Tunisie : L'environnement menacé, et des difficultés à tous les niveaux

Publié le Mercredi 05 Juin 2013 à 17:35
Vue de la conférence de presse. Le ministre de l’Equipement et de l’Environnement, Mohamed Salmane, a exposé ce matin à l’occasion de la Journée Internationale de l’environnement, la situation environnementale durant l’année 2012, et les priorités de l’année 2013.

Le ministre s’est voulu être franc, comme il l’a déclaré au début de la conférence de presse, en exposant les réalisations, mais aussi les défaillances dans le domaine de la protection de l’environnement. «La Situation écologique actuelle est le résultat de plusieurs déficiences accumulées par le secteur de l’industrie, durant plusieurs années. Plusieurs projets ont été réalisés sans accorder d’importance à la protection de l’environnement et de la santé, dans les régions qui les entourent…à l’instar de Ghannouch, du bassin minier de Gafsa, des usines de papier à Kasserine, du lac de Bizerte… », a dit le ministre, avant d’ajouter que d’autres défaillances conjoncturelles ont été relevées durant la révolution, comme celles de la gestion des décharges publiques (Mornag, Ksour Essaf, Djerba Guellala, Jeradou…), mais aussi des défaillances dans le domaine public maritime (DPM), et dans les zones protégées (Ichkeul, Chaâmbi…).

En Tunisie, la situation actuelle est telle que 2.2 millions de tonnes d’ordures ménagères sont produites chaque année, 150 mille tonnes de déchets industriels, 52 mille tonnes de déchets de conditionnement et de packaging, et 16 mille tonnes de déchets hospitaliers.

Les autorités se chargent de la gestion de 73% des déchets ménagers, de 150 mille tonnes des déchets industriels, tandis que 7 unités sont destinées à la gestion des déchets recyclables.

Mohamed Salmane a évoqué les difficultés auxquelles sont confrontées les autorités en ce qui concerne la collecte et le transport de ces déchets.  « Il existe des difficultés techniques, comme le fait que les déchets ménagers, hospitaliers et industriels soient tous mélangés, mais aussi l’amoncellement des déchets de construction, de démolition et de travaux publics…et on y ajoute la rareté des ressources municipales, si l’on considère que l’enlèvement et le transport des ordures coûte environ 30% du budget d’une municipalité », a-t-il expliqué. Selon le ministre, la gestion des dépotoirs coûte 35 millions de dinars par an.

 Au sujet du centre de Guellala qui été abandonné, le ministre précise que celui-ci n’est pas encore clôturé « de manière scientifique...et pour ce faire il faut recouvrir avec un matérieau étanche, ensuite avec un terreau fertile, et y dresser des cheminées pour faire évacuer les gaz...mais les habitants de la région ont refusé qu'on continue les travaux », a-t-il expliqué.

Le ministre ajoute que la gestion des déchets n’était pas la seule responsabilité de son ministère mais celle de tous les citoyens et du ministère de l’Intérieur : « Nous avons récemment vidé et arrangé un dépotoir anarchique au centre-ville de Tunis, quelques temps après, des camions venaient y déverser de nouveau des déchets de construction…Nous sommes en train de réfléchir à des moyens de dissuasion, et appelons le ministère de l’Intérieur à nous y aider », a-t-il dit.

Ceci étant, le ministre a parlé d’ interventions urgentes, qui débuteront au mois de juin 2013, et qui auront lieu dans le gouvernorat de Tunis, Ariana, Ben Arous, Nabeul, Kasserine, Gabès, et Gafsa, Manouba, Medenine, Kebili, Kairouan, Sidi Bouzid et Tozeur. Une campagne dont le but est la gestion des déchets de démolition et de construction, et dont le coût est estimé à 3.5 millions de dinars.

20 mille hectares de terres recouvertes d’eau chaque année

L’environnement est aussi une question d’eau. Au sujet de l’assainissement des eaux,  la Tunisie possède 110 stations d’assainissement, avec 5.8 millions d’habitants qui y sont raccordés.  Ces stations ont traité 240 millions de mètres cube d’eaux usagées en 2012, soit 85% de la consommation d’eau dans les régions desservies.  Seulement 26% des eaux assainies sont réutilisées, tandis que 74% sont déversées dans la mer ou en milieu naturel.

Actuellement la capacité de traiter les eaux usagées industrielles est très restreinte, sans compter que 1700 unités industrielles sont non connectées au réseau d’assainissement et que souvent les eaux en provenance de l’usage domestique se trouvent mélangées aux eaux industrielles.

Par ailleurs, le ministère de l’Equipement et de l’Environnement reconnait le faible raccordement des zones rurales au réseau des eaux usagées, pour  absence de rentabilité dans les régions très peu peuplées (moins de 10 000 habitants).

Le ministre annonce toutefois que de nouvelles stations d’assainissement sont en cours de réalisation à Menzel Temim, Tazarka, Somâa, Mâamoura,  Menzel Bouzalfa, Gafsa, Nefta et ailleurs.  Dix-sept autres stations seront réhabilitées ou agrandies, comme à Sahline, Ouardanine, El Jem, Mahdia, Gafsa, Nefta…

Par ailleurs, Il arrive que l’eau provoque des dégâts importants, voire graves.  Le ministre a déclaré que 52% des terres tunisiennes sont très sensibles à l’érosion par l’eau, et 47% à l’érosion par le vent.  « Environ 20 mille hectares de terres fertiles se perdent chaque année, à cause de l’érosion par l’eau, les inondations, ou l’extension urbaine…un chiffre très alarmant », a-t-il dit.

Le ministre a enfin relevé un nombre de problèmes environnementaux auxquels doit faire face la Tunisie, comme la rareté des zones protégées, l’exposition de la faune et la flore à des agressions, (Ichkeul et Châambi), l’érosion des côtes, la hausse des exactions commises à l’encontre des ressources naturelles (320 en 2012), et la hausse du nombre de constructions anarchiques et illégales sur les terrains publics et zones balnéaires, depuis le début de la révolution.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+4 #1 Corruption, plus grand ennemi de notre environnement !
Ecrit par Fan-Club     06-06-2013 05:16
Le ministre s’est voulu franc mais n’a pas “sorti” le MOT!

La CORRUPTION au sein des secteurs de l'environnement a toujours été (AVANT, PENDANT ET APRES LA REVOLUTION)l’effet le plus dévastateur sur notre environnement.

La Tunisie a bien adopté des textes de lois pour le respect de l'environnement mais la corruption a toujours faussé l'application de ce type de lois.
Sous ZABA, les pratiques illégales variaient du détournement lors de la mise en œuvre de programmes environnementaux à l'octroie de permis & licences d'exploitation de ressources naturelles quand ce n’est pas simplement ...vendre des sites protégés.

Depuis 2 ans, c’est plutot l’absence d’autorité et / ou à la petite corruption des agents municipaux ou des forces de l'ordre.

Le ministre a raison de souligner le manque de civisme flagrant au sein de notre société. Le pauvre LABIB y a perdu son latin! Seule l’application stricte des régulations en matière d'anti-corruption et de protection de l'environnement empêcheront de telles pratiques & activités de se poursuivre.
 
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