Célibat en Tunisie, la cote d’alerte |
Publié le Dimanche 30 Mai 2010 à 19:18 |
![]() Mais, comment se prépare la société tunisienne à la prise en charge de la personne célibataire (institutionnellement, socialement et juridiquement), cette question a été posée par Nabiha Gueddana, P-DG de l’Office national de la famille et de population (ONFP), en prélude au cercle de la santé organisé vendredi autour du thème "le célibat chez les jeunes, choisi ou subi ?" Le débat a posé plus de questions, qu’il en a donné de réponses. Il a montré l’incapacité des experts d’analyser un phénomène de société qui prend la Tunisie de court, et qui induit de nombreuses conséquences sur la santé de reproduction, la fécondité, la natalité, le renouvellement des générations et la sexualité. "Etant entendu que s’il y a un recul de l’âge au mariage, il y a des chances pour une sexualité non contrôlée en termes de grossesse indésirable, et peut-être non protégée, avec le risque des maladies sexuellement transmissibles (MST)", a souligné, en substance, la P-DG de l’ONFP. Pour Abdelwaheb Mahjoub, Docteur en psychologie à l’université de Tunis El-Manar, le célibat est une question d’une importance et d’une gravité extraordinaire. «C’est une problématique et non un problème, le célibat est multi-causal, multifactoriel et multi-sens». Autant dire qu’on n’est pas célibataire pour les mêmes raisons, les témoignages de femmes et d’hommes célibataires dans le film projeté en préambule au débat, l’attestent. Souad, une journaliste-actrice, la quarantaine, a dès le départ refusé de se marier pour le simple fait de se marier. Le rythme que lui imposait sa vie professionnelle, déplacements et voyages récurrents, ne l’ont pas beaucoup aidée à dénicher l’âme sœur. Sa solitude, elle la vit tant bien que mal, le tout, dit-elle, est d’aller vers les autres et d’éviter l’isolement. Une question la hante toutefois : comment trouver l’amour ? Elle relate cette réponse anecdotique que lui a donnée une psychologue : «il faut avoir beaucoup d’amour-propre, s’aimer intensément soi- même, jusqu’à ce que l’amour déborde et se déverse par terre, pour que quelqu’un vienne le ramasser». Ce dessinateur, la cinquantaine, se dit, lui, réfractaire aux conventions sociales, et à l’institution du mariage. Il n’a pas cessé de collectionner «les relations courtes, d’autant plus qu’elles sont faciles à nouer». Maintenant, il est face à un instinct paternel qui s’éveille : «si je trouve une femme juste, je suis prêt à faire un enfant». Ou encore, cette jeune femme de Sousse, dont le célibat lui a coûté deux grossesses et deux avortements, et qui jure avoir tiré un trait sur les hommes. Reste cet ouvrier, la cinquantaine passée, que l’indigence a condamné à la solitude, pourtant, «le mariage est un droit accordé par Dieu à tout Etre humain», se lamente-il avec beaucoup d’amertume. Le refus du "mariage médiocre" Le célibat est un défi pour les démographes, les sciences sociales, les femmes et les hommes qui le vivent, dira Dorra Mahfoudh, Maître de conférence en sociologie et chercheur en sciences sociales. «De nombreuses études européennes montrent que les deux facteurs qui favorisent le célibat sont l’accès des femmes au travail rémunéré, avec la possibilité d’une autonomie économique acquise par soi-même et non par le conjoint, et la contraception». Le célibat est aussi rattaché au mariage et au démariage (divorce), qui déterminent l’attitude qu’on a vis-à-vis de la vie conjugale et de l’engagement qu’elle sous-tend. L’intervenante a cité une enquête sur le budget temps réalisée en Tunisie, et ayant défini six types de temps : physiologique (sommeil, repos), productif (travail), domestique (tâches ménagères), lien social, loisirs, mobilité et déplacement. Cette étude a montré que les filles célibataires se reposent plus que les femmes mariées, et passent plus de temps que les hommes célibataires dans les recherches et les études. En se mariant, leur temps de repos se réduit, et leur temps domestique se multiplie par deux, c’est là le coût de la vie conjugale, qui explique la difficulté de s’engager, et de perdre du temps et de la liberté en faveur de la vie familiale. Quant à l’homme marié, il est amené à une activité sociale et professionnelle plus intense pour gagner plus d’argent. Le célibat pourrait aussi s’expliquer par le refus du mariage médiocre. On prolonge son célibat pour se recentrer sur soi-même et prendre le temps de se préparer à une vie de couple meilleure et satisfaisante. Une étude effectuée en Tunisie sur un échantillon de 250 célibataires de plus de 20 ans, citée par Dorra Mahfoudh, a déterminé deux catégories de célibataires. Le célibat de nécessité lié à des contraintes économiques, insuffisance de revenus, absence de logement, etc. Cela engendre vécu négatif, pessimisme, repli sur soi, complexe d’infériorité, perte de confiance en les hommes, peur de l’échec de sa vie, frustration, avec une volonté de rupture complète avec la famille et la société, ce qui conduit à la perte du lien social et son corollaire, l’isolement. Même si d’autres données révèlent, que plus on est aisé économiquement, plus on repousse l’âge du mariage. Lorsqu’on est issu d’une grande famille, on se permet «d’être en infraction avec le rappel à l’ordre conjugal», car outre la jeunesse, la beauté et les diplômes, on a d’autres atouts à mettre sur le marché matrimonial, dont le nom de famille et la fortune. L’autre célibat, c’est celui consenti et choisi. Il est révélateur de nouvelles orientations de jeunes qui refusent les chaînes à leur liberté et leurs ambitions. Il s’agit là d’un célibat