Nicolas Sarkozy, Israël et les Arabes

Publié le Mardi 17 Juin 2008 à 18:53
A une semaine de son accession à la présidence de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy se rend le 22 juin dans son pays de prédilection, le lieu de formulation du discours fondateur de sa doctrine, la plate-forme de sa campagne électorale, le tremplin de sa trajectoire présidentielle, le point fixe de son parcours politique avec les Etats Unis d’Amérique.
Par René Naba

Un pays qu’il n’a cessé de magnifier et de glorifier à chaque étape de sa conquête du pouvoir, y faisant référence jusques y compris dans les périodes les plus désastreuses pour son image, comme lors de sa guerre de destruction du Liban, en juillet-août 2006, missionnant au plus fort du conflit, dans une démarche de provocation, un réserviste de son armée, sollicitant l’avis exclusif de son ministre de la sécurité Avi Dechter pour la répression du soulèvement de la périphérie urbaine de l’Automne 2005 en France, dans une transposition symbolique du conflit israélo-palestinien sur le territoire national, se livrant enfin, périodiquement, à des incantations des «Murmures de Yad Vachem» au « Miracle du XX me siècle», au point que cet atlantiste résolu est apparu, au delà de l’attente de ses plus empressés courtisans, ses commensaux habituels des coteries du parisianisme calfeutré, comme un philosioniste exacerbé par le néo-conservatisme américain.

Ce pays…. c’est Israël qui a célébré, le 14 mai 2008, le 60 me anniversaire de sa déclaration unilatérale d’Indépendance, dont il a voulu que la France réserve à son président la première visite d’Etat de son mandat.

Le premier président français de «sang mêlé», tel qu’il se revendique, est sans la moindre contestation possible le plus pro-israélien des chefs d’Etat de l’Histoire de France, le plus honni aussi des dirigeants français au sein de l’opinion arabe depuis Guy Mollet, l’ancien premier ministre socialiste de sinistre mémoire, l’ordonnateur via son proconsul Robert Lacoste des ratonnades d’Alger, le maître d’œuvre de l’expédition de Suez, en 1956, l’agression tripartite franco-anglo-israélienne contre Nasser, le chef charismatique du nationalisme arabe. Triste record peu enviable dont il aurait pu s’en dispenser, qu’il s’est appliqué néanmoins à gommer lorsqu’il en a pris conscience, en abritant la conférence de réconciliation interlibanaise à la Celle Saint Cloud (Juillet 2007) et la conférence des pays donateurs du futur Etat palestinien (Décembre 2007), renouant des relations avec la Syrie, ostracisée par la cécité proharirienne de son prédécesseur, entreprenant au pas de charge en un temps record des voyages officiels dans onze pays arabes, un nombre équivalent à la moitié des états membres de la Ligue arabe. Un record jamais égalé par aucun de ses prédécesseurs.

Jamais président français n’a manifesté autant d’empressement auprès des pays arabes (3), jamais pourtant président français n’a suscité autant d’aigreurs auprès des Arabes. Significative de cet état d’esprit est sa prestation devant le conseil consultatif saoudien le 12 janvier dernier. Confondant sans doute le Conseil consultatif et l’Assemblée des Oulémas, sa dissertation sur le thème des religions a été accueillie dans une indifférence polie, alors que les Saoudiens s’attendaient à des clarifications sur la politique du nouveau président du premier pays musulman d’Europe occidentale par son importance numérique, qui fait de l’Islam la deuxième religion de France.

Plusieurs parlementaires saoudiens, selon certains témoignages, n’auraient même pas daigné mettre les écouteurs de traduction pour saisir la portée de la parole présidentielle. L’orateur français s’en est-il au moins rendu compte ? Pas évident tant il était emporté par sa fougue prédicatrice. Son entourage a-t-il eu la possibilité de l’alerter sur cette dérive ? Pas évident non plus tant il est tétanisé par la nouvelle «égocratie» présidentielle. Imagine-t-on chef d’Etat d’un pays musulman tenir pareil discours théologique devant la représentation nationale française? A-t-on un instant imaginé le tollé que le prédicateur islamique imprudent aurait suscité en France devant une telle entorse aux usages?

Que l’on ne s’y méprenne pas.L’animosité particulière dont gratifient les Arabes Nicolas Sarkozy tient non à ses inclinaisons politiques et affectives, mais à sa propension à l’outrage. Ses prédécesseurs pratiquaient une politique duale, une politique d’ouverture à l’égard des marchés arabes, sur le plan international, une politique de fermeture, sur le plan domestique, à l’encontre de la composante de la population issue de l’immigration. Nicolas Sarkozy se distinguera de cette duplicité par une stigmatisation permanente unilatérale et continue de l’altérité: Karcher, Racaille, égorgeant «des moutons dans les baignoires» resteront à jamais graver dans les mémoires comme la face hideuse d’une xénophobie institutionnelle véhiculée au plus haut niveau de l’Etat par un homme en charge de symboliser la concorde nationale. Le malaise est patent, le mal irrémédiable, l’activisme présidentiel inopérant quand bien même il est enrobé d’une diplomatie nucléaire.

Que l’on ne s’y méprenne pas là non plus. L’anti-sarkozysme des Arabes n’est pas symétrique de son inconditionnalité pro-israélienne. D’autres dirigeants occidentaux ont affiché un appui plus marqué dans leur soutien à Israël que ne l’est le nouveau Président français, sans susciter autant de pulsions révulsives à l’encontre de leur personne. C’est George Bush, sans doute le plus haï des Présidents américains dans le Monde arabe qui aura été le premier dirigeant occidental à se rendre en Palestine, le premier à qualifier d’«occupation» la présence israélienne et de «colonies» les implantations israéliennes dans les territoires palestiniens, sans s’encombrer de préoccupations oratoires.

