Tunisie, nos politiques et la crise des valeurs

Publié le Mercredi 17 Août 2011 à 14:07
Le paysage politique est en pleine effervescence, ses contours ne se sont pas encore clarifiés. Tout le monde attend impatiemment la tenue avec succès des élections de l’Assemblée nationale constituante pour y voir plus clair.

A un peu plus de deux mois du scrutin, le bouillonnement politique ne faiblit pas. Hantés par l’échéance du 23 octobre, les partis politiques revoient leurs structures et organisent leurs troupes. Certains se constituent dans des alliances, d’autres signent des plateformes d’action commune, au nom du principe de l’union fait la force, d’aucuns préfèrent néanmoins faire cavalier seul, dans le but de mesurer leur vrai poids lors de la première consultation électorale  de l’histoire de la Tunisie, que l’on veut démocratique, libre et transparente.

Dans ce processus de gestation, on a tendance, par moments, d’être saisis par un sentiment d’inquiétude, voire d’angoisse face au flou ambiant. Inintelligible, le débat politique ne fait pas ressortir des idées claires, et des propositions pragmatiques pour sortir le pays de l’ornière. Nous sommes plutôt face à des acteurs politiques, dont la plupart sont beaux parleurs, qui fustigent les dysfonctionnements,  subliment les idéaux, rappelant, à qui a tendance de l’oublier, les objectifs pour lesquels cette révolution a été faite, et qui tardent à être traduits dans les faits. Nous sommes encore dans la phase du rejet et de l’indignation, et non au stade de l’action claire et engagée.

Sans nul doute, tout le monde est, à l’heure qu’il est, d’accord que les souhaits et les revendications exprimés en chœur par le peuple tunisien un certain 14 janvier 2011, sont encore des vœux pieux. Le peuple s'est juré le 14 janvier à signer la rupture avec le passé et à jeter les bases d’un présent, où le citoyen serait au centre de tout processus de reconstruction. Or depuis, le Tunisien qui passe d’un statut de sujet à celui de citoyen ne se sent pas réellement en symbiose avec la classe politique, qu’elle soit dirigeante ou "partisane", puisqu’il ne convient pas de parler dans la configuration actuelle, d’opposition. Excepté, ces mouvements de contestation organisés de temps à autre et qui se veulent être les échos de la revendication populaire ; acteurs politiques, forces vives et classes populaires ne semblent pas encore regarder dans la même direction, ni exprimer les mêmes préoccupations.

Alors que l’idée d’accéder au pouvoir taraude des politiques de tous bords, des catégories sociales souffrant des affres de l’indigence revendiquent seulement le droit à une vie digne et décente. Le hiatus est large, mais accordons quand même un préjugé favorable à nos politiques, et dirigeons-nous en masse aux urnes le 23 octobre.

La Tunisie vit aujourd’hui une phase charnière de son histoire, celle du passage d’un système despotique à un système démocratique. Ces sept mois devaient donc être ceux du démantèlement, et de l’épuration pour substituer au climat délétère un climat sain. Il n’en est rien,  le climat délétère perdure ; la permissivité, voire le laxisme envers les symboles de l’ancien régime ne sont que la partie apparente de l’iceberg. Les problèmes sont encore plus profonds, ils sont d’ordre culturel, moral et civique.

Les vieux réflexes persistent dans les différentes sphères de la vie courante, les égoïsmes se sont exacerbés avec ce sentiment que chacun est plus légitime que l’autre ; les uns et les autres ne cessent de se discréditer mutuellement. Ce constat est très perceptible sur la scène publique. Dans les débats médiatiques, les invités se regardent en chiens de faïence, chacun bombe le torse, et croit qu’en élevant la voix et en gesticulant, il paraîtrait plus fort et crédible et remportera la partie. Et l’humilité dans tout ça ? Eh bien, elle est aux abonnés absents. Et le désintéressement ? Il semble, que c’est le propre des ingénus.   

