Tunisie/Femmes, Sihem Badi prône la révision de certaines lois du CSP |
Publié le Mercredi 07 Mars 2012 à 22:50 |
Toutes le disent quasiment en chœur : les femmes sont aujourd’hui au cœur du processus de transition dans les pays du printemps arabe, ou ceux qui sont encore en lutte contre les régimes en place. Leur perception est mitigée. Tout en étant confiantes dans leur capacité à pouvoir s’imposer en tant qu’actrices incontournables de la construction du présent et l’avenir, elles sont conscientes que le chemin sera semé d’embûches. "En tant que femme saoudienne, je reste fondamentalement optimiste sur la place et le rôle de la femme arabe dans les années à venir", dit Mona Khazindar, directrice générale de l'IMA. "Un an après ces printemps, chaque processus a abouti à des déterminants nationaux, chaque situation est particulière et il est présomptueux de prévoir les évolutions, mais les femmes sont de fait des actrices dans la construction de nos sociétés", indique-t-elle. Roselyne Bachelot souligne le rôle majeur joué par les femmes dans les pays arabes. "Elles ont descendu dans la rue pour dénoncer l'autoritarisme et exprimé leurs aspirations pour les libertés. Mais, rien n'est acquis pour elles". La ministre française des solidarités et de la cohésion sociale dit vouloir voir dans ce printemps arabe "une opportunité pour les femme", appelant "à combattre les violences faites aux femmes sous toutes ses formes : excision, viol, etc". "Sans égalité, il ne peut y avoir de construction démocratique véritablement pérenne", assure-t-elle, saluant l’engagement féministe dans la région arabe. "Dans les pays arabes, il y a des figures fortes, des femmes arabes qui ont joué un rôle important". "Il faut avoir une pensée pour les femmes qui n'ont pas bénéficié de ces printemps, Syrie, Iran, les femmes victimes de l'arbitraire des régimes en place", renchérit Jean-Baptiste Mattei, directeur général de la mondialisation, du développement et des partenariats au MAE français. Pour lui, "sans une meilleure reconnaissance des droits des femmes et de leur place dans la société, le printemps arabe reste inachevé". "Il faut faire en sorte que la transition renforce les droits et le statut des femmes", exhorte-il. "La Tunisie veut surprendre le monde" Sihem Badi, ministre tunisienne de la femme et de la famille, a elle usé de métaphores pour exprimer le changement survenu en Tunisie, et le rôle de la gent féminine dans son aboutissement. "Il y a eu un printemps arabe, mais ô combien l'hiver était long", souligne la ministre, s’attardant sur le long combat mené par les femmes tunisiennes contre la dictature et les régimes totalitaires. "Les femmes, toutes idéologies et appartenances politiques confondues, ont participé à la révolution. Elles étaient au premier rang main dans la main avec les hommes, pour faire disparaître à jamais la dictature et le despotisme. Les Tunisiennes ont irrigué de leur sang la terre tunisienne pour voir fleurir ce printemps arabe", relève-t-elle, lyrique. "La femme tunisienne est en train de participer à donner une autre ère à la Tunisie, et à réaliser un processus démocratique qui reste difficile", note Sihem Badi. Et d’ajouter : "On récupère un pays pillé et démuni. Mais, malgré les difficultés, on essaie de construire une Tunisie capable de résister à tous les efforts pour que le printemps ne dure pas longtemps". Sihem Badi évoque le statut du code personnel (CSP) qui "est unique dans le monde arabe", mais qui reste à consolider. "Des lois doivent être revisitées car elles ne sont pas suffisantes au 21ème siècle et à la femme tunisienne cultivée, éveillée, émancipée, qui a su penser et faire la révolution", assène-t-elle. "La femme tunisienne donne l'exemple au monde entier, la Tunisie veut surprendre le monde avec un modèle politique et social, fondé sur plus de justice pour la femme, chose qui n'est pas facile tout de suite". "Quelque soit sa condition, la femme n'est pas encore l'égale de l'homme, un long combat reste à mener", conclut-elle. "La Tunisie est musulmane à 99,99 %; ce n'est pas allé à contre-courant que d'être de sa culture et de sa religion, ce qui est à contre-courant c'est d'aller contre ses acquis", souligne-t-elle. Souhayr Belhassen pointe "l’ambiguïté" des nahdhaouis ; "ils disent qu'ils n'appliquent pas la charia, mais les faits sont là". "Parler de laïcité est un problème en Tunisie, car ceux qui la revendiquent appellent à la séparation entre la religion et la politique", estime-t-elle, prônant une universalité des droits. H.J
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Commentaires
Ecrit par HatemC 09-03-2012 13:48
Ecrit par Hammadi, 09-03-2012 12:57
Ecrit par CITOYEN 08-03-2012 21:33
Ecrit par Mehrez 08-03-2012 12:29
Oui c'est vrai le diagnostic du double langage d'Ennahdha est votre seule compétence.
J’aurais attendu d’une femme tunisienne dans un poste comme le votre, plus d’initiative, plus d’action envers toutes les femmes tout en gardant votre droit de vous opposez au gouvernement.