Femmes au foyer, enfermement, corvées et mélancolie

Publié le Lundi 07 Décembre 2009 à 11:55
Femme au foyerLe Temps- Leur titre officieux se résume à trois lettres : FAF, ce qui signifie Femmes Au Foyer... Quant à leur carte d'identité, elle porte à la case « métier » une inscription, incongrue voire humiliante : « néant » ! Pour des femmes qui travaillent du matin au soir, c'est presque une offense, une injure... Tour d'horizon dans le monde discret des maîtresses de maison...

Il y a la définition de ces femmes que donnent diverses dictionnaires et qui est pour le moins réductrice : « une femme au foyer est une personne sans activité rémunérée régulièrement et qui réalise la majeure partie des tâches du foyer : entretien domestique, achats, préparation des repas, surveillance et éducation des enfants. »

Ces témoignages confirment cette situation complexe...
Faten, 27 ans, est en plein désarroi depuis qu'elle a accepté un mariage arrangé. Elle a l'impression de perdre son temps et sa vie : « Avoir une licence en lettres et rester à la maison... Je me sens nulle ! Mais n'ayant pas trouvé de travail, j'ai accepté ce mariage pour sortir du cocon familial. Mon mari est aussi despote que mon père l'était. Et puis j'ai l'impression que mon niveau baisse. Je vis dans une lassitude permanente. Je ne la voyais pas comme ça, ma vie ! »

D'autres comme Samia, 29 ans, reconnaissent qu'elles vivent un sentiment d'isolement : « je travaillais, mais mon mari a exigé que je m'occupe de la maison et de mes deux enfants, ce que j'ai accepté à contre cœur. Depuis je vis en spectatrice de la vie des autres. Je vois mon mari partir au travail, avoir une vie sociale, déjeuner avec ses collègues, tandis que moi je reste à la maison avec mes enfants en bas âge et je finis par m'ennuyer, par me sentir prisonnière... »

Elle se souvient alors de copines qui ont continué leurs carrières, qui sortent, qui sont actives. « Au début, certaines me téléphonaient, puis les centres d'intérêts ont changé et elles ne m'ont plus appelée... » Depuis elle se sent prisonnière de cette situation et elle s'est enfermée dans une vie qui ne correspond pas à son caractère, à sa soif de vivre. « Je ne sais plus quoi faire pour trouver une harmonie entre mon bonheur et celui de ma famille et je n'ai personne pour m'aider, pour m'écouter... »

Mais il y a aussi des femmes qui ont fait ce choix délibérément. Saïda, 36 ans est mariée depuis 15 ans et elle vit bien sa situation : « C'est moi qui ai décidé d'être femme au foyer, puisque mon mari gagne bien sa vie. Bon nombre de mes amies me l'ont déconseillé et des parentes bien attentionnées ont essayé de me faire changer d'avis, mais c'était ma conviction et mon désir le plus cher... »

De son côté, Zeineb, 41 ans et trois grands enfants, vit repliée sur elle-même et elle reconnaît avoir fait « de nombreuses concessions » pour réussir sa vie de femme au foyer. Elle vit depuis une vingtaine d'années dans un état de passivité totale, et son mari s'est permis à plusieurs reprises de la violenter pour des raisons futiles. Résignée, elle confie : « il est trop tard maintenant pour me révolter. Je me suis résignée à cet enfermement et à cette violence conjugale pour éviter de briser mon ménage et faire souffrir mes enfants. »

Ce qui dérange le plus cette autre dame d'un certain âge qui vit les mêmes problèmes, c'est le regard des autres, voisins, parents et amis, qui ne comprennent pas ses choix. « Je suis corvéable à merci et en même temps reléguée au rang d'anonyme, sans revenus propres, sans retraite, sans autre ressource que le salaire de mon mari. » Pour l'épanouissement personnel et la joie de vivre, adressez-vous ailleurs !


Dépréciation

Un psychologue interrogé sur cette épineuse question affirme que « le premier problème c'est la perte de la confiance en soi. Une femme qui vit recluse dans son foyer n'ose pas aller vers les autres ou donner son avis, car elle a l'impression que les autres sont plus cultivés ou plus intelligents qu'elle. Elle cache également à son entourage sa lassitude face à la routine, à l'ennui, à son sentiment de vide sidéral...

