Tunisie : Avocats et pharmaciens, la contestation mode BCBG ! |
Publié le Mardi 22 Novembre 2016 à 16:24 |
![]() La loi de finances 2017 continue à susciter des grincements de dents, et à cristalliser les colères. Ce texte dénué de toute nouvelle imposition, comme ne cesse de le répéter le gouvernement, qui le présente, par ailleurs, comme un début de rétablissement de la finance publique et de redressement des équilibres budgétaires, serait, aux yeux de certaines professions, préjudiciable et inéquitable. Les avocats et les pharmaciens prévoient des rassemblements demain devant le palais du Bardo, pour dire leur rejet du PLF 2017. Les premiers entament ce mercredi 23 novembre une grève générale pouvant être ouverte ; les seconds envisagent une grève générale avec fermeture des pharmacies, dont la date sera fixée ultérieurement. Entretemps, la centrale syndicale hausse le ton. Son Secrétaire Général, Hassine Abassi, a fait assumer, hier lundi à Sousse, au gouvernement de Youssef Chahed les suites fâcheuses, s’il venait à se rétracter sur les engagements antérieurs, au sujet du versement des majorations salariales au titre de 2017. "Le renoncement injustifié du gouvernement aux précédents engagements dont la teneur a été publiée au Journal Officiel est de nature à menacer la stabilité sociale, à attenter à la crédibilité du dialogue entre les partenaires sociaux, et à secouer la confiance entre eux", a fulminé Abassi. Le climat social est délétère, et l’irritation est générale, à l’heure où les débats budgétaires suivent leur cours à l’ARP, passant en revue le budget de l’Etat ministère par ministère jusqu'à arriver à la discussion et l’adoption de la loi de finances une dernière étape désormais redoutée, et où le gouvernement planche sur la préparation de la conférence internationale sur l’investissement, que l’on dit salvatrice pour l’économie nationale. Cette période de crispation sociale intervient au moment où tous les indicateurs sont au rouge en termes de chômage, de précarité, de déséquilibre régional, d’injustices sociales, de dégradation de pouvoir d’achat, et où l’ascenseur social est en panne. Elle survient, aussi, dans une période de sinistrose populaire. Des élites en colère, ne touche pas à mes privilèges ! Que les élites soient à l’origine de la première étincelle de contestation en cette fin d’année, étonne et inquiète à la fois. L’étonnement tient au fait, que de pareils corps de métier, à l’instar des avocats et pharmaciens, vivent en majorité une certaine aisance sociale, et ont un niveau de vie supérieur à la majorité écrasante des Tunisiens, pour la plupart des salariés qui peinent à joindre les deux bouts et qui assument le plus de charges envers l’Etat, dans la mesure où les impôts leur sont déduits à la source. L’inquiétude tient au risque de contagion, au fait que la fièvre contestatrice gagne d’autres secteurs de métiers, notamment à l’approche du mois de janvier connu pour être chaud et au cours duquel le pays a vécu par le passé de nombreux épisodes troubles, dont on n’ose même pas imaginer les conséquences, s’ils surviennent en cette étape fort critique. Les bras de fer, et les tensions ne mèneront nulle part, et ne feront qu’envenimer la situation. Tout autant que le spectre de déstabilisation agité par la centrale syndicale. Le pays est aujourd’hui à la croisée des chemins : Soit l’on se résout à aplanir les différends et à gérer les difficultés suivant une approche de dialogue et de concertation, avec des prédispositions au sacrifice et au consensus, soit on choisit l’obstination et l’entêtement tant du côté de l’Etat, que des partenaires sociaux et des différentes professions, et on ira droit dans le mur. Les avocats feront mieux d’accomplir leur noble mission, celle de défendre les opprimés et de contribuer à instaurer la justice, et les pharmaciens gagneront à renoncer à l’idée de fermer leurs pharmacies pour continuer à dispenser des services vitaux aux Tunisiens, à assurer les médicaments aux malades, à calmer leurs douleurs et à préserver leur santé et leur vie. La Tunisie souffre et gémit, après que ses enfants ont été tant injustes à son égard, après avoir lourdement supporté les effets indésirables et les contre-indications d’une overdose contestataire. Elle a le plus besoin, à ce stade, de qui assurer sa défense, et guérir ses maux, avec désintéressement et en se préoccupant beaucoup plus de l'intérêt de la collectivité que de soi-même. H.J.
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Commentaires
Ecrit par Abou Kenza 24-11-2016 14:47
Ecrit par Atef 23-11-2016 21:49