Du compromis à la résignation

Les pays arabes ont clôturé le sommet de Ryadh en ressuscitant l’initiative de paix de Beyrouth. La modération voire la résignation a fini par triompher, et Israël n’a jamais été autant courtisé pour faire cause commune avec les Arabes.

Fidèles à leurs traditions, les pays arabes n’ont pas daigné profiter de la conjoncture, et faire des pressions sur Israël pour qu’il restitue les droits qu’il a indûment spoliés et se plie à la légalité internationale. A contrario, ils se sont limités à des demandes tièdes, sur fond d’une volonté de normalisation avec l’Etat hébreu.

L’initiative de paix de Beyrouth, avec ses « conditions préalables », propose le retrait des frontières de 1967, l’instauration d’un Etat palestinien avec pour capitale Al Qods et le droit de retour des réfugiés. Des exigences, certes capitales, pour le peuple palestinien, mais la manière dont elles ont été formulées reste molle et timorée.

D’ailleurs, Israël ne peut pas rêver, a fortiori dans son actuelle position de faiblesse, d’une meilleure offre pour amorcer un rapprochement officiel et déclaré avec le monde arabe.

Ehud Olmert, réjoui, n’a pas hésité de constater « la position révolutionnaire » de ce monde arabe qui lui tend la main.

En dépit des échanges médiatisés entre Arabes et Israéliens donnant l’impression de leurs désaccords, le ton et la teneur de tels échanges montrent que le vrai accord a été conclu en dehors et avant le sommet de Ryadh, sous l’œil veillant de Condoleezza Rice . La secrétaire d’Etat américain n’a-t-elle pas multiplié les va-et-vient dans la région du Proche-Orient avant la tenue du sommet de quelques jours ?

Si Israël oppose une fin de non recevoir au plan de paix de Beyrouth, c’est par pure tactique politique. Affaibli par la guerre au Liban, et ne pouvant plus trop demander à son allié américain catastrophé par le bourbier irakien, Israël veut confisquer le maximum aux pays arabes en échange du minimum.

L’Etat hébreu a toujours opté pour cette politique envers les Arabes et il a, à tous les coups, réussi à leur damer le pion. Parallèlement, les Etats arabes ont toujours fait montre de lâcheté quand il s’agit de recouvrer leurs droits. Même quand la situation est en leur faveur, ils ont le tact d’inverser la tendance. C’est ce qu’Israël et les Etats-Unis ont compris depuis longtemps…et savent bien en tirer le meilleur profit.