Tunisie/ 1er mai : A bas grèves et chômage, vive le travail !

Publié le Jeudi 30 Avril 2015 à 18:14
Le travail à la fois un droit et un devoir. En cette conjoncture critique, où les difficultés et les défis s’amoncellent, de plus en plus de voix s’élèvent pour faire l’éloge du travail, comme principal remède à tous nos maux. Politiques, économistes et autre experts font de la nécessité de réhabiliter la valeur travail, et de réconcilier les Tunisiens avec le sens de l’effort et du labeur, un leitmotiv. Un discours qui semble tomber dans l’oreille d’un sourd, devant une marginalisation méthodique de ce qui est à la fois un devoir et un droit.

Le travail est un devoir. Une activité rétribuée, qu’elle soit dans le secteur public ou privé, exige de celui qui l’exerce obligations, et résultats. Il s’agit aussi d’un engagement moral, qui incite son auteur à s’acquitter convenablement des tâches qui lui incombent, et d’un élément d’épanouissement, et d’ascension sociale, garant de dignité.

Le travail donne un sens à la vie, et permet à qui l’exerce de se sentir utile, pour soi-même, les siens et la collectivité. Un peuple qui travaille, est un peuple qui progresse et fait progresser son pays. Le travail est le seul moyen de relever les challenges et de venir à bout des difficultés. C’est la seule voie d’instaurer une dynamique dans la société, de sortir du marasme, d’améliorer la production et la productivité, de parfaire la qualité du produit local afin qu’il puisse conquérir les marchés extérieurs, et de se frayer un chemin dans un contexte de mondialisation rudement compétitif.

Par le travail, on réussit à combler les déficits, à améliorer quantitativement et qualitativement les exportations, à redresser les déséquilibres budgétaires, à créer des richesses, à booster la croissance, à valoriser le dinar, et à choisir nos partenaires économiques, selon nos conditions, et non  les leurs. Par le labeur, on réduit notre dépendance de l’étranger, on réalise notre autosuffisance alimentaire, on préserve notre souveraineté et notre indépendance. Le travail a des effets magiques, pour peu qu’il soit considéré à sa juste mesure.

Il s’agit aussi d’un droit. Chaque citoyen et chaque citoyenne, en âge actif, doit pouvoir gagner sa vie honnêtement, par une profession, un métier qui corresponde à son niveau de compétence et à ses aptitudes. Selon des vécus différents, une scolarité poussée ou courte, tout un chacun doit avoir la chance de  faire son petit bonhomme de chemin dans l’univers actif et productif, gravir les échelons, enrichir son expérience pour pouvoir atteindre l’épanouissement requis, et mettre sa pierre à l’édifice. Le travail prémunit jeunes et moins jeunes des affres de l’oisiveté, et de leurs conséquences destructrices sur l’être, et la collectivité.

Le devoir et le droit que constitue le travail, ont été hélas profondément piétinés après la révolution. Le premier a été sacrifié sur l’autel de la glorification du droit à la grève. On a battu des records dignes du Guinness book à ce titre.

La grève est, désormais, l’épée de Damoclès que les différents secteurs d’activités ont usé et abusé, jusqu’à pervertir ce droit constitutionnel et le transformer d’un moyen d’améliorer les conditions de travail des travailleurs et de concrétiser leurs revendications légitimes, en un instrument de saper les fondements de l’économie. Des secteurs stratégiques ont été complètement laminés du fait de ces arrêts de travail récurrents et intempestifs, celui du phosphate et de ses quatre milliards de dinars de perte, est illustratif de la fuite en avant.  

Le droit au travail, l’une des principales revendications de la révolution, a été tout aussi bafoué, avec la montée sans précédent du chômage, notamment celui des diplômés du supérieur. Des énergies dilapidées, toute autant que le capital humain, notre principal atout. Des jeunes au summum de leur intelligence et de leur capacité physique et intellectuelle, sont là au mieux à remplir les cafés, au pire, à déraper du droit chemin en sombrant dans les délits et crimes, ou à se hasarder au péril de leur vie dans des embarcations de fortune pour rejoindre l’eldorado du Nord.  

Vivement une stratégie nationale pour la promotion du travail, comme rempart contre la déchéance individuelle et collective, et catalyseur de relance et de prospérité. C’est ce sur quoi il faut méditer à l’occasion de ce 1er Mai.

H.J.

 

Commentaires 

 
-1 #3 RE: Tunisie/ 1er mai : A bas grèves et chômage, vive le travail !
Ecrit par Volvert     03-05-2015 03:25
Des considérations sur le travail regarde comme forme et contenu proches des poncifs du discours économiste dominant. Le travail a revêtu des formes, des contenus très divers. Les techniques aidant, ses performances et rendements, aussi.
Il fut libérateur, exerce sous formes artisanales, permettant de pourvoir aux besoins de ceux qui s'y employaient, et par les échanges, rencontre ou crée des besoins sociaux...économiques.
Sous ses formes salariées, il a transformé les rapports de l'homme à son ouvrage, éloigné ou séparé le producteur du produit, rendu le travailleur étranger à son activité et à ses significations, bref, l'homme en devient un instrument lorsqu'il fut un créateur.
La grève, de moyen de revendication, elle apparait surtout comme la restauration de l'homme dans son être, créateur et propriétaire de sa force et intelligences, propriétaire de son labeur que le salaire ne peut équivaloir jamais, propriétaire, enfin, de soi.
Des lors, la grève revêt d'autres significations. Elle n'est plus réductible aux schèmes de l'economisme, elle serait une manifestation de l'humanité des travailleurs qui apparaissent en acteurs, penseurs de leur condition, se posant en égaux face aux puissants qui leur dénient même leur humanité, parfois.
Demandez aux salariés ce qu'ils pensent, et vous serez surpris par la hauteur de vues, la qualité des propos sur le réel du monde du travail. Cela contrebalancerait le discours unique des experts et savants en chambre, et rendrait au travail et son univers toute sa complexité.
 
 
#2 Penser bien cher Tunisien
Ecrit par Tounsi     02-05-2015 23:44
Travailler= Argents
Travailler= La vie
Travailler= Sante
Travailler= respect et amour
Travailler = Production
Gréve = la mort
Gréve = stresse
Gréve = la misère accentuée
Gréve = gaad = mettiki = berred the
Et c’est à toi de décider mon frère le Tunisien.
We kima Yakouloun: Lazouza hazezha elwad wa hia tkoule, el am am kheir.
Ya Rabbi ester Tounes ya rahmen.
 
 
-1 #1 prêcher par l'exemple:
Ecrit par Royaliste     01-05-2015 12:18
Allez y, redonnez au travail sa place.
publiez des histoires de ces jeunes qui créent, qui construisent, qui inventent.

Parlez nous de ces tunisiens qui lancent des projets, parlez nous des sucess story dues au travail, parlez aux clients des micro-crédits (enda-interarabe).

faites l'écho de l'optimisme, du dynamisme : une fois par semaine, publiez un article sur ces tunisiens qui réussissent grâce a leur travail
 
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