George Bush et non Nicolas Sarkozy, balbutiant au Caire, fin décembre 2007, les premières syllabes du mot colonie avant de se raviser pour mentionner le terme inexpressif d’«implantation». Pour le champion du parler vrai, il est des prudences qui retentissent comme des reniements ou plutôt comme des révélations.

Nicolas Sarkozy l’avoue lui-même et ne cache ni son «incompréhension» ni son «indifférence» à l’égard de l’«univers» arabe qu’il «connaît si mal» qui lui est «étranger» (4), allant même jusqu’à récuser le terme de «politique arabe». Un «non-sens», (…) «ce monde n'est pas unique». «Nous devons concevoir et mettre en oeuvre une politique adaptée à chacune des régions de ce monde et ne pas nous laisser aveugler par une unité qui n'est que virtuelle», écrivait-il en 2001 alors qu’il avait déjà exercé des responsabilités gouvernementales, notamment au Budget sous le gouvernement de M. Edouard Balladur en 1993-1995, et qu’il était donc supposé être averti du concours financier des Fonds souverains arabes au maintien de la compétitivité des entreprises françaises au 7me rang de l’économie mondiale.

Belle illustration de l’européo-centrisme de cet habitant du «ghetto du gotha» de la ville cossu de Neuilly, concentré de toutes les droites françaises, qui s’échine à édifier une Union européenne et qui dénie dans le même temps aux Arabes de réaliser leur Unité, alors qu’il existe davantage de similitudes et de convergences culturelles, spirituelles et linguistiques entre les 20 pays membres de la ligue arabe qu’entre les 27 membres de l’ensemble européen, davantage de division entre Flamands et Wallons, «Vieille Europe» et «Nouvelle Europe» Catholiques, et Protestants en Irlande du Nord notamment, Anglophones et Francophones, davantage de division donc entre douanier corse, pêcheur maltais et plombier polonais qu’entre Chrétiens et Musulmans arabes, Sunnites et Chiites, habitants du Machreq ou du Maghreb, autant de virtualités que de ferments d’unité au Nord et au Sud de la Méditerranée. Un texte qui témoigne à tout le moins d’une ignorance déplorable des réalités géostratégiques, qui révèle une posture fondée, non sur une vision prospective, mais sur les présupposés idéologiques d’un être compulsif animé d’une pensée convulsive.

L’outrage habite cet homme-là, interdit de séjour dans la périphérie urbaine de la France, un comble pour un chef d’Etat sécuritaire. L’outrage l’habite non par défaut de jeunesse mais par marque de fabrique, qui n’a cessé tout au long de sa campagne électorale et même au-delà, de stigmatiser répétitivement, dans une sorte de gratuité jubilatoire, la composante bariolée de la société française...

 

Commentaires

 
#5 pas important!
Ecrit par Répondre au francais en tunisi     18-06-2008 13:09
Comment des français vont jusqu'à élire un sioniste à la tête de son gouvernement??
Ils ont accaparé meme la France à son plus haut degré c'est désolant de la part des Francais qui ont voté pour lui.

Je dirais qu'ils ont été duppés.
Il est trop fort ce sarko.
Ils sont trop forts ces sionistes.

Mais ou sont ils les vrais Francais??Les vrais de vrais???
Il est la pour mener la France à son déluge.
C'est l'ambition de tout sioniste(un jour ou l'autre ils se vangeront de tous les peulples qui leurs ont du mal).
Ils se sont emparés des postes les plus importants y compris les médias: toutes ou presque les chaines télés Francaises sont juives TF1,FR2,M6...Vous vous rendez compte???(D'ailleurs cela fait qq années que je ne regarde plus la télé :il n'ya rien a voir des emissions bidons de télé réalités ,aucun documentaire instructif ,s'il y en a un c'est sur la choa,2ème guerre mondiale,.Il manque pas un momment pour rappeler au monde qu'ils sont encore et encore et toujours victime du montre qu'est l'occident.
J'ai une culture Française j'aime la France ,mais pas son président.
 
 
#4 Provocation gratuite ??
Ecrit par Français en Tunisie     18-06-2008 11:09
Des deux côtés de la méditerrannée, l'écrasante majorité des Tunisiens en France et des Français en Tunisie ne cessent de vouloir rapprocher nos deux pays amis qui partagent une histoire séculaire (avec ses heures de gloire tout comme avec ses pages sombres).

Un tel déversement de haine sur le Président Français élu ne peut que faire croire aux esprits les plus maléables que les Français sont à détester.
 
 
#3 On le dit pragmatique. Oui maisla haine
Ecrit par Pragmatique     18-06-2008 11:08
Oui, il est très pragmatique. Ses amis sont ceux qui serviront ses ambitions, qui passent par sa réussite auprès des français : économie, pouvoir d'achat, sécurité, c'est à dire sa remonté dans les sondage. Ses amis ce sont ceux avec qui il sigrera des contrats pour la France. Des amis de circonstance, sans aucun état d'âme. Mais son coeur lui, il est pour ses origines et Israel.
 
 
#2 signature
Ecrit par LUISEUL     18-06-2008 01:01
peut on connaitre le signataire de cet article?
 
 
#1 excellent article
Ecrit par antisio     17-06-2008 22:22
voici la verite sur ce president qu'on acceuillait comme ami dans notre pays alors qu'il nous meprise du fond de son ame de sioniste sans compassion pour les arabes ,les palestiniens et surtout tous les musulmans dignes et fiers de l'etre(sauf les traitres sont ses amis)..lui qui connait bien la traitrise souvenez vous de chirac en 1994...
 
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