Cancer en Tunisie, alimentation et cigarette incriminées

Publié le Vendredi 05 Février 2010 à 15:36
Appareil de mammographieLe cancer est la première cause de mortalité dans beaucoup de pays dans le monde. En Tunisie, Il atteint 133 hommes sur 100 000 contre 94.6 femmes sur 100 000, et est aussi la première cause de mortalité dans notre pays. Ces chiffres tendent à augmenter chaque année. Et chaque année, des milliers de femmes ne se font pas dépister à temps, pourtant elles le savent toutes, le cancer du sein est  le plus répandu entre elles. Le  cancer du poumon  est la première cause de mortalité chez les hommes, ils n’arrêtent pas de fumer pour autant. «Ce n’est pas le fait que l’on soit bien informé ou pas qui joue un rôle dans les examens préventifs, mais c’est plutôt le manque de courage qui empêche les patients de venir se faire contrôler avant qu’il ne soit trop tard », explique Henda Rais, docteur agrégé en cancérologie médicale à L’Institut Salah Azaiez. Elle confie, « le cas d’une consœur qui repoussait tout le temps son examen de dépistage, alors qu’elle savait qu’elle avait une tumeur au sein ».

A l’occasion de la célébration de la 22ème journée de lutte contre le cancer qui a coïncidé avec la 9ème journée nationale de la douleur et des soins palliatifs, une journée d’information a été organisée par l’Association Tunisienne de lutte contre le cancer (ATCC), à son siège ce matin. Deux principaux thèmes ont été évoqués : le tabagisme et alimentation et cancer.
Dans le premier thème docteur Rais, a exposé les résultats d’une étude tabagique en milieu professionnel, effectuée au sein d’une entreprise de transport public. Il en ressort que sur un total de 923 employés interrogés, 50.4% fument. 60.9% parmi eux ont tenté au moins une fois d’arrêter, tout en sachant que 80% souhaiteraient arrêter. Dans cette entreprise, 51 employés étaient en arrêt de maladie longue durée. Toutes fumaient, et 9 d’entre elles souffraient de maladies cardiovasculaires alors que 8 souffraient de cancer. C’est tout dire sur l’ampleur des dégâts causés par la cigarette, pourtant les moyens d’incitation au sevrage tabagique manquent. Les médicaments de sevrage ne sont pas couverts par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et le programme nationale qui a été mis en place l’année dernière pour interdire le tabac dans les endroits publics…est tombé à l’eau. Les endroits publics sont encore et toujours enfumés.

L’ATCC, s’est aussi orientée vers les écoliers pour leur faire part des dangers de la cigarette. Mais en vain. Parce que, si leur action a trouvé échos favorables dans les écoles privées, les écoles publiques n’ont manifesté aucune implication. «  Les instituteurs n’étaient pas convaincants dans leur manière de présenter le sujet. Alors que dire des élèves qui ne manifestaient aucun intérêt », ajoute un membre de l’ATCC.  Pourtant, la démarche de l’ATCC avait déployé un programme des plus encourageants et attrayants pour les élèves qui devaient inciter un adulte de leur entourage au sevrage et l’y accompagner tout au long de sa démarche.

Autre facteur de risque, les mauvaises habitudes alimentaires. Leila Alouane, Professeur en nutrition et chef du département des Sciences de la nutrition à l’école supérieure des sciences et techniques de la santé de Tunis, parle du profil alimentaire du Tunisien : « Il ne mange pas assez de fibres qui proviennent du blé, il couvre à peine 51% des recommandations en fruits et légumes et ne mange pas assez de poisson. Et d’après une étude faite entre Tunis, Gabès et Kairouan, 63% des personnes affirment manger dehors tous les jours. Tous ces facteurs réunis peuvent être à l’origine d’un cancer ». A côté de cela vient un facteur dont ne parle aucune étude complète à ce jour en Tunisie. Il s’agit de la consommation d’alcool. «  Tout simplement parce que c’est un sujet tabou, mais il est bien évidemment à l’origine de certains cancers », ajoute le professeur Alouane.

Par ailleurs, la médecine fait son travail. De nouvelles techniques chirurgicales et médicales voient le jour chaque année, pour traiter le cancer. La radiofréquence par rayons, la radiologie interventionnelle, la chimio hyperthermie, le Petscan…Autant de méthodes pour aider le patient à s’en sortir. Mais par manque de courage, de moyens ou de chance, le patient découvre sa maladie à un stade avancé. Et après qu’il ait recours à tous les soins médicaux, il se retourne vers les soins palliatifs. Ce sont des soins prodigués au patient pour l’accompagner jusqu’à sa mort «  pour qu’il meure dans la dignité », intervient docteur Suzane Amara membre de l’association des soins Palliatifs. Ce sont toutes les prestations qui apportent réconfort psychologique et physique au malade qui est à un stade très douloureux de la maladie. Mais au cours de cette phase, le malade se trouve impuissant.

Puisque les  médicaments de la classe B, qui sont des antalgiques forts, censés atténuer la douleur, sont très chers, et non couverts par la CNAM, parce que considérés comme soins de confort. Pourtant, le coût mensuel d’une prescription se compte par centaines de dinars pour un seul malade. A titre d’exemple, le prix de revient du Sulfate de morphine préconisé dans ces cas, peut aller de 468 dinars par mois jusqu’à 1569 dinars par mois, en fonction des doses dont a besoin le patient. Une avancée a toutefois vu le jour l’année dernière, la loi concernant ces médicaments a été changée. Ils ne répondent plus à la loi des 7 jours comme cela été le cas avant (le patient devait revoir le médecin tous les 7 jours, pour une éventuelle re-prescription) mais elle a été prolongée à 28 jours. «C’est déjà un grand pas vers une situation meilleure pour les malades du cancer. Nous espérons arriver à mieux », s’exprime le docteur Henda Rais.

Quand un patient se croit déjà condamné, quand retentit le diagnostic du cancer, du carcinome, de la maladie de Hodgki…Il faudrait peut-être qu’il sache, qu’à titre d’exemple, un cancer du sein détecté prématurément hausse les chances de survies à 5 ans dans plus de 90 % des cas. Plus on s’en rend compte tôt, plus les chances de survie sont meilleures.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 Renseignez-vous SVP
Ecrit par Absurde     06-02-2010 10:28
Citation: "un cancer du sein détecté prématurément hausse les chances de survies à 5 ans dans plus de 90 % des cas"

Lorsqu'un cancer de sein est dépisté prématurément, les chances de survie sont plus grandes que 5 ans (heureusement). Les cinq années que vous mentionnez dans votre article sont pendant lesquelles plusieurs médecins soumettent leurs patientes à un traitement spécifiques (ex: tamoxiphène) et à un suivi draconien avec radiographie etc..
Après cinq années le médecin décide d'arrêter ou non le traitement.

En général pour le cancer de sein les deux premières années sont déterminantes pour les chances de guérison même s'il est vrai qu'on parle toujours en termes de chance de survie.
 
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