Derrière la belle, un excès de zèle
Le Quotidien- Partir ou subir : telle est l’alternative qui ronge les jeunes gens lorsque le fossé d’incompréhension se creuse chaque jour davantage entre eux et les parents. Ils croient que la fugue est une des solutions qui peut mettre un terme aux conflits… A leurs risques et périls, les jeunes gens abandonnent impulsivement le domicile parental et partent à l’aventure…
Les fugues sont brutales, inopinées, et surprennent généralement l’entourage. Chez l’adolescent, ces escapades sont fréquentes. Leur sens diffère selon les caractéristiques même du départ : fugue brutale ou préparée à l’avance, en solo ou en groupe et encore vers un lieu déterminé ou sans but fixe conduisant à une errance.
Dans la majorité des cas, les fugues sont réactionnelles à un conflit familial latent qui s’aggrave. Un jeune peut également quitter la maison lorsqu’il a commis une erreur et qu’il redoute une sanction. Dans tous les cas, les fugues sont à considérer comme un signal de souffrance que la jeune personne adresse à son entourage. Certains ne partent qu’après avoir tout préparé. Ils savent où aller, ce qu’ils veulent faire et ils prévoient une solution à l’avance en cas de pépin. Généralement, c’est pour faire pression sur leurs parents qu’ils quittent le domicile familial. Ils considèrent cette stratégie comme le meilleur moyen de se faire enfin entendre et de faire des revendications aux leurs. D’autres, peuvent partir sur un coup de tête. Suite à un conflit, ils quittent la maison sans avoir de destination fixe. Ils ne savent pas trop ce qu’ils veulent. En revanche, ils cherchent à transmettre aux parents un message. Ils éprouvent un dépit et ont besoin de faire subir le même mal à leurs parents. Et entre les uns et les autres, certains jeunes partent tout en étant sûrs que cela ne durera pas. Ils cherchent juste à mettre les sentiments de leurs parents à l’épreuve. Ils profitent également de l’état de choc que subira l’entourage pour résoudre les conflits avec les parents et étaler leurs listes de revendications. Salim, 19 ans, a fait une seule fugue. Le jeune homme a eu un désaccord avec ses parents. Pour parvenir à ses fins, il a jugé utile de quitter la maison, histoire de faire pression sur ses géniteurs. «J’ai quitté la maison suite à une bagarre avec mes parents. J’ai voulu partir à un voyage d’étude à Londres qui devait durer deux mois pendant les vacances d’été. Mes parents rechignaient à l’idée de me payer ce voyage. J’ai tout essayé pour les convaincre, en vain! Il ne me restait plus qu’à opter pour la fugue. Je savais qu’ils ne pouvaient pas résister à l’idée que je parte. J’ai donc quitté la maison et je suis allé chez mon oncle. Ce dernier ne savait pas que mes parents ignoraient où j’étais. Je suis resté chez lui en tant qu’invité. Mes parents n’ont pas eu la présence d’esprit de me chercher chez mon oncle. Ils m’ont cherché chez tous mes amis et ils ont eu une peur bleue qu’un malheur me soit arrivé. Le lendemain, ma mère a appelé son frère et là j’ai eu droit à un réel sermon de la part de mon oncle. Mes parents sont venus sur le champ me chercher et ils ont dû succomber à mes revendications. Justement, ils m’ont payé ce voyage et je suis parti à Londres», dit-il. Mohamed El Hédi, 19 ans, dit que les fugues ne servent jamais à rien. «Les fugueurs font œuvre inutile. La balle est toujours dans le camp des parents et nul ne peut faire pression sur ses propres géniteurs parce qu’on ne peut jamais être plus intelligents qu’eux. Ils savent que leurs enfants sont incapables de s’assumer seuls et qu’ils finiront par revenir. On ne peut pas les faire marcher ! D’ailleurs, je n’ai jamais essayé de fuguer, je sais que cela ne mène à rien. Ce sont les parents qui contrôlent la situation et qui tiennent toutes les ficelles et on doit s’y faire. Si l’on veut quelque chose, on doit prouver qu’on a raison, c’est tout», dit-il. |
Commentaires
Ecrit par NB 15-06-2007 22:37
Qu'est-ce que c'est la fugue?
La fugue consiste en l'abandon par le jeune du lieu habituel de vie, domicile ou institution (école, internat ou lieu de placement). Le plus souvent impulsive, elle est de courte durée et solitaire. Dans d'autres cas, elle se transforme en véritable errance, mise en danger quotidienne. Exceptionnellement, elle prend un caractère collectif.
Parfois, l'adolescent y agit son désir de vivre un Ã?« roman familial Ã?» en se faisant accueillir par les parents d'un(e) ami(e), évidemment plus accessibles et compréhensibles que les siens. Cependant, la plupart des fugues adolescentes apparaissent comme des tentatives pour fuir l'intolérable de la carence parentale, de l'autoritarisme parentale ou de la dépendance.
Face à un jeune en fugue, de nombreuses questions se posent :
* Pourquoi le jeune a fugué ?
* O๠se trouve-t-il ?
* De quoi se plaint-il ?
* Quel est le contexte familial ?
* Quel réseau relationnel ?
* Le jeune est-il scolarisé ?
* A-t-il la possibilité de prévenir quelqu'¢un, en a-t-il l'¢envie ?
* Y a-t-il une possibilité qu'¢il retourne chez lui ? Est-ce opportun ?
L'adulte, face à l'adolescent en fugue, se doit d'être prudent et de ne pas céder à l'urgence. Ce qui est un peu compliqué surtout quand il s'agit d'une situation o๠tous les éléments sont réunis pour que la panique s'installe : heure tardive, approche du week-end, détresse du jeune, révélation de faits gravesââ?¬Â¦
En conclusion et un conseil, nous devons discuter régulièrement avec nos enfants suivant nos moyens au moins une foie par jour avant de dormir et voir leurs besoins et exiger la bonne éducation et le contrà´le d'une manière continue pour qu'ils soient à la hauteur de leurs responsabilités.