La Majerda, fleuve en péril

Publié le Mardi 10 Février 2009 à 11:53
Medjerda, fleuve en périlLe Temps- Comme avec les êtres humains, on peut entretenir avec les cours d'eau des rapports affectifs très chaleureux, et a fortiori quand ces cours d'eau représentent pour vous ou pour votre communauté, une source vitale de production et de richesse. La Medjerda est la mamelle la plus généreuse du pays et qui arrose directement ou indirectement les terres tunisiennes du Nord jusqu'au Sud.

L'enfance des voisins de la Medjerda âgés aujourd'hui de plus de cinquante ans est remplie de scènes tendres ou difficiles vécues au bord de la seule grande rivière du pays. L'un d'eux, un habitant de Medjez El Bab, se rappelle comment, à l'âge de cinq ans déjà, il se baignait dans ses eaux turquoise en compagnie de ses parents et de ses amis.

A l'époque, nous dit-il, on y pêchait du bon poisson d'eau douce et l'on ne craignait pas d'en tomber malade. L'eau de la rivière servait aussi au lavage de la laine et parfois de la vaisselle, tant elle était propre hors des saisons de fortes précipitations. Nous nous adonnions à nos jeux favoris sur la « plage » bien conservée du fleuve, sinon sur ses berges verdoyantes.

Aujourd'hui, les gens ne semblent plus avoir d'égards pour les cours d'eau naturels. Pas tous, mais la majorité des voisins de nos rivières et canaux ne mesurent pas le préjudice qu'ils causent à leur environnement et à ces eaux dont leurs vies dépendent dans un certain sens, en les polluant avec toutes sortes d'immondices et de déchets industriels. A plusieurs endroits, la Medjerda fait peine à voir à cause aussi de l'incurie des municipalités et de l'indulgence coupable de certains édiles à l'égard des pollueurs. Le présent dossier se veut à la fois un réquisitoire et un cri de détresse ! La protection de l'environnement passe, comme dans les grands pays et les grandes civilisations, par le respect de cet environnement ! Que chacun se pose la cruelle question : qu'ai-je fait pour sauvegarder la Medjerda ?

Menaces
Aujourd'hui, la plupart des villes traversées par le fleuve ont transformé ses deux rives en décharges tolérées. D'ailleurs, les citoyens ne sont pas les seuls à polluer le site. Il n'y a pas longtemps, du côté de Jendouba, les eaux usées de la ville et une bonne partie de ses déjections humaines étaient évacuées dans les eaux de la Medjerda. Les photos qui accompagnent ce reportage ont été prises il y a seulement une semaine à Jendouba et à Medjez el Bab, elles montrent bien que les riverains et les pouvoirs publics ont peu d'égards pour cette mamelle de la Tunisie qui, avec ses affluents, arrose plus de la moitié des terres du pays. A Medjez-el- Bab, des crevasses énormes se sont creusées des deux côtés du fleuve et menacent sérieusement les habitations et les commerces voisins. Comme la ville de Boussalem, Medjez-el-Bab eut à subir plusieurs fois de graves inondations qui coûtèrent très cher notamment en dégâts matériels. Néanmoins, la protection de la ville contre les crues ne semble pas constituer une urgence, puisque les projets présentés dans ce sens sont restés lettre morte. L'excuse invoquée est, comme l'on pouvait s'y attendre, leur coût trop élevé et l'absence de moyens.

La vallée fertile
La Medjerda est l'unique et le plus long cours d'eau à écoulement permanent de Tunisie. Le fleuve est long de plus de 460 kilomètres et traverse le territoire tunisien sur 350 kilomètres. Sa source est située en Algérie dans la région de Constantine et son bassin s'étend sur 22.000 kilomètres carrés dont 16.000 en Tunisie. Le débit moyen de cette rivière à régime pluvial est de 29 mètres cubes à la seconde, mais pendant les grandes crues, il peut atteindre 1200 mètres cubes par seconde.

Aveu d'impuissance
Nous nous sommes rendus samedi dernier à la ville de Medjez-el-Bab et avons constaté combien les citoyens avaient peu d'égards pour la rivière que leurs maisons et commerces longent. Malgré le nombre suffisant de conteneurs qu'il y avait sur les lieux, nous avons été témoins de gestes regrettables voire criminels de la part de quelques riverains comme ce cafetier qui vide toutes ses poubelles du côté de l'oued et ce poissonnier qui empeste l'endroit avec sa marchandise pourrie. A deux pas seulement de l'hôtel de ville, le panneau placé sur l'une des rives de la Medjerda et interdisant de jeter les ordures à cet endroit n'a pas suffi pour en dissuader les habitants voisins. Nous avons évoqué toutes ces scènes avec M. Ibrahim Saadaoui, maire de la ville, qui n'a pas caché son indignation devant une telle inconscience contre laquelle les amendes infligées régulièrement n'ont pas eu d'effet !

 

Commentaires 

 
#3 projet d'association d'amis de la Medjerda
Ecrit par Aloui     07-01-2012 09:14
Bonjour j'ai l'honneur de lancer l'idée de la création d'une association d'amis de la Medjerda . En lisant l'article , je trouve ça très intéressant et partage la conviction de passer à l'action pour préserver la richesse paysagère de la Medjerda en créant des synergies entre ceux qui partagent cette conviction. voila le lien facebook pour le projet d'association : facebook.com/.../...
 
 
#2 mesures!
Ecrit par Léon LAfricain     11-02-2009 11:38
Souvent les paysages de désolation environnemental sont dus aux produits non dégradables, très particulièrement et surtout les sacs et bouteilles en plastique. Je crois savoir, et de bonne source qu'ils ont failli êtres interdits dans notre pays mais cette décision a été, très vraisemblablement confrontée aux lobbis industriels du plastique qui emploie beaucoup de personnes. C'est malheureusement le cas dans le monde entier, mais "impossible" n'est pas tunisien, alors pourquoi ne pas être les précurseurs dans l'élimination de ce fléau en transformant ces usines en usines de sacs en cartons (comme jadis), d'ailleurs pas moins solides et certainement transformables.
Concernant les bouteilles en plastique, j'ai vu le début de cette expérience en Tunisie vers la fin des années 70 et on nous chantais jadis qu'une bouteille en plastique ne coutait presque rien (environ 5 millimes) et on économisait beaucoup sur leur transport (vu le poids bien moins élevé). Quand je constate qu'aujourd'hui le prix d'une bouteille de boisson gazeuse d'un litre et demi est en moyenne de 1300 millimes et que le même boisson gazeuse coute 850 millimes lorsqu'elle est dans une bouteille en verre, il ne faut pas avoir fait polytechnique pour remarquer que le prix des bouteilles vides en verre ou en plastique sont sensiblement égaux. Alors où est l'intérêt financier pour le consommateur lorsque l'on voit les dégâts du plastique. Je crois qu'il serait préférable d'effectuer des consignes à 100 millimes par exemple pour des bouteilles en verre moitié plus fin pour diminuer de deux fois le poids (çà se fait), et de les envoyer à la casse pour être réutilisés dans l'usine (çà se fait aussi). Quand aux produits dégradables (défections, restes de nourriture...) cela ne dépend que du civisme moyen de nos compatriotes, et qui malheureusement fait encore défaut. Des solutions sont toujours possibles pour que notre Cher Pays reste propre et soit un exemple dans le monde.
 
 
#1 Nos ressource
Ecrit par exclamation     10-02-2009 18:32
il faut jetter les déchets dans les boubelles tounsi ...c'est le lieu légitime pour vos déchets .....!!
 
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