P. Ménat, "la France va appuyer la Tunisie auprès de l’UE"

Publié le Dimanche 27 Septembre 2009 à 18:23
Interview du nouvel ambassadeur de France en Tunisie

Pierre Ménat, nouvel ambassadeur de France en Tunisie.Cela fait à peine quelques jours qu’il a pris ses quartiers en Tunisie. Pierre Ménat, nouvel ambassadeur de France en Tunisie a, pour sa première apparition publique, convié, samedi soir, Français et Tunisiens à une réception au jardin feutré de Dar al-Kamila à la Marsa, en l’honneur des participants au séminaire de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, OFII*.

Encore en train d’habiter ses nouvelles fonctions, et tout en rendant un hommage appuyé à son prédécesseur, le diplomate français revendique son propre style. Avec lui, ce sera, particulièrement, la diplomatie de la société civile, et la promotion de l’audiovisuel francophone en Tunisie. Aimable, Pierre Ménat a accepté d’en donner un avant-goût à Gnet, dans sa première déclaration à un média tunisien. Interview.


Dans quel esprit, vous entamez votre mission en Tunisie ?
Dans un esprit positif. Je voudrais saluer mon prédécesseur qui a fait un travail remarquable. Les relations entre la Tunisie et la France sont d’un niveau exceptionnel. Sur le plan politique, il y a eu différentes visites qui se sont traduites par des décisions. Cette coopération s’est illustrée également dans les instances internationales telles que les Nations unies, l’Union européenne et l’Union pour la Méditerranée, qui en constitue un cadre majeur.
Il y a aussi la coopération commerciale qui est très remarquable. La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie. La Tunisie est un pays en plein essor, et on parle d’ores et déjà du modèle de développement tunisien.
La coopération franco-tunisienne s’appuie sur plusieurs instruments. Force est de souligner, à ce titre, l’accord de gestion concertée des flux migratoires ; la Tunisie est le seul pays de la région avec lequel la France a signé un tel accord.

Quel est élan comptez-vous donner à cette coopération ?
Encore une fois, je salue mon prédécesseur. Bien évidemment, chacun a son style, sa méthode. Outre l’impulsion de la politique de coopération, le volet économique, politique etc., je voudrais qu’il y ait plus de contacts entre la diplomatie et la société civile. Je compte, à cet effet, mettre l’accent sur deux sujets qui intéressent les Tunisiens, hommes, femmes et jeunes.
Ma première idée concerne l’emploi. Elle s’inscrit dans le droit fil de l’accord sur la gestion concertée des migrations, avec l’élargissement à d’autres angles : cycle de formation, coopération universitaire, l’angle économique ; s’agissant des emplois créés avec les sociétés françaises en Tunisie. Il s’agit de donner plus de visibilité à ce qui a été fait, et qui le sera via la coopération franco-tunisienne sur l’emploi et la promotion de la francophonie.

Concrètement, qu’est-ce que vous comptez faire pour la promotion de la francophonie en Tunisie, notamment pour réconcilier les jeunes tunisiens avec la langue française ?
Il faut mettre l’accent sur l’intérêt de la francophonie. Il s’agit de leur dire que le français est utile pour trouver du travail, pour aller en France etc. La francophonie ne peut se fonder que sur l’histoire et la France est le berceau naturel de la francophonie. Il est vrai que la francophonie est en train de perdre du terrain dans certaines régions du monde, il serait impératif de la consolider dans les pays où elle reste puissante.
La deuxième idée est en rapport avec la première, et consiste à promouvoir le réseau de l’audiovisuel francophone. Il y a certes des enjeux économiques derrière, mais nous pouvons y travailler.
La France va également appuyer la Tunisie auprès de l’Union européenne. Il n’y a pas de raison pour que la Tunisie ne soit pas plus reconnue par l’Europe. D’autant que la Tunisie est un bon élève au regard de ses résultats économiques.

La Tunisie aspire à un statut de partenaire privilégié…
Effectivement, elle y aspire. Des discussions sont en cours. La France attendra la présidence espagnole, et l’adoption, on l’espère, du traité de Lisbonne, pour appuyer la Tunisie afin qu’elle accède finalement au statut de partenaire privilégié avec l’Union européenne.

Où se situent les blocages ?
Il ne s’agit pas de blocages. Mais, les discussions n’ont pas encore atteint le même degré d’avancement qu’avec les autres pays. Sur le plan commercial, la coopération entre la Tunisie et l’Union européenne a réalisé des avancées, a fortiori, avec l’entrée en vigueur de l’accord d’association tuniso-européen. Reste maintenant à travailler sur de nouveaux accords pour que les produits tunisiens puissent accéder, en termes plus importants, sur le marché européen. L’Union européenne doit donner plus à la Tunisie, et la Tunisie doit prendre des engagements.

