Le nucléaire séduit la Tunisie et ses voisins maghrébins

Publié le Lundi 13 Septembre 2010 à 22:55
Le Maghreb promeut le nucléaire à des fins pacifiques. L’atome semble s’imposer au Maghreb comme alternative crédible aux énergies fossiles. Au cours de cette dernière période, les pays maghrébins se sont tournés vers la Russie, la France, le Canada,  l’Afrique du Sud et la Chine, en vue d’obtenir la technologie nucléaire et d’instaurer des réacteurs nucléaires leur permettant de couvrir leurs besoins en énergie, face au renchérissement des sources énergétiques traditionnelles. Tunis, Alger et Rabat ont obtenu l’accord de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) en vue de promouvoir le nucléaire et de l’utiliser à des fins civiles et pacifiques dans la production de l’électricité. Ces démarches qui paraissent, de prime abord, éparpillées plaident en faveur de la promotion de l’énergie nucléaire, malgré les objections des défenseurs de l’environnement. Le journal libanais al-Hayat a fait la lumière sur le programme nucléaire maghrébin.

L’Algérie a conçu un premier réacteur nucléaire avec l’aide de la Chine dans les années 90 du siècle dernier. Ce qui a suscité une vague de critiques en Occident, où les médias ont fait le lien entre l’initiative algérienne et les accusations adressées à l’époque à l’Irak au sujet de son programme nucléaire. Le réacteur nucléaire algérien,  baptisé "Assalam" (paix) d’une puissance de 15 MW, a démarré officiellement en décembre 1993. Premier du genre au Maghreb, ce réacteur fonctionne aux eaux lourdes, et est situé dans la région d’Aïn Oussera à 270 km du sud d’Alger.

Par ailleurs, l’Algérie a signé deux conventions avec l’AIEA, pour l’entretien de ses deux réacteurs  "Assalam" et "Nour". La  convention prévoyait, par ailleurs, la création d’un centre de recherches nucléaires dans la région de Bérine, ainsi que de laboratoires de cellules nucléaires chaudes. En 1997, l’Algérie et la Chine sont parvenues à un accord en vue de l’enrichissement de l’uranium à partir du nucléaire. L’Algérie a persévéré dans ce domaine via des conventions avec la Chine, la France, les Etats-Unis, l’Argentine, et l’Afrique du Sud. Elle envisage la création d’un réacteur nucléaire à l’horizon de 2020, et mise sur la construction d’un nouveau réacteur tous les cinq ans.

La Tunisie fait appel au savoir-faire russe

La solution nucléaire en tant que source énergétique est perçue comme une voie incontournable pour les pays maghrébins, notamment avec l’épuisement programmé des réserves de ces pays en pétrole et en gaz naturel. Chose qui les pousse  à planifier la création de centres de recherches nucléaires, et de réacteurs nucléaires et d’en développer progressivement la capacité.

Dans ce contexte, la Tunisie a demandé l’assistance de la Russie en matière de réalisation des études préliminaires afin de mettre au point "le programme tunisien de production d’énergie à partir du nucléaire". La Société tunisienne d’Electricité et du GAZ, STEG, a organisé l’année dernière une journée d’études en collaboration avec le centre national des  sciences et technologies nucléaires, et le centre nucléaire russe. Cette rencontre a succédé à trois conférences analogues auxquelles ont pris part des experts canadiens, français et sud-africains.

La Tunisie a mené entre 2001 et 2004 des études de faisabilité sur l’utilisation du nucléaire dans le dessalement des eaux et la production de l’électricité. Ces études ont montré que l’énergie nucléaire est moins coûteuse que l’énergie fossile, notamment avec la flambée des cours du pétrole et du gaz. En 2008, le Président français, Nicolas Sarkozy a signé à l’issue de sa visite officielle en Tunisie, un accord en vertu duquel le groupe nucléaire français, AREVA, fournit une assistance à la Tunisie en vue de l’instauration d’un réacteur nucléaire à l’horizon de 2020 pour la production de l’énergie électrique. Un comité d’experts a été constitué pour la concrétisation de ce projet qui sera érigé sur 800 hectares, avec des investissements de 3 millions de dinars. La centrale électronucléaire assurerait de 15 à 20 % du total de la production électrique du pays.

