La Tunisie entre la peur des extrêmes, et la quête du vivre ensemble |
Publié le Mardi 24 Janvier 2012 à 17:55 |
![]() Sclérosée, du moins en apparence, pendant de longues années d’autocratie, la Tunisie s’est allégrement découverte après la révolution sa diversité politique, idéologique, et intellectuelle. La pluralité s’est exprimée de prime abord, sur l’arène politique où des formations de différentes obédiences ont investi la scène, présentant des idées, des conceptions, et des projets différents, les uns, des autres. Cette effervescence politique a emballé les Tunisiens, qui, même s’ils se sentaient par moment déboussolés, ont essayé de se réconcilier avec la politique, voire de la pratiquer, chacun à sa manière. Les débats politiques enflammaient tous les milieux et toutes les strates de la société, et les politiques revigorés par ce vent de liberté, se sont donnés à cœur joie à leur stratégie de séduction, cherchant légitimement à élargir leur base, et à bien se positionner dans ce paysage postrévolutionnaire. Le débat allait dans tous les sens, les positions s’affrontent, et se contredisent, les idées convergent et divergent, les germes du débat contradictoire parsèment le champ public, et le projet démocratique était en marche. Dans cette gestation, une bipolarisation a vite dominé le débat, la société politique s’est grosso modo divisée en deux : les islamistes, et les progressistes, les modernistes, et les conservateurs, les laïcs et les religieux. Les élections ont eu lieu, les résultats ont été ce qu’ils étaient, les trois piliers du pouvoir ont été installés, et une deuxième période transitoire constitutive a débuté, mais la Tunisie vit toujours cet air de campagne, sur fond d’une situation socio-économique explosive. La dichotomie ne s’est pas calmée, bien au contraire, Facebook en est l’illustration. Le réseau social est devenu une arène de joutes oratoires et de combat idéologique, ou les uns et les autres se jettent l’anathème, allant jusqu’à sombrer dans les abîmes de l’abject. L’atmosphère est le moins que l’on puisse dire tendue, et les nerfs sont chauffés à blanc. Le fait de se désinhiber collectivement, provoque des heurts et malheurs. Mais, de là à en venir aux mains contre un citoyen, histoire de le punir pour ses positions et opinions, voici qui est totalement inacceptable, et contraire aux règles du civisme, et de notre idéal démocratique commun. L’agression dont a été victime hier le journaliste Zied Krichen devant le palais de Justice est à condamner avec fermeté ; tout doit être fait pour que cette dérive ne se reproduise plus. La Tunisie libre ne doit pas être régie ni par la loi de la Jungle, ni par la loi du Talion, mais par la LOI tout court, celle garante de justice et d’égalité. A ce jour, l’ensemble des Tunisiens, dans leurs différentes sensibilités et appartenances, sont appelés à adhérer à un nouveau contrat sociétal, leur permettant de cohabiter, loin des fanatismes de tous bords. Ces phénomènes qui s’enchaînent depuis le 14 janvier, sont l’illustration d’un peuple qui s’extériorise, s’exprime, montre qu’il existe, et qui veut faire entendre sa voix. Dans cette quête d’affirmation de soi, d’aucuns cherchent à imposer leur point de vue, à influencer la société et à l’orienter vers un modèle de pensée bien déterminé. Cette démarche, on peut la retrouver chez des groupes minoritaires, se proclamant de l’Islam, comme chez les extrémistes laïcs, qui cherchent à altérer l’identité arabo-musulmane de la Tunisie. Le peuple tunisien modéré et réconcilié avec sa religion et son arabité, n’a besoin ni des uns et des autres, pour retrouver son chemin. Car, il le connait très bien ; il ne cherche qu’à le raffermir et à le protéger de tous les dérapages pouvant le menacer. La société tunisienne doit, en revanche, pouvoir assimiler tous ses enfants, quelque extravagantes soient leurs idées, et les