positif, qui véhicule une forme d’optimisme et d’ouverture. Les célibataires ne voient pas leur célibat comme une forme de fatalité. Puisque elles (ils) fréquentent les sites de rencontres, les réseaux sociaux tels que Facebook, les clubs et associations, voyagent ou peut-être émigrent. Reste que les filles célibataires vivent la plupart du temps avec la famille, et n’ont pas d’autonomie résidentielle même au-delà de 35ans. Pour Dorra Mahfoudh, le célibat est dû aux bouleversements économiques et sociaux, ainsi qu'au changement du système des valeurs et des rapports hommes/femmes dans notre société. Elle met toutefois un bémol, le célibat n’est presque jamais définitif, «on se marie de plus en plus tard, mais on se marie quand même». Le célibat reste toutefois un sujet à creuser, et là, les participants ont tous appelé à saisir cette question sous un angle pluridisciplinaire, dans la mesure où elle touche à de nombreux domaines : santé de la reproduction, sociologie, économie, anthropologie, droit, religion, liberté et politique. Encore faut-il briser les tabous. Fethia Saïdi, Docteur en Sociologie, regrette que l’étude réalisée, il y a cinq ans par le CREDIF, n’a pu être publiée et a dû être rangée dans les tiroirs. Cette étude qui portait sur le vécu des célibataires : comment ils vivent leur vie économique, sociale et sexuelle, a abouti à des résultats importants, mais qui pouvaient heurter les sensibilités. Elle a montré que «les filles qui vivent en concubinage ou en situation maritale sont plus fidèles et plus prêtes à la responsabilité que leurs compagnons. Les hommes refusent d’épouser leur concubine, et ont peur de la responsabilité et de l’engagement, ils préfèrent vivre avec elles, sans que cela ne les engage en rien, ce qui illustre un tiraillement entre une vision traditionaliste et une vision moderniste». Les victimes sont donc les filles qui auront du mal, après de telles expériences, à refaire leur vie, et ceci est d’autant plus vrai pour les veuves et les divorcées. Reste à espérer que l’enquête nationale sur le célibat que la Tunisie compte réaliser en collaboration avec l’INED (Institut national des études démographiques) de France ne soit vouée au même sort, d’autant plus qu’elle risque de révéler des vérités qui nous feront rougir. H.J. |
Commentaires
Ecrit par Teycir 14-11-2011 14:09
Ecrit par chafik 25-09-2010 21:59
inchallah kol lebnet i3ersou
ya 3oumri we twali towines ten3em belebnet
Ecrit par MM 01-06-2010 10:35
Je vous conseille de soigner votre alimentation (en mangeant Bio)....
Ecrit par ali 01-06-2010 08:53
Bravo pour ce vrai sujet de societé loin tres loin de ce pseudo evenement de "l"election d'un president de federation de foot"!!!!! traitée par les medias comme LE sujet de societé de ces derniers temps.
Ecrit par Musulman 01-06-2010 08:05
Tout d'abord, l'ignorance du grand public des musulmans durant les quelques siècles passés a conduit à de grandes catastrophes dont notamment notre arriération, l'arrêt du progrès, les injustices contre les femmes (ainsi que contre les hommes et les enfants), la colonisation etc...
Certains penseurs (comme tahar haddad) ont examiné la situation de façon non globale et ont appelé à ce qui a été faussement appelé l'émancipation de la femme. Ce courant a largement dépassé son but et c'est actuellement la femme qui commet des injustices contre l'homme dans une société qui ne cesse de se détériorer et de se dégrader. Pour protéger les femmes des injustices des hommes, il a été mis en place tout un arsenal de textes légaux qui déshéritent les hommes et les font dégringoler dans la faillite financière, sociale et psychologique.
Actuellement, les hommes sérieux et sages ont peur du mariage légal avec contrat. De plus et contrairement à l'Islam, les préparatifs du mariage sont extrêmement coûteux. Les pressions sociales dissuadent du mariage. Pour assouvir les besoins, pulsions et désirs, beaucoup de gens ont recours aux relations extra-conjugales interdites par l'Islam.
La solution à ces problèmes réside dans une culture positive et de bonne qualité visant tout d'abord à approfondir la foi et la croyance chez les musulmans, ensuite à leur inculquer les principes et les bonnes pratiques de l'Islam et enfin à acquérir le bonheur de ce monde et de l'autre monde en appliquant l'Islam.
Pourquoi les parents de la mariée exigent-ils beaucoup de dépenses? C'est à cause de leur faible foi et de leur ignorance. Pourquoi beaucoup de mariages ne réussissent pas? Parce que chacun des deux époux est égoïste et veut imposer à l'autre ses intérêts.
Notre Prophète Mouhammed, qu'Allah Bénisse et Salue, a dit que les meilleures personnes sont les meilleures envers leurs conjoints. Cela s'applique aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Le contrat de mariage n'a jamais été un contrat de traite d'une femme contre de l'argent. Aussi, l'Islam refuse qu'il soit appliqué avec spéculation et opportunisme. En Islam, chacun des deux époux fait la course en morale, moeurs et pratiques pour être à la hauteur du Cadeau Divin (qui est l'époux ou l'épouse dans un foyer stable).
Le mariage ne s'est jamais confondu en sexe, mais revêt plusieurs autres aspects familiaux, sociaux, économiques, urbains, psycho-affectifs etc...
Enfin un mot à propos de l'évocation par certains de la polygamie. C'est une pratique autorisée conditionnellement par l'Islam et doit rester exceptionnelle et sans abus. Elle n'est pas applicable en masse dans le cadre de cet article car on ne traite pas ici un rapport excédentaire de femmes par rapport aux hommes. On parle plutôt du retard et de la fuite du mariage.