"La tutelle arabe, on n'en veut plus"

La cause palestinienne se banalise. Elle n’émeut plus personne. La mort à petit feu et en direct de tout un peuple laisse honteusement placides ceux qui sont censés avoir une prise sur les événements. Les Palestiniens l’ont compris et demandent juste qu’on les libère de cette tutelle forcée qui leur est infligée.

Qu’Israël prenne tout un peuple en otage, qu’elle l’affame, l’assoiffe, le prive d’électricité, de fuel et de médicaments, ceci correspond tout à fait aux agissements d’un Etat voyou qui s’est construit sur les cadavres des Palestiniens et qui compte concrétiser ses visées expansionnistes en perpétuant les mêmes méthodes colonialistes et musclées. Que les pays arabes se complaisent dans leur silence complice, se limitant à des communiqués lapidaires et hypocritement compatissants, cela est on ne peut plus dans l’ordre des choses.

Que le monde dit civilisé, avec ses parrains de paix, ses organisations humanitaires, ses défenseurs des droits de l’homme, nous abreuve de déclarations protocolaires, appelant l’ami israélien à faire preuve d’indulgence, cela est tout aussi prévisible et conforme aux usages. Finalement, Tous les acteurs sont dans leur rôle. Peu importe si la tragédie de Gaza prend un virage dangereux- on en a connu d’autres diraient les plus désabusés- un drame de plus ou de moins ne changera en rien des événements planifiés et tranchés d’avance.

Pourtant, certains n’ont pas cessé, ces derniers temps, de nous rabâcher les oreilles par des discours sur l’activation du plan de paix, l’avènement prochain d’un Etat palestinien souverain et indépendant, et la cohabitation côte à côte de deux Etats, qui se respecteront l’un, l’autre sur la base de la sacro-sainte légalité internationale.

Des promesses oiseuses émanant d’un président américain dont le règne est tellement calamiteux qu’il n’a pas trouvé mieux que la Palestine pour en faire un épilogue glorieux. Mais entre la conférence d’Annapolis dont il est le principal à croire au succès, et sa tournée au Proche et Moyen Orient au cours de laquelle il a été accueilli en héros, tous les espoirs pour que la situation dans les territoires palestiniens, se décante un tant soit peu, se sont évaporés. Ils se sont en effet, dissipés au fur et à mesure que ces images d’embrassades et d’accolades défilaient entre l’invité américain et ses hôtes arabes. Ils ont disparu dans cette image pathétique où le Président américain faisait la danse traditionnelle avec un émir saoudien, le glaive sur le torse. Ils ont fondu dans ces injonctions diplomatiques adressées par le Président Bush aux dirigeants arabes pour qu’ils se rapprochent plus d’Israël afin de favoriser la paix…

Et ce n’est ni plus ni moins qu’une consécration de la pax americana qui fait valoir la sécurité suprême d’Israël et son hégémonie dans la région. Une paix factice et biaisée. Et personne parmi les acteurs censés être décisifs dans la résolution du conflit, ne semble avoir une quelconque intention pour rendre justice aux Palestiniens. Excepté, les Palestiniens eux-mêmes. D’ailleurs, tous l’ont compris. Ceux qui ont longtemps compté sur le sursaut des consciences arabes, n’y croient plus. Ils sont plus que jamais convaincus qu’ils sont seuls à livrer un combat contre un ennemi puissant et impitoyable, mais aussi contre les forces impérialistes et arabes qui en sont les principaux complices.

Les Palestiniens dénoncent une conspiration, mais se disent déterminés à la déjouer. Ils veulent juste qu’on les oublie et que l’on ne s’ingère plus dans leurs affaires. Les Palestiniens ne demandent plus de l’aide aux pays arabes, ils les conjurent seulement de les laisser se débrouiller seuls pour chasser les colons de leurs terres. Un sentiment général qu’un sexagénaire palestinien a ainsi exprimé sur l’une des chaînes arabes : « Que sa majesté le roi et son excellence le président nous laissent tranquilles et on saura s’en sortir tout seuls ».