Tunisie/Affaire de trafic d’armes : Le président de la LPR s’explique

 

Le président de la ligue de la protection de la révolution, Mohamed Mâalej, est revenu sur plusieurs dossiers dans lesquels la LPR est pointée du doigt. L'affaire la plus récente remonte à mardi. Le site tunisien Nawaat a révélé qu'à part le promoteur immobilier, Fathi Dammak, aujourd'hui en état d'arrestation, le parti d'Ennahdha, certains ministres du gouvernement actuel et la LPR sont impliqués dans l'affaire de trafic d'armes et de planification d'assassinats d'hommes d'affaires et de journalistes : "Nous n'avons rien à avoir avec cette affaire et s'il y a une personne appartenant à notre ligue impliquée, elle n'a qu'à assumer sa responsabilité", a souligné notre interlocuteur.

 

Au cours de l'entretien, Mâalej a défendu la LPR. Mise à l'index à chaque débordement, cette dernière serait, selon lui, visée par les symboles de l'ancien régime et spécialement par Nidaa Tounes. Le parti présidé par l'ancien Premier ministre, Beji Caied Essebsi, a accusé la LPR, à plusieurs reprises. A commencer par les incidents qui ont eu lieu lors du meeting de Djerba.

Qualifiés de milices d'Ennahdha, les membres de la LPR seraient, selon Nidaa Tounes, derrière ces évènements. Interrogé sur cette affaire, Maâlej a récusé "ces accusations" : "Nous n'avons rien à voir avec les partis ! Si nous étions aussi proches d'Ennahdha, nous n'aurions pas demandé le limogeage de certains de ses ministres. Je tiens également à vous dire que nous n'avons pas de ligue régionale à Djerba et que certaines ligues ne font pas partie de notre association. Il faut que ce parti comprenne qu'il y a des gens qui sont contre lui".

 

Mâalej, qui estime que les problèmes ont commencé depuis l'apparition de Nidaa Tounes, est ensuite revenu sur les incidents de Kelibia et de Tatatouine, marqués par l'agression de Brahim Gassas et la mort de Lotfi Nagdh : "Nous attendons toujours le verdict concernant l'affaire Gassas. Jusqu'à aujourd'hui, quatre des six membres arrêtés ont été relâchés et s'il s'avère que les deux autres étaient impliqués, ils seront tout simplement écartés car notre ligue est contre tout appel à la violence. Pour ce qui est du défunt Lotfi Nagdh, qui a été, à mon avis manipulé par Nidaa Tounes, il faut que les gens sachent que ce jour là, il n'y avait pas que la LPR présente sur les lieux. D'autres ligues et associations faisaient partie de la manifestation, sans parler des infiltrés, payés par les contre-révolutionnaires. Ces gens cherchent à déstabiliser le pays, en l'absence de développement et de sécurité. Ceci poussera les gens à ne rien espérer de la révolution. C'est une catastrophe quand un mouvement de protestation se termine par la mort de quelqu'un ".

 

Le président de la LPR s’est ensuite dit déçu par la Troika. D’après lui, le peuple tient à défendre la révolution et à ce que ses objectifs soient atteints mais l’actuel gouvernement n’a pas tenu ses promesses : «Nous continuerons à défendre les objectifs de notre révolution surtout que le trio, qui s’est vu confier cette tâche, a échoué". Parmi les exemples cités, Maâlej a évoqué la loi portant l’immunisation de la révolution et le questionnement des symboles de l’ancien régime. Il a avoué détenir la preuve que ces derniers continuent à travailler au sein des ministères et que des dossiers ont été détruits durant la période où Caïd Essebsi était premier ministre : "Ce dernier a, à mon avis, miné le gouvernement actuel par des décisions handicapantes comme celle d’octroyer aux chômeurs l’indemnité "Amal".

Le président de la LPR ne s’est pas arrêté là. Selon lui, une autre affaire lui tient à cœur : "Je suis également inquiet quant à l’inscription de la criminalisation de la normalisation avec l'entité sioniste dans la constitution. Je pense qu’une pression externe est exercée actuellement pour que ce projet échoue. Ce qui est étonnant, c’est qu’Ismail Hanyeh a minimisé l’affaire lors de sa dernière visite en Tunisie. Ma réponse ? La Palestine concerne tous les musulmans, son avis importe peu".