Tunisie/ Livre noir : Moncef Marzouki a failli à une double exigence

Publié le Jeudi 05 Décembre 2013 à 11:03
Moncef Marzouki Le livre noir de Moncef Marzouki continue à déchaîner les passions. Des journalistes, politiques, universitaires et autres personnalités publiques, ont tiré à boulets rouges sur ce livre, qui a choqué pour les dénigrements et l’intrusion dans la vie privée qu’il a contenus.

Samir Bettaieb s’en est pris ce matin au locataire de Carthage, le comparant "à un enfant qui veut attirer l’attention sur lui". Selon le porte-parole d’al-Massar, "Marzouki n’a pas le droit de gérer les archives de cette manière, et il l’a fait pour des considérations politiques et partisanes", selon ses dires.

Bettaieb a fustigé la démarche de Marzouki dans la mesure où elle a été "sélective", signalant qu’"il y a des noms qui ont travaillé avec Ben Ali et n’ont pas été mentionnés dans le livre noir, dans la mesure où ils ont continué à travailler avec la même méthode avec le régime actuel".

Le professeur de droit constitutionnel, Amine Mahfoudh, a déclaré hier sur Jawhra FM que la présidence de la République a transgressé la loi, avec la publication du livre noir, signalant que sa "responsabilité sera politique et pénale".

Le constitutionnaliste a expliqué que la présidence de la République a enfreint au moins deux lois, en l’occurrence, la loi de la gestion des archives et la loi sur la protection des données personnelles. "Marzouki a failli au serment qu’il a prêté lorsqu’il a accédé à sa fonction et s’est engagé à respecter les lois", a-t-il dit. "Chaque nom cité dans le livre noir a le droit d’intenter un procès contre le président de la République, Moncef Marzouki, a fortiori qu’il ne bénéficie pas de l’immunité à l’instar des députés de l’Assemblée nationale constituante", a-t-il souligné. Selon cet universitaire, "ces dépassements peuvent coûter à leurs auteurs deux années de prison, au moins".

Amine Mahfoudh a déclaré qu’"il est du droit du peuple tunisien après la révolution du 14 janvier de découvrir ceux qui ont été impliqués dans ce qui est qualifié : le système de corruption, à condition que cela se passe dans le cadre de la justice transitionnelle".

Le livre noir a été contesté au sein même de la troïka. Le ministre des droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle l’a d’emblée désapprouvé, le qualifiant "de faux pas". Dans une déclaration hier mercredi à al-Qods Press, Samir Dilou a souligné que "les archives de l’Etat tunisien sont un dépôt entre les mains des institutions officielles, et doivent être gérées par une instance élue et spécialisée".

La justice transitionnelle est un concept global, et ne peut-être réalisée par chaque partie selon sa propre conception, a-t-il soutenu en substance. "Il y a un processus de justice transitionnelle qui a commencé en Tunisie, et l’on s’achemine vers la création de l’instance de la vérité et de la dignité, qui va superviser la gestion des archives. Pour ce faire, chaque partie garante des archives, doit les préserver… ", a-t-il affirmé.

"De ce point de vue, je considère la publication par la présidence de la République du livre noir, et son intention de publier un tome 2, comme étant un faux pas, bien que nombreux sont ceux parmi les personnes bien intentionnées qui l’ont applaudi", a déclaré le ministre.

Le livre noir a certes suscité des avis favorables au sein de certains milieux politiques, mais il s’est attiré une salve de critiques, dans la mesure où il a dénigré de nombreux journalistes, universitaires, hommes politiques, ce qui a été perçu comme une manière de les désigner à la vindicte populaire.

 Il n’est un secret pour personne, que la presse, du temps du président déchu, était muselée et vassalisée. Les médias n’étaient à l’époque que des outils de propagande, utilisés par l’ancien régime pour soigner son image, et berner l’opinion nationale et internationale. Les Tunisiens, de différentes catégories connaissaient cette vérité, et ne manquaient pas d’exprimer, ne serait que mezza voce, leur dégoût de l’état des médias de l’époque.

L’ancien régime s’est appuyé sur l’appareil de l’ATCE pour faire de la manipulation et de l’endoctrinement des masses, une véritable industrie. Les dérives décrites dans le livre noir semblent par moments invraisemblables, tellement la réalité dépasse la fiction. On y découvre une administration tentaculaire qui a brassé des sommes mirobolantes, de l’argent du contribuable tunisien, pour montrer Ben Ali et son régime sous leur meilleur jour, attirant dans ses filets des journalistes et universitaires tunisiens et étrangers. Il s’agit là d’une vérité que tous les Tunisiens ont le droit de savoir, et le livre peut y aider, à condition qu’il fasse partie, comme cela a été souligné avec insistance, du processus de justice transitionnelle dans son ensemble.

Ce qui est étonnant dans ce livre, et interpelle quant à ses véritables motivations,  est que son élaboration n’a pas procédé d’une coordination au sein du pouvoir exécutif. Un tel travail délicat devrait émaner d’une décision nationale engageant l’Etat dans son ensemble, en respect des lois en vigueur et de la circonspection d’usage en matière de divulgation des archives.  

Par ailleurs, Moncef Marzouki est appelé plus que tout autre à respecter une double exigence dans toute action qu’il entreprend. La première est dictée par son passé de défenseur des droits de l’homme, chose qui devrait le rendre sensible à la notion d’éthique et au respect de la présomption d’innocence, et la deuxième est son statut de président de tous les Tunisiens, qui doit autant que faire se peut rassembler et fédérer et non diviser, notamment à une étape où le pays a un besoin urgent d’apaisement et de concorde nationale.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #7 what a shame!
Ecrit par dali 1415     29-12-2013 21:41
shame on those who oppose strongle the truth of the messengers of ben ali. they certainly don't like to be revealed in front of the public with their ugly and criminal souls.
 
 
+1 #6 Tome1,2,3,4,5 etc.
Ecrit par Kortobi     12-12-2013 11:03
Il sera et restera toujours un mauvais (...),prêt à vendre son ame et sa conscience ( dont je doute qu'il en a une) pour garder le pouvoir. Aigri et vindicatif sans aucune notion de la nation ni de l'état. C'est une personne qui divise au lieu d'unifier. Il n'est vraiment pas a sa place.
 
 
+2 #5 Timing aussi moribond que l'acte
Ecrit par Wild Tounes     07-12-2013 11:23
That was an ill-advised move Mr. President and the last thing the country needed in this critical point of time!

You failed miserably from Day 1!

You will go in the history books as the first clown promoted man of state...
 
 
+2 #4 RE: Tunisie/ Livre noir : Moncef Marzouki a failli à une double exigence
Ecrit par adoula     05-12-2013 13:41
Il fait tout pour se faire remarquer.
Encore une connerie à son palmarès.

Bravo Monsieur le Président Provisoire.
 
 
+2 #3 rancune, vengeance et haine
Ecrit par Royaliste     05-12-2013 12:26
je vous ai demandé depuis 2 ans d'aller demander a ces anciens collégues a Sousse, ce monsieur est dangereux. pour l'avoir écarté du 'dialogue national' il fait l'interessant.

de mon coté, j'aurais aimé qu'on se concentre sur les problémes actuels, comme la corruption endémique
 
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