombre d'une sentinelle, les portes ouvertes aux quatre vents". A l'intérieur, Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle, "déroule son scénario de fin du monde". L'homme de la sécurité le plus puissant de Tunisie, récemment acquitté par un tribunal militaire dans l'enquête sur les jeunes tués par balles à Kasserine et Thala pendant la révolution, presse le couple de rejoindre l'aéroport militaire de l'Aouina et pousse Zine El-Abidine Ben Ali à monter à bord. "Sans l'insistance de Seriati, le président ne serait jamais monté dans l'avion", affirme Leïla Trabelsi, qui s'interroge sur le rôle joué alors par le chef de la garde présidentielle. Comme Ali Seriati le dira plus tard devant les juges, elle évoque elle aussi les rumeurs alarmantes de putsch propagées depuis Paris par un "conseiller de l'Elysée" et par le directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini. Interrogé par Le Monde en avril 2011, ce dernier avait démenti. Mais pour Leïla Ben Ali, il y a bien eu complot, des "mains secrètes", qui auraient fomenté les troubles. "Parmi les signes qui auraient dû inquiéter le président : le nombre inhabituel de stages proposés par certains pays étrangers à de jeunes tunisiens dans des laboratoires où ils ont appris l'usage des blogs." Manque de preuves, ou prudence ? Elle ne va pas jusqu'au bout de son accusation, mais elle laisse clairement entendre que l'armée tunisienne serait responsable de la chute du régime. Lire la suite sur leMonde.fr |
Commentaires
Ecrit par SDF 23-06-2012 18:57
Ecrit par Montygolikely 23-06-2012 12:20