Pour sa part, le Maroc a annoncé dernièrement son intention de mettre en place un réacteur nucléaire à des fins pacifiques, en exprimant son attachement aux conventions de non-prolifération du nucléaire. En 2007, dans la foulée de la visite du Président Sarkozy au Maroc, l’Office Chérifien des Phosphates a signé avec le groupe nucléaire français AREVA une convention de coopération visant à extraire l’uranium du phosphore. Selon les experts de l’AIEA, le Maroc peut produire 6 millions de tonnes d’uranium suivant cette méthode.  

L’expérience libyenne dans ce domaine est la plus controversée, en ce sens qu’elle revêtait un aspect militaire. Après avoir fait l’objet pendant 7 ans de sanctions internationales entre 1992 et 1999, Tripoli a accepté d’abandonner son programme d’armement non-conventionnel, en contre partie d’une normalisation de ses relations avec les Etats-Unis.

Toujours est-il que les choix nucléaires maghrébins suscitent l’intérêt d’Israël, qui les suit attentivement. Au point qu’il s’est attaqué au programme nucléaire algérien au moment de son lancement. La dixième chaîne israélienne a même diffusé en août dernier un documentaire intitulé "le programme d’armement algérien".  

Gnet


 

Commentaires 

 
#8 autres solutions ??
Ecrit par Momo     18-09-2010 11:14
Tout d'abord je suis très partagé sur l'appel à la Russie pour assister notre pays, la Tunisie. N'oublions pas que c'est la technologie Russe dont était équipée Tchernobyl (entre autre) ! En terme d'argument commercial on peut faire mieux.
Je préfère le Canade ou la France, qui malgré des parcs nucléaires importants n'ont jamais connu d'accident majeur et disposent des technologie EP, EPR ou WPR 100 fois plus fiables.

Ensuite, le vrai problème de l'énergie c'est la consommation et non la production. Les énergies écologiques c'est très beau, très à la mode, très écolo ... Mais très peu productif tout de même, très honéreuses et instables. La question devrait se porter beaucoup plus sur la réduction de nos besoins. Et quand on voit simplement les abérations architecurales où on construit des immeubles et villa pleines de baies vitrées plein soleil qui sont des véritables fours, qu'il faut équiper de clim énergivores pour refroidir, on marche sur la tête. Ce n'est qu'un exemple.
On doit travailler en priorité sur une réduction massive de notre consommation et de nos habitudes. Le vrai futur est là !
 
 
#7 RE: Le nucléaire séduit la Tunisie et ses voisins maghrébins
Ecrit par el manchou     15-09-2010 11:10
mais on a le soleil, qu'est ce qu'on attend pour l'exploiter, il est inépuisable et propre
 
 
+1 #6 Non au nucléaire
Ecrit par Mahdi     15-09-2010 00:59
les pays du nord de l Europe lâchent de plus en plus le nucléaire pour des énergies plus propres et nous on fonce la tête en bas pour augmenter notre dépendance énergétique avec l étranger.

et bien sur aucun débat n'est offert au citoyen, il doit juste payer et applaudir
 
 
#5 Vive la médiocratie!
Ecrit par Algérienne     14-09-2010 12:35
Le projet Désertec est initié côté algérien par Rebrab, premier industriel du pays, qui prétend sortir l'Algérie du sous développement en dix ans et ce sur ses fonds propres, sans taper dans la caisse nationale, vous vous rendez compte, où on va comme ça? Hé ben pas question, l'Algérie doit rester au niveau de la Somalie, ah mais!
 
 
#4 RE: Le nucléaire séduit la Tunisie et ses voisins maghrébins
Ecrit par Atef     14-09-2010 09:13
''Un comité d’experts a été constitué pour la concrétisation de ce projet qui sera érigé sur 800 hectares, avec des investissements de 3 millions de dinars.''
je crois que vous voulez dire 3 Milliards de Dinars et non millions.
 
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