Tunisie, Slim Tlatli reproche aux hôteliers leur inaction

Publié le Jeudi 20 Mai 2010 à 23:00
Slim Tlatli, ministre du Tourisme et son attaché de presse. La nature a horreur du vide. Si les tours-opérateurs sont en position dominante sur le marché tunisien, c’est parce que les hôteliers leur laissent le champ libre, étant totalement absents, notamment du canal web qui révolutionne l’industrie touristique dans le monde.

Les tours-opérateurs sont dans une situation quasi-monopolistique sur le marché tunisien. Quatre TO font venir 80 % de touristes allemands vers la Tunisie et trois TO ramènent 60 % de Français vers nos contrées, a indiqué Slim Tlatli, ministre du Tourisme, lors d’une rencontre improvisée avec les médias en marge de la présentation, ce matin (jeudi) à Gammarth d’une étude sur les " métiers et valeur ajoutée du tour-opérateur : quelles évolutions ?", conduite par le centre d'études des Tours opérateurs français (CETO).

Le tour-operating, un secteur en pleine mutation vu la nouvelle donne touristique, caractérisée par l’émergence des compagnies Low Cost et du développement fulgurant du canal web dans l’industrie touristique. Le marché tunisien est lui aussi, dominé par les TO, et les réservations individuelles restent "epsilonesques", dixit le ministre du Tourisme, entendez par là insignifiantes. Cette mainmise des TO sur le marché tunisien fait grincer les dents des professionnels du Tourisme. Aux yeux du ministre du Tourisme, "les hôteliers se plaignent, mais ne font rien pour sortir de cette posture de dépendance". Car, explique-t-il, à l’heure qu’il est, "tout passe par les TO et le canal du web.  D’où la nécessité de faire entrer la technologie en force dans le secteur touristique ; et nous avons des programmes au niveau du ministère pour encourager  l’utilisation des TIC".

Le tout est d’attirer plus de touristes, et de les fidéliser. Selon l’étude du CETO français, citée par Slim Tlatli, les touristes reviennent après 18 mois à la même agence, mais il n’est pas évident qu’ils demandent la même destination et le même hôtel. La fidélisation relève donc de la gageure. Mais voici un filon et non des moindres annoncé par le ministre : "à partir de cette saison tous les touristes qui séjournent dans nos hôtels seront invités à  laisser leurs adresses e-mails. Ainsi, on pourra constituer une base de données de 15 à 20 millions de clients, et leur envoyer en hiver notamment des e-mails de promotion". Rien ne vaut le contact direct en somme. Les TO l’ont compris et s’y attèlent, tout aussi que les agences en ligne. 70% des touristes européens choisissent leur destination à travers le Web, et Slim Tlatli le dit et redit "nous nous acheminons de plus en plus vers la publicité sur le web".

Nous avons besoin de comprendre les TO

Vue de la tribune du séminaire. Mais pourquoi présenter une étude sur les TO européens en Tunisie ? La réponse est toute simple. Les Tunisiens ont besoin de tout savoir sur les TO qui restent incontournables, en l’état actuel, sur notre marché. "Nous avons besoin de comprendre ces gens qui distribuent et vendent nos produits, leur nouvelle organisation et méthode de travail, leur évolution pour adapter notre politique de commercialisation, et faire éventuellement de la publicité conjointe", a souligné en substance Slim Tlatli, qui définit le TO comme un distributeur et un assembleur du produit touristique, vendant des packages.
 
Présentée par René Marc Chikhi, président du CETO et Alexis Gardy, du bureau d’études Roland Berger, (également chef de file de notre étude stratégique sur le tourisme à l’horizon de 2016), l’étude sur les " métiers et valeur ajoutée du tour-opérateur : quelles évolutions ?",  a révélé un secteur qui évolue et se reconfigure, dans un environnement en pleine mutation. L’émergence du low-cost et du canal web, permettant une accessibilité aux offres en temps réel, vient bouleverser l’industrie du voyage et la distribution du produit touristique. Le tour-operating en France reste toutefois, un secteur qui résiste et qui a une réelle stabilité et  résilience aux chocs extérieurs, soulignent-ils. "Les vacances sont un poste budgétaire préservé dans le portefeuille des Français, ce qui constitue un bon vivier pour les TO à exploiter. En temps de crise, qu’elle soit géopolitique, économique, sanitaire, ou naturelle, le client préfère reporter son voyage dans le temps, ou vers une autre destination que de l’abandonner totalement".

