Rachida Dati : ce que je subis est sans précédent

Publié le Lundi 26 Novembre 2007 à 12:08
20minutes- La ministre de la justice a reçu le Bondy Blog dans son bureau de la Place Vendôme. Relations avec le président de la République et l'UMP, rumeurs sur ses diplômes, carte judiciaire, plan pour les banlieues, ouverture des professions de la justice aux quartiers populaires: la garde des sceaux s'exprime sur l'ensemble de ces dossiers

Dans quel état d’esprit êtes-vous sept mois après votre nomination au poste de ministre de la justice ?

J’ai considéré, quand le président de la République m’a nommée garde des sceaux, que non seulement c’était un immense honneur qu’il me faisait mais aussi une immense responsabilité qu’il me confiait. Un honneur, parce que c’était aussi de sa part une volonté forte de démontrer que ce gouvernement est peut-être plus à l’image de la société que les précédents. Une responsabilité ensuite, parce que, sur les dossiers que je porte et les réformes que j’engage, j’ai une obligation de résultats, d’autant plus grande que ma nomination revêt une dimension symbolique. Il s’agit de ne surtout pas décevoir.

Rachida Dati, on la voit partout dans les médias. Comment vivez-vous cette hyper-exposition médiatique ?
Depuis ma nomination comme garde des sceaux, mon exposition médiatique n’est pas si grande, du moins de mon fait. Les médias me suivent beaucoup sur le terrain. Les interventions que j’ai pu faire ont été des interviews écrites essentiellement sur mes fonctions. Lorsque j’ai été interrogée sur des radios ou à la télévision, ce fut aussi sur mon travail de ministre. L’aspect plus personnel, je ne l’ai absolument pas voulu ni suscité.

Elle vous plaît, celle nouvelle vie de ministre ?
Pendant la campagne, je ne pouvais pas imaginer être garde des sceaux. Je ne disais pas, alors, « je serai ça après avoir été porte-parole ». J’avais à cœur à cette époque que la parole de Nicolas Sarkozy soit bien portée dans le cadre de son programme. Maintenant, chaque jour me démontre la nécessité de travailler, de ne pas improviser, de connaître mes dossiers, car c’est là que les gens vous attendent.

Lorsque nous vous avions rencontré à Meaux en avril dernier, vous nous disiez déjà la difficulté d’être une femme en politique, de surcroît d’origine immigrée. Aujourd’hui, alors que vous occupez un ministère régalien, cette difficulté a-t-elle empiré ?
Ce que je voulais dire, à Meaux, c’est l’importance de ne pas être réduite, dans le regard des autres, à une origine ou à une condition, mais d’être pleinement reconnue pour son travail. Je n’aurais pas pu exercer ma fonction de ministre si je n’avais pas accumulé l’expérience du terrain en travaillant cinq ans auprès de Nicolas Sarkozy.

Depuis le début de cet entretien, vous avez souvent évoqué le président de la République. On a le sentiment qu’il est omniprésent à la fois dans votre discours et dans vos actes. Les « coups » que vous prenez depuis votre entrée en fonction ne visent-ils pas, à travers votre personne, Nicolas Sarkozy ?
Je vous laisse faire l’interprétation que vous souhaitez. Ensuite, que je fasse référence au président de la République, cela me paraît normal, il a été élu au suffrage universel. Si je suis là, c’est par la volonté des Français qui ont élu Nicolas Sarkozy. Pour le reste je vous laisse juge.

Y a-t-il des « mauvais coups » qui viennent de votre propre camp ?

Quand il y a des mauvais coups, j’ose espérer que ce n’est pas par intention malveillante.

Et toutes les suspicions sur votre curriculum vitae, et tout ce qui a été dit sur les ennuis judiciaires de vos frères, qu’est-ce que cela vous fait ?
Le fait d’avoir évoqué un faux diplôme dans mon curriculum vitae est absolument choquant, parce qu’il n’y a aucun faux diplôme dans mon parcours. C’est vouloir entacher un parcours républicain. S’agissant de mes frères, nous ne sommes pas dans une société de responsabilité collective. Je n’ai pas à m’épancher là-dessus. Ce que je subis par rapport à ces questions, je crois qu’on ne l’aurait fait subir à aucun de mes prédécesseurs.

Pourquoi vous ?
Je ne souhaite pas l’interpréter. Quand des insinuations ont été portées, je n’ai jamais dévié d’un millimètre de mes responsabilités. Certains auraient tellement voulu que je me justifie. Je n’ai pas à me justifier et encore moins à faire étalage de ma vie personnelle.

Vos origines populaire et immigrée expliquent peut-être ce traitement un peu spécial.
On peut toujours chercher à analyser le pourquoi de ces choses, mais c’est perdre beaucoup d’énergie. Je souhaite ouvrir davantageles écoles de la justice. Si on prend l’école de la magistrature, on s’aperçoit que, globalement, ceux qui la fréquentent sont très majoritairement des enfants de classes dites privilégiées. La part des fils et filles d’ouvriers ou d’agriculteurs se situe en dessous de 5%. Une classe préparant le concours d’entrée à l’école de la magistrature ouvrira le 1er janvier 2008. Elle accueillera une quinzaine de bac+4, bac+5 issus de milieux modestes. Je ferai la même chose pour toutes les autres écoles de la justice : celle des greffes, celle dela pénitentiaire, sans que cela remette en cause l’égalité républicaine. Il y a simplement des jeunes capables et brillants qui n’ont pas les moyens de payer une classe préparatoire. C’est à eux que ce dispositif s’adresse.

Travaillez-vous avec Mme Amara sur ces dossiers ?
Nous regardons ensemble les mesures en faveur de l’insertion des jeunes, par exemple. Pour ceux qui sont tombés dans la délinquance parce qu’ils n’ont pas eu la formation ou la scolarité nécessaires.

 

Commentaires

 
#1 Plus convaincante que jamais...
Ecrit par JA     26-11-2007 17:54
Franchement ,au début, aprés sa nomination ,j'ai eu peur pour Rachida Tati ( la Cendrillon du Maghreb) mais aprés 7 mois à  son poste , elle m'a rassuré par son courage, sa ténacité , sa fermeté et son charme. En tant que Tunisien ( 600000 Tunisiens vivent en France ) je suis content et fièr à  la fois.....
 
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