Quels types d’engagements ?
Il s’agit d’aller plus loin et prendre des engagements supplémentaires en matière de normes techniques commerciales. C'est-à-dire, participer à des programmes de recherche en matière de santé, d’énergie, d’industrie, etc.

Vous avez évoqué tout à l’heure l’Union pour la Méditerranée, comme cadre majeur de coopération. Mais, cette Union semble marquer le pas ?
S’agissant de l’Union pour la Méditerranée, il faut retenir trois volets. Le volet du processus de Barcelone qui est sous la houlette de l’Union pour la Méditerranée. Ce volet renferme le programme indicatif national (PIN) qui consacre 84 millions d’euros pour la Tunisie, ce qui n’est pas mal, les accords d’association avec l’Union européenne…
Le deuxième volet a trait aux projets régionaux qui seront développés par le nouveau secrétariat qui siègera à Barcelone, entendez par là : le solaire, la protection de l’environnement, etc.
le troisième volet, politique, se heurte à un problème central qui est celui du Proche-Orient. Ce n'est naturellement pas parce qu'on a créé l'UPM que le conflit israélo-arabe va disparaître par miracle. Malgré tout, les choses avancent et d'ailleurs une réunion ministérielle importante va se tenir en novembre à Istanbul.
D’ici la fin de l’année, le secrétariat sera créé. Ce qui donnera une dimension plus concrète à l’UPM. Mais, pour le problème politique, cela ne va pas se résoudre en un jour. Plus on aura des intérêts communs, plus on aura des facteurs de réussite. Regardez l’exemple franco-allemand , voire l’idée de l’Union européenne. Après trois guerres dramatiques, et après tant de destructions, les relations ont pu depuis 1945 évoluer et les résultats sont là pour le prouver.

Mais le contexte est différent, d’autant que les rapports entre les deux rives demeurent inégalitaires ?
Bien évidemment que le contexte est différent, les relations sont inégalitaires, sinon conflictuelles. Mais, on ne doit pas baisser les bras, et attendre les bonnes solutions. Ce serait une attitude irresponsable. L’idée de la France est de favoriser l’intégration méditerranéenne pour accélérer la résolution du conflit, c’est une démarche on ne peut plus porteuse, a fortiori, avec la nouvelle administration de Barack Obama.

La Tunisie s’apprête à vivre, le 25 octobre prochain, des élections présidentielles et législatives. Quelle perception en avez-vous ?
Je souhaite le meilleur pour les Tunisiens.



 

Commentaires 

 
#9 @Dali
Ecrit par Cinoche     05-10-2009 18:32
Bravo Dali, je suis entièrement d'accord avec toi.
A tous ceux qui ne connaissent rien à la France, et qui pour justifier leur ignorance balancent à tout bout de champs le cliché du "franchouillard" qui n'aiment pas les arabes (et on ne peut vraiment pas lui donner tort parfois !!!), je leur conseille de commencer par balayer devant leur porte.
Quand on voit le comportement honteux d'un certain nombre de nos concitoyens vis à vis des travailleurs africains dans notre pays, il n'y a pas de quoi être fiers et encore moins de quoi aller donner des leçons d'ouverture et de tolérance aux autres (et surtout pas aux français).
 
 
#8
Ecrit par lassaad     29-09-2009 09:33
Dommage, on veut nous enfoncer encore ds la francophonie ce qui nous isolera plus du reste du monde...tout comme le sont les Francais
 
 
#7 minute de reflexion
Ecrit par Cmoi     28-09-2009 15:15
je suis contre ce nouveau style de colonisation economique et educative, avec le soit disant partenariat entre societé et aussi le selection de nos jeunes diplomés,on dirait un souk et on choisit des betes avec tous mes respects au intello tunisien .mais un grand MAIS,qu'on je vois que nous ,tunisien, on prefere Monsieur john et francois a la place de belgecem et mohamed, ca me fait mal tres mal....!!!?
 
 
#6 @TUNISIEN
Ecrit par dali     28-09-2009 12:13
La france s\'en tire bcp mieux que l\'angleterre et au meme niveau que l\'allemagne...
dire que c\'est un mauvais pays Europeen c\'est vrt etre à coté de la plaque...les liens tuniso-francais sont extrement fort que ce soit economiquement que socialement...alors à mon avis il faut aller plus loin encore dans cette synergie et essayer de trouver d\'autre partenaires aussi fiable ailleurs...pourquoi pas les Etats unis ou des pays du Sud Est asiat!

pour ce qui est du Racisme ... et des Tunisiens vivants la bas (comme moi) je vois pas de quel racisme tu parle..il y\'en a mais bcp moins que le racisme ambiant en Tunisie pour des Subsaharien par exple...et j\'en suis desolé
 
 
#5 Bonne chance pierrot
Ecrit par Zarglayoun     28-09-2009 10:11
Espérons pour lui qu'il sache faire la différence entre les yoghourts et les oigours, contrairement à son chef (le ministre des affaires étrangères, kouchi l'éthiopien).
 
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