Le berbère promu en langue officielle en Algérie

Publié le Jeudi 07 Janvier 2016 à 10:26
France 24 & APS - Deux points essentiels ressortent du nouveau texte attendu depuis 2013 : la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats et l’inscription officielle du tamazight, la langue berbère parlée par des millions d’Algériens, comme langue nationale et officielle. Le  projet, qui comprend un volet économique et social, consacre le principe des libertés, y compris celle de manifester "pacifiquement".

Les grandes lignes de l’avant-projet de révision de la Constitution algérienne, qui devra être adoptée par voie parlementaire dans les prochaines semaines, ont été dévoilées mardi 5 janvier, par le directeur du cabinet de la présidence, le ministre d’État Ahmed Ouyahia, au cours d’une conférence de presse à Alger.

Deux points essentiels ressortent du nouveau texte attendu depuis 2013 : la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats et l’inscription officielle du tamazight, la langue berbère parlée par des millions d’Algériens, comme langue nationale et officielle. Le  projet, qui comprend un volet économique et social, consacre le principe des libertés, y compris celle de manifester "pacifiquement".

Concrètement, le principe de la limitation des mandats présidentiels à deux exercices est réintroduit. "La durée du mandat présidentiel est de cinq ans "et "le président de la République est rééligible une seule fois", selon le texte, qui précise que désormais cette mesure phare sera à l’avenir impossible à réviser.

En novembre 2008, le Parlement avait adopté une réforme constitutionnelle qui supprimait cette limitation afin de permettre au président Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat en 2009, puis un quatrième en 2014.

La nouvelle Constitution, qui impose des consultations avec le Parlement pour la nomination du Premier ministre, entend renforcer le rôle de l'opposition parlementaire en lui permettant notamment la saisine du Conseil constitutionnel sur les lois votées par les élus (…).

En outre, le texte prévoit une mesure forte et très attendue, celle de reconnaître le tamazight, la langue berbère, comme langue officielle, alors que jusqu’ici, elle avait seulement le statut de langue nationale.

L'officialisation de Tamazight, annoncée est une "reconnaissance" de "l'identité" algérienne, ont affirmé mercredi des chercheurs-universitaires, insistant sur l'impératif de la prise en charge de la future académie par des "spécialistes" de renom.

"C'est une décision qui s'inscrit dans le bon sens, celui de la démocratie linguistique et de la reconnaissance linguistique. C'est également une reconnaissance de l'Algérie et de l'Algérianité", a déclaré à l'APS, Abderrezak Dourari, Professeur des sciences du langage à l'Université d'Alger II et aussi Directeur du Centre de Tamazight, relevant du ministère de l'Education nationale.

Cette officialisation aura des conséquences "très positives sur l'apaisement de l'ensemble des obsessions identitaires qui ont accompagné l'histoire récente de l'Algérie, depuis les années 30 du siècle dernier", a ajouté le spécialiste.

Cet apaisement, a-t-il poursuivi, devra permettre à la société algérienne de se consacrer à des défis "très importants" liés au développement économique, scientifique, au savoir etc.

M. Dourari analyse la question de deux points de vue, le premier étant liée à la "symbolique" et au "politique", ce qui signifie, explicite-t-il, que "l'Etat s'est conformé avec son identité historique, qu'il a mis un point final au conflit historique et culturel qui a accompagné son indépendance. Ce qui signifie nécessairement, une meilleure adhésion de la société à son Etat".

L'autre lecture qu'impose, à ses yeux, cette reconnaissance est d'ordre "pragmatique", à travers la mise sur pied d'une académie dédiée à Tamazight et qui, selon lui, permettra "précisément de donner les instruments conceptuels à cette langue pour intégrer progressivement les domaines formels ou officiels".

"On espère que sa mise en place se fera sur la base d'une conception sereine, objective et fondamentalement scientifique, c'est à dire un collège d'experts et ce, dans l'intérêt de l'unité de la nation," a-t-il observé, avant de conclure: "C'est une manière de récompenser les efforts de tous les intellectuels et militants de la cause berbère".

 

Commentaires 

 
+1 #1 Bien
Ecrit par Royaliste     07-01-2016 17:13
et en Tunisie?
jusqu'a quand on va continuer a museler les minorités?
 
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