Chirurgie esthétique : tout se recycle rien ne se perd

«La femme tunisienne d’aujourd’hui est plus belle que celle d’il y a 20 ans », avait dit un chirurgien plasticien du pays, interrogé sur les ondes d’une radio locale. Et il parle en connaissance de cause, parce qu’en 10 ans, le marché de la chirurgie esthétique et des soins de rajeunissement a explosé. Hommes comme femmes, ont plus que jamais besoin de ressembler, qui aux stars du showbiz, qui aux photos de leur jeunesse.

De son côté, la médecine ne lésine pas sur les moyens pour innover en matière de techniques et pour affûter au plus haut point les méthodes et procédés d’embellissement et de rajeunissement.

« Parce que oui, il y a une différence entre embellir et rajeunir », nous dira le Docteur Samia Aoun Kanoun, chirurgien plasticien et esthétique. Et d’expliquer qu’ «embellir, c’est travailler plus sur les formes, comme par exemple, arranger un nez disgracieux, ou enlever de la graisse superflue sur les hanches d’une femme. Alors que rajeunir, c’est effacer les traces du temps qui passe, comme combler les rides, ou repulper des pommettes ». Il y a quelques années, cet acte de rajeunissement dépendait exclusivement du domaine de la chirurgie. Une chirurgie compliquée, souvent lourde, dont les résultats sont parfois peu satisfaisants, voire tragiques.

La seringue remplace le bistouri
De nos jours, la seringue fait des miracles. Elle a remplacé pour bien des actes, le bistouri. Désormais, présenter des rides d’expression à l’âge de 35 ans n’est plus une fatalité, et le lifting n’est plus aussi systématique qu’avant.
« La principale nouvelle méthode de rajeunissement est le comblement des rides à l’Acide hyaluronique, un produit très efficace qui permet à la fois d’estomper les rides, de combler les sillons nasogéniens, de redonner du volume aux lèvres qui s’amincissent avec l’âge et aussi de recréer des pommettes saillantes. Cet acte se passe dans le cabinet du médecin et le résultat est immédiat », nous informe la spécialiste.

Pour les rides du front c’est la toxine botulique (communément appelée Botox et remplacée par la marque Vistabel) qui est la plus préconisée. En immobilisant les muscles, elle détend instantanément les rides : Ceci étant, le choix du médecin traitant est très important. Ne peut pas manier la seringue qui veut, parce qu’un tel geste n’est pas anodin. Et pour cause : « il faut bien maîtriser la technique d’injection pour éviter des accidents entraînant entre autres relâchement du muscle de l’arcade sourcilière. Un impair qui durera le temps que le principe actif se dissipe. A savoir 6 mois », explique le Dr Kanoun. Soit une déconvenue dont le patient se passerait volontiers.

Ceci étant les bruits qui courent, laissent entendre qu’une contrefaçon de la toxine botulique est en circulation sur le marché tunisien. Un produit ramené de Chine ou de Corée et dont le prix d’acquisition est moins cher que l’original. Encore une fois, la réputation du médecin est un facteur important pour éviter toute déconvenue.

Les nouvelles techniques de lifting
Passé un certain âge, le lifting demeure de mise. Sauf que les techniques, ont, elles aussi, évolué. Le lifting cervico-fascial connu pour laisser des cicatrices autour de l’oreille est soit remplacé soit combiné à un lifting de nouveau genre. Une opération permettant de retendre la peau en incisant la paupière inférieure comme pour la blépharoplastie (chirurgie des paupières). Cette technique révolutionnaire appelée lifting malaire, est efficace contre l’affaissement des joues et des cernes creusés. L’inexistence de cicatrice est son point fort.


Par ailleurs, le temps attaque aussi la silhouette et de plus en plus de femmes se retrouvent après quelques accouchements et allaitements successifs, avec un corps flétri. Mais les chirurgiens esthétiques promettent monts et merveilles, souvent à juste titre. Pour retrouver sa silhouette de jeunesse, le remodelage, la liposuccion, le lifting du corps et la plastie mammaire font des miracles.
Mais, l’erreur serait de minimiser l’acte chirurgicale. Une anesthésie générale est à prendre au sérieux. Un bilan complet est prescrit par le médecin avant le passage à l’acte. A titre d’exemple, une mammographie est obligatoire avant une chirurgie mammaire.

A côté de l’intervention médicale, l’on trouve les nouvelles machines révolutionnaires comme la très célèbre Power Plate qui muscle et tonifie le corps sans lever le petit doigt, et en seulement quelques séances. Toutefois cet exercice doit être surveillé et guidé par un coach et dans un centre spécialisé.

Le patient tunisien écume les revues féminines, les sites de chirurgie esthétique et suit attentivement les émissions de relooking extrême diffusées sur des chaînes satellitaires venues d’Angleterre et d’Amérique. A un point tel que les femmes sont devenues très demandeuses « surtout avant un évènement important, comme leur mariage, un voyage d’affaires ou un entretien d’embauche. Ces femmes là cherchent toujours à paraître reposées et fraîches. Un atout important pour plaire et pour convaincre », dixit Mohamed Aziz Baccouche, dermatologue.

Ce qui peut paraître surprenant, c’est le nombre d’hommes qui sont à la recherche de perfection. « C’est surtout pour le traitement de la calvitie, des rides d’expressions et pour une éventuelle rhinoplastie, qu’ils viennent consulter », ajoute Docteur Samia Aoun Kanoun. Il semblerait qu’un quart des patients de la chirurgie esthétique sont des hommes. Et ce n’est qu’un début. La spécialité a de beaux jours devant elle.