 

Commentaires 

 
#6 Erreur-rectification
Ecrit par Funkquy     09-12-2009 05:11
Dans mon précèdent post, je voulais dire que les choses ne vont certainement PAS aller en s'améliorant.

Je ne dévalorise pas du tout le fait d'être "femme au foyer" mais je critique le fait que la femme se sente obligée de devenir "femme au foyer" sans conviction propre de sa part.

Être femme au foyer, ça devrait pas être une galère mais plutôt un métier où on s'épanouit.

Lorsqu'on reste au foyer, il faut garder des contacts professionnels avec l'extérieur, il faut trouver des occupations, marcher et se balader, faire du sport à la piscine, s'inscrire dans des associations ou des clubs, tricoter, lire, jardiner, cuisiner ... en d'autres termes, il faut développer une activité complémentaire.
 
 
#5 mentalités et intentions
Ecrit par Funkquy     09-12-2009 02:25
Je pense que les vrais problèmes dans tout ça viennent des mentalités et de la culture des tunisiens (souvent reliés à tort avec la religion).

Violence conjugale, mariages arrangés qui ne sont en réalité que des conséquences de ce que produit la société tunisienne comme nouvelle génération de tunisiens.

Lorsque je marche dans la rue, je vois et j'entends la violence verbale partout ou je passe, cette violence s'est normalisée dans la société ce qui conduit les filles tunisiennes à croire qu'ils ne peuvent espérer mieux que ça (c'est déjà très bien si elles mêmes ne pratique pas cette même violence).

"Choix délibéré, c'est ça la clé" ==> voilà ma citation favorite.

Je ne pense que les choses vont aller en s'améliorant, l'état a déjà du mal à faire trouver un travail à tous les hommes dans ce pays, alors il ne va pas du tout essayer de combattre de genre de violence.

Déjà la loi sur le travail à mi-temps des femmes fonctionnaires qui a promulgué en 2007 en dis long sur les intentions du gouvernement.
 
 
#4 piliers de la société
Ecrit par Momo     08-12-2009 18:31
"la femme au foyer est la base et le piler de la société " !
On peut difficilement faire déclaration plus rétrograde et misogyne. Cantonner les femmes au foyer c'est perdre 50% de la richesse d'un peuple.
Aujourd'hui dans notre pays, les meilleurs résultats scolaires sont obtenus par des femmes. Les enfermer chez elles à torcher les fesses des gamins et préparer l'assiette de Mr qui va rentrer d'une journée de capucin/chicha épuisante, c'est perdre un investissement énorme de la société et une formidable richesse.
On nous parles souvent du dynamisme des pays nordiques, je crois que justement c'est la place de la femme dans ces sociétés qui leur donne cette dynamique.
De plus favoriser l'accès au monde du travail aux femmes diplomées et à toutes celles qui le souhaite, c'est créer de l'emploi dans les structures de jardin d'enfant, d'assistantes maternelles, et favoriser l'éveil des petits qui seront mis en relation avec les autres plutôt que de digérer à longueur de journées de dessins animés débiles venus de pays lointains.
Le vrai problème n'est t'il pas l'orgueil masculin qui va en prendre un coup ?
 
 
#3 Que fait le mari
Ecrit par max     07-12-2009 18:11
« Je ne sais plus quoi faire pour trouver une harmonie entre mon bonheur et celui de ma famille et je n'ai personne pour m'aider, pour m'écouter... »
Cela dit long sur le comportement de la majorité des pères de familles qui ne consacrent pas de temps pour leurs épouses. Messieurs, la femme au foyer nous devons nous les hommes la soutenir, l'écouter... c'est notre devoir
 
 
#2 choix
Ecrit par k_led     07-12-2009 17:58
de mon côté, il faut prendre les décision dés le début, mais une fois qu'on a fait son propre choix, il faut pas regréter et pas de recule, il faut avancer dans nos choix avec la possibilté de lancer plusieurs pérspectives.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.