Rapport de la COLIBE : En attendant la position de BCE, les "antonymes" se mobilisent

Publié le Vendredi 10 Août 2018 à 13:03
Cérémonie du 13 août 2017 à Carthage. Le 13 août, fête de la femme, sera célébré ce lundi, sur fond d’une vive polémique autour du rapport de la commission des libertés individuelles et l’égalité. Le discours du président de la république est très attendu, pour se positionner par rapport à ce débat. BCE pourrait entériner, totalement ou partiellement, les conclusions de la COLIBE. Le cas échéant, il renverrait la balle dans le camp du parlement, en lui soumettant une initiative législative.  Comme, il peut s’abstenir dans un premier temps, tout en permettant à ce débat de société de se poursuivre et de mûrir.

Avant de se prononcer, BCE a écouté des avis divergents, parfois aux antipodes. Son pari, en tant que président de tous les Tunisiens, serait de tenter de concilier des positions inconciliables, mais il est fort probable qu’il fasse pencher la balance du côté de la COLIBE, formée sur son instigation il y a tout juste une année. Le chef de l’Etat avait ouvert la voie le 13 août 2017, à une réforme du droit successoral, vers une égalité totale homme/ femme, comme il a ordonné la légalisation du mariage d’une tunisienne avec un non-musulman, qui est désormais chose faite.

Le chef de l’Etat avait préconisé dans son précédent discours qu’il était d’ores et déjà possible de prévoir l’égalité progressive en matière d’héritage, selon l’esprit de la constitution de janvier 2014 qui dispose dans son article 21 de "l’égalité entre citoyens et citoyennes en droits et en devoirs". BCE avait, alors, appelé les juristes à trouver les formules adéquates et conformes aux préceptes religieux et constitutionnels. D’où ce rapport de la Colibe qui continue, depuis sa parution, le 12 juin dernier, à diviser la société, et à confronter les idées des conservateurs et des modernistes, sans qu’une voie médiane et consensuelle ne transparaisse jusque-là. 

La mobilisation ne se dément pas, et ira crescendo à l’occasion du 62ème anniversaire de la promulgation du code du statut personnel (CSP). 

La Coordination nationale de Défense du Coran, de la Constitution et du Développement équitable appelle à une manifestation nationale, demain samedi 11 août, en signe de rejet de ce rapport, dont les dispositions sont "contraires à la religion et à la constitution, destructrices de la famille et hostiles à l’identité".

La CNDCCDE qui récuse en bloc les conclusions de la COLIBE "attentatoires aux attributs de la famille, et menaçant son entité", a mis en garde contre "ses répercussions catastrophiques sur la paix civile et la société dans son ensemble, en consacrant la prééminence des droits de l’individu sur ceux de la collectivité".

La coordination va crier haut et fort sa désapprobation, demain samedi lors de cette marche qui sera conduite par des oulémas de la Zitouna, des imams prédicateurs, des activistes des droits de l’homme et des académiciens, de la place Bab Sâdoun à la place de l’Assemblée des représentants du peuple, au Bardo.

Dans l’autre camp, la mobilisation est tout aussi à son maximum, "pour la défense de l’égalité et des libertés". Un rassemblement sera organisé le lundi 13 août 2018, à 18 h devant le théâtre municipal, pour lancer le mouvement citoyen pour l’égalité et les libertés.

Composé de 150 associations et ONG membres de la coalition nationale de l’égalité dans l’héritage, la coalition nationale contre la violence, la coalition civile pour les libertés individuelles, et la coalition des associations organisatrices de la conférence de Tunis pour les libertés et l’égalité, le mouvement compte présenter une initiative législative pour l’égalité dans l’héritage, comme il prévoit des actions au niveau  local et régional pour activer le pacte de la Tunisie pour l’égalité et les libertés individuelles, et suivre les évolutions liées au rapport de la Commission de Bochra Belhaj Hmida. 

Gnet

 

Commentaires 

 
#1 Perte d'énergie
Ecrit par Roayliste     11-08-2018 18:11
si on suivait ces illuminés de la religion, nous serions comme la Somalie LOL
Heureusement que Bourguiba a passé a travers et a fait bouger la Tunisie
BCE n'a ni la carrure, ni les ambitions d'un président, il veut juste placer son fils, il est incapable de faire bouger les lignes

si on est des citoyens égaux, l'État DOIT garantir les libertés a TOUS ses citoyens

si on est dans une théocratie, l'État privilégie le ''peuple Élus'' au détriment des autres et au détriment des libertés individuelles: c'est une version ''soft'' de DAESH
 
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