intégrer dans ce nouveau modèle de société que l’on cherche à bâtir. Cela ne se fera pas par la diabolisation et l’exclusion, mais par le dialogue et l’échange. Il faut qu’on apprenne à s’écouter mutuellement, sans se regarder comme des chiens de faïence. Certes, les années d’enfermement et de monolithisme ont fait beaucoup de torts à notre peuple, et ont été préjudiciables pour une jeunesse qui a grandi loin de toute culture de débat, et d’acceptation de l’autre. Il nous faut du temps pour réformer la société et la débarrasser de tous les vices de la dictature. Nous avons besoin, pour ce faire, d’études sociologiques sur les caractéristiques de la société tunisienne d’aujourd’hui, car, par moments, on se sent perdu, et incapable de définir à quoi ressemble notre société. Les médias, qu’on accuse à tort ou a raison, ne peuvent pas donner une idée précise et juste de ces transformations, car ils sont dans le factuel, l’immédiat, et parfois dans le subjectif et le partial ; leur travail est, par la force des choses, tronqué et ne peut guère constituer une référence. H.J. |
Commentaires
Ecrit par Musulman. 06-02-2012 12:00
En Islam, il n’existe aucune objection à la limitation temporelle de la fonction de celui qui est au pouvoir.
Dans le Hadith et La Syra, notre Prophète Mouhammed, qu’Allah Récompense, Bénisse et Salue, a désigné explicitement le compagnon Abou Bakr, qu’Allah Soit Satisfait de lui, pour le succéder dans la prière. Par la suite, les compagnons, qu’Allah Soit Satisfait d’eux, en ont conclu que c’est une désignation implicite pour la succession au poste du chef de l’état Islamique et l’ont appliquée sans aucune objection et d’un commun accord à l’unanimité.
Ce que vous appelez « salaf salah » n’est qu’une très petite partie des musulmans qui résident essentiellement en l’actuel royaume d’Arabie. Nous, sunnites du monde entier, sommes beaucoup plus « salaf salah » qu’eux et beaucoup plus « ahl sunna et jamaa » qu’eux. Ces wahabites ont leur vision du pouvoir qui est trop éloignée de l’Islam correct.
Les assassins des Califes n’étaient pas tous musulmans. Aussi, leurs assassinats ont été commandités par le juif abdallah ibn sabaa et alliés.
Ecrit par Royaliste 30-01-2012 20:14
avez vous une preuve coranique qui vous permet de dire que la succession en politique ne contredit pas l'Islam?
avez vous une preuve pour dire que Muhammad a nommé AbuBakr pour le succéder
pourquoi sur la question de l'alternance au pouvoir vous acceptez une approche moderne?
quel texte vous permez de changer les pratiques du Salaf essalah sur la question de l'alternance au pouvoir?
oui effectivement les musulmans étaient fonciérenment bon a l'époque, tellement bon , qu'ils ont massacré Abubakr,Omar, Othman, Ali, Husain...
Ecrit par Musulman. 30-01-2012 11:32
Combattre les signes religieux fait partie de la laïcité et c’est ce qu’ont fait bourguiba et ben ali. Le laïc bourguiba a déclaré sa laïcité au journal france soir en 1954. cherchez cet article dans la bibliothèque nationale et vérifiez.
Le port du Niqab a bel et bien été pratiqué en Tunisie et si vous n’êtes pas suffisamment âgé pour l’avoir constaté personnellement, ce ne sera jamais une preuve de son inexistence.
En 1961, le laïc bourguiba a appelé le peuple à ne pas jeûner le Ramadhan et avait obligé par la force les militaires, les élèves des internats et bien d’autres à ne pas jeûner. Avez-vous la mémoire courte ou bien êtes-vous né plus tard que 1961 ? Il avait promis au peuple des agréments de ces agissements par nos muftis les plus émérites en direct à la radio. Nos deux muftis Cheikh Mouhammed Tahar Bin Achour et Cheikh Abdelaziz Jaait sont intervenus pour le qualifier implicitement de mécréance. Et alors, le laïc de riposter le lendemain matin contre cette qualification qu’il a rejetée net et en disant qu’il n’avait pas imposé aux tunisiens « un robinet de lait à leurs bouches».