Autant dire que le sursaut dans les consciences et les mentalités ne s’est pas encore fait. C’est là, une condition sine qua non pour reconstruire sur des bases solides. Le respect des valeurs et des principes est le ciment qui fédère les peuples et leurs personnalités publiques, dans les pays dits développés. Les valeurs ne sont pas à géométrie variable, et ne souffrent pas de deux poids, deux mesures, sinon, c’est la porte ouverte à toutes les dérives.

Les  slogans brandis à l’envi, celles de l’égalité, de la justice, de la dignité, sous-tendent des attitudes plus mesurées et moins arrogantes et égocentriques. Si nos politiques, pour ne citer qu’eux, sont rattrapés par ces maux dès maintenant, que dire lorsqu’ils détiendront les rênes du pouvoir. Ne dit-on pas que le pouvoir corrompt ? Que Dieu nous en préserve.  

H.J.

 

Commentaires 

 
#8 Le leurre !
Ecrit par Con     18-08-2011 11:52
Y'a-t-il un seul politique "rajel" ou "Mraa" capable de dire aux tunisien : même si je viendrai au pouvoir, rien sera magique, à moins de circonstances très très favorable (départ de Kaddafi et et ouverture de la Libye aux tunisiens).
Ce "rajel" hypothétique sera-t-il capable de dire : à moins de cela la majorité des chômeurs resteront dans leur chômage des années durant encore.
Nos fous politiques, et assoiffés des postes politiques, au contraire, promettent parfois monts et merveilles. Ce qui démontre leur ignorance et leur bas niveau. Ils sont degueuuulasses. Je les méprise et ils me donnent tout le temps envie de dégueuuuuler ! Khiiiiiit !
 
 
#7 De queeeels politiques vous parlez ?!
Ecrit par Con     18-08-2011 11:43
Politiques ! On ose parler de politique chez nous ! Ce cireurs de chaussures à Nasra sont des politiques !? Si au moins il valait quelque chose ce monsieur. Il ne lui manque plus qu'un turban sur la tête et un harem pour qu'il soit roi "Fasek" des années 400.
Quand on entend un soit disant politique parler de Nasra comme il le faisait, on se demande si on est pas encore au temps de Ben Ali ou Bourguiba. Ce gar a pourtant été passé à tabac pour sa présumée participation à l'affair "Barraket Essahel".
Quand on entend des gens comme ça parler et qu'on ose les qualifier de "politique" on a envie de dégueuler, faire ses valises et quitter définitivement ce pays.
 
 
#6 RE: Tunisie, nos politiques et la crise des valeurs
Ecrit par qqun     17-08-2011 21:27
A propos de ca H.J.

J'aime la brutalité, la vulgarite du tunisien et de son langage. Ca ce n'est pas un defaut. le Tunisien est paisible malgres les apparences ... et Nous finirons par s'accepter ...
Ce que j'aime pas c'est l'esprit trop intuitif et mal organiser du Tunisien. Ce qui est drole que je suis le premier a etre comme ca ..
(L'intuition montre une certaine richesse , mais une fois son contenu non classé , priorisé, elle devient un defaut ... )
Sans definir notre identité , nos valeurs, nous ne pouvons pas passer a d'autres sujets.
La liberté, l'Islam , Le progres...

Ce que vous pensez etre une perte de temps ne l'est peut etre pas ....
 
 
-2 #5 a Yècine
Ecrit par we7ed     17-08-2011 19:22
tel que je le vois 90% du peuple tunisien est malade le reve de democratie est bcp plus proche du delire que du domaine du reve. mais bon bon courage a tous ceux ki veulent vraiment contribuer a resoudre ce probleme
 
 
-3 #4 confiance
Ecrit par we7ed     17-08-2011 19:19
personnellement je voterai blanc tant que je verrai la corruption dans les pratiques journaliere des tunisiens. ( corruption pas necessairement de l'argent en contre partie ble3arbi el 9adhyet a9dhili wou na9dhilek... tant ke ca existe on est entrain de nous voiler la face alors ne revez pas un jour de voir une democratie en tunisie dans le futur proche) comment voulez vous etre optimiste?
 
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