Les facteurs de succès pour les TO, ajoutent-ils sont la gestion et la maîtrise des stocks, la maîtrise du processus d’achat, la labellisation finale du produit, l'attractivité et la compétitivité du produit. Le client peut payer un peu plus cher pour un produit de qualité.  L’essentiel est de garantir, notamment en entrée de gamme, le juste prix et la juste qualité de service. Le haut de gamme, lui, peut être affecté par la baisse du train de vie dans les pays européens.

Evoquant la pérennité de l’action des TO, Alexis Gardy,  indique "Il y a des touristes qui cherchent un séjour à forfait dans les hôtels, et qui sont en quête de repos, détente et loisirs…c’est là où les TO peuvent pérenniser leur action, notamment sur des destinations, où ils constituent un point d’entrée unique. Mais, là où la pérennité est attaquée, c’est lorsque le client cherche du sur-mesure, et prend une certaine autonomie à organiser son voyage, là, il attend du TO des garanties financières et sécuritaires".

Ce faisant, l’investissement dans les nouvelles technologies reste "la bouée de sauvetage pour récupérer des parts de marché", grignotées par les TO en ligne. Les pays nordiques sont en avance en la matière, 52% de la distribution se fait en ligne. "Même Google, Apple et Microsoft cherchent à se positionner sur le marché du voyage", ce qui donne du fil à retordre aux TO qui sont de plus en plus enclins à la concentration avec l’émergence des oligopoles ; en Grande-Bretagne, deux acteurs accaparent 71 % du marché, en Allemagne, 3 acteurs se partagent 60 % du marché, en Italie, six acteurs représentent 80 % du marché et en France, 5 acteurs dominent 75 % du marché. Décidément, l’emprise des TO sur l’industrie touristique a encore de beaux jours devant elle, et nos hôteliers n’arriveront pas de sitôt au bout de leur peine, à moins qu’ils se résolvent à  être dans l’air du temps, en choisissant la fidélisation et la proximité du client à travers un seul outil : le web.


 

Commentaires 

 
#11 Situation general de notre secteur Hotelier
Ecrit par Hotels In tunisia     23-05-2010 18:07
Tres cher hotelier #7
Vous avez bien resumer la situation hotelier en Tunisie . Le Ministre a bien La Majority des propriters Hotelier .Ils Veulent gagnez de L'argent sans fournir le moindre effort . leurs majorites d'entre eux ne sont pas des vrai hoteliers et ils blameent toujours l'etat de ne rien faire pour eux.
Vraimnt dommage
 
 
#10 A mettre les .... sur les iiis
Ecrit par Le Tunisien     22-05-2010 20:47
Le dinar Tunisien est en perte de vitesse pour ne pas dire qu'il n'a plus de valeur et le Tunisien moyen ne pourrait jamais rentrer dans le circuit par manque de moyens.
Les Hôtels de*** et***** sont modeste avec une présentation médiocre qui n'est pas à la hauteur du tourisme mondial et mme national.
Trop de lacunes dans un décors de luxe, les services restent insuffisants.
Il est temps de revoir la stratégie.
 
 
#9 A éliminer les Besbessa
Ecrit par NB     22-05-2010 20:39
Avec les personnes qui gèrent le tourisme de notre pays, nous n'irons pas loin.Il faut bien changer de vitesse et mettre un nouveau sang avec des jeunes ambitieux. Les actions sont sur mesure pour des personnes qui ne cherchent que l'argent et l'arnaque dans tous les sens.
Le niveau reste bas et nous ne pouvons pas faire mieux. La stratégie n'est pas claire dont nous avons attiré encore une fois l'attention des autorités sur ses colonnes. La commission qui a été chargée de la réforme reste en veilleuse et sans intervention que pour vendre le produit médiocre de notre tourisme Tunisien.
Les autorités compétentes doivent mettre le l'eau bien glacé dans les verres et le train n'a pas démarré de la station. C'est ridicule. Le tourisme Tunisien mérite mieux...
 
 
#8 Paroles, Réunions et Inaction
Ecrit par Mahdi     22-05-2010 15:10
Pourquoi faire appel a des firmes étrangères pour nous dire quel tourisme nous voulons.

les problèmes nous les connaissons et le 1er d entre eux: l'Inaction des autorités
 
 
#7 hoteliers
Ecrit par habib     22-05-2010 09:24
Je suis d'accord avec si Slim TLATLI,il est allé droit but.Les hôteliers ont bénéficié des avantages de l'état mais ils sont restés stagnant parce qu'ils ne sont pas des professionnels et veulent tout gagner sans effort.Et les cotisations sociales Hadeth wa la harej
c'est ça nos hoteliers
 
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