Ce que vous dites montre que vous ne connaissez pas de près les anciens ministres des affaires religieuses.
Le pèlerinage a été marginalisé et combattu par ben ali. Plus des deux tiers de pèlerins tunisiens sont âgés de plus de 80 ans et beaucoup y décèdent. Aussi, la grippe porcine n’a jamais justifié la suspension du pèlerinage ni scientifiquement, ni objectivement. Prenez comme preuve le fait que la Tunisie a été le seul et unique pays du monde à agir de la sorte. Les rapports médicaux font état des bienfaits de cette épidémie don notamment la réduction de 600 mille à 15 mille du nombre de décès par la grippe. Nous avons gagné 585 mille vies.
Comment expliquez-vous que peu de temps après le refoulement des oranges, le prix de ces voitures japonaises a considérablement augmenté ?
Il existe beaucoup de bons exemples de gouvernements Islamiques. Un exemple contemporain est Mouhammed Mahathir gouverneur musulman de Malaisie. Notre Prophète Mouhammed, qu’Allah Récompense, Bénisse et Salue, avait bien organisé sa succession en désignant le compagnon Abou Bakr, qu’Allah Soit Satisfait de lui. L’alternance au pouvoir est une condition nécessaire actuellement. Mais, au temps des compagnons, qu’Allah Soit Satisfait d’eux, les musulmans étaient très honnêtes et il n’y avait pas lieu d’imposer l’alternance au pouvoir.
Ecrit par Royaliste 28-01-2012 21:49
Bourguiba n'a jamais combattu le Niqab des tunisiennes par ce que le Niquab n'a jamais existé en Tunisie
Bourguiba n'a jamais obligé personne a ne pas faire Romdhan, il a suggéré sans plus. de meme il a tenu a garder des horaires administratives spéciales pendant le mois du jeune contrairement a ce qui se passe dans les pays laics.
Ben ali n'a jamais touché au pèlerinage des musulmans,
en 23 ans de règne, il a décidé 1 fois et pour causes factuelles et non idéologiques de suspendre le pèlerinage.
aucun ministre des affaires religieuses ne prie régulièrement.
je prie le tout puissant de pardonner ce que vous venez de dire.
quand la France a retourné les oranges, cela s'appelle mesures de rétorsion économiques, c'est des façons de faire pressions et il n'y a aucun lien avec quelconque accord secret entre Tunis et Paris. d'ailleur la Turquie va le faire pour Paris, aussi plusieurs peuples l'ont fait contre le Danemark.
donnez nous un exemple de pays qui gouverne avec l'Islam et ou les hommes sont épanoui?
la Norvége? la Suisse?
l'Islam n'a rien de politique, la preuve quand Muhammad est décédé il n'a donné aucune consigne ou outil ou plan pour organiser la succession politique et religieuse.
alors Monsieur, comment selon votre perception de l'Islam doit s'organiser l'alternance au pouvoir politique en Tunisie en 2012?
on doit garder (comme faisaient les sahabas) notre chef khalifa jusqu'a sa mort? oubien il y a un Hadith qui planifie cela?
Ecrit par Royaliste 28-01-2012 21:21
quand je fais un lien entre babsouika et Nahdha vous censurez!
quand j'utilise le mot criminel contre Ghannouchi et Mourou vous censurez!
mais quand on traite Bourguiba de criminel vous publiez.
laissez moi vous féliciter pour votre approche équitable, intègre, juste, neutre et objective
Ghannouchi a lui même reconnu des liens entre son organisation et les violence en Tunisie des années 80-90
NDLR
Nous ne permettons pas ce genre de qualificatif pour des hommes politiques, qu'ils soient en vie, ou décédés ; au pouvoir ou dans l'opposition...Parfois, certains "termes indésirables" échappent à notre vigilance. Merci.