Tunisie/adoption, le parcours pour l’enfant et la famille

Publié le Mardi 15 Juin 2010 à 09:50
Adoption, mode d'emploiUn jour, un ami d’une quarantaine d’année, m’avait dit que ce qu’il désirait le plus c’était d’adopter un enfant. Mariés depuis plus de 10 ans, à cause d’un souci biologique, sa femme et lui ne sont pas arrivés à procréer.

Ce n’est pas qu’ils ont lésiné sur les traitements, les médecins, et les séjours en clinique, mais la chance n’était de leurs côtés. Le seul moyen qui lui restait était donc de penser à adopter un enfant : « je pense que j’ai beaucoup d’amour à lui donner, tellement de choses à lui inculquer, à lui transmettre, c’est pour quoi j’ai sincèrement envie de sauter le pas », disait-il non sans émotion. Un jour, il rencontre un homme d’affaires qu’il lui confie posséder une unité de vie à Tunis, qui accueille des enfants abandonnés. Il est connu que l’Etat tunisien possède une unité similaire sise à la Manouba et connue sous le nom de l’Institut National de Protection de l’Enfance (INPE), un établissement qui accueille tous les nouveau-nés abandonnés sur le territoire tunisien, les prend en charge jusqu’à ce qu’ils soient adoptés ou récupérés par leurs familles biologiques.

Mais l’existence d’une pouponnière privée remplissant le même rôle suscite l’étonnement. Mais, elle existe bel et bien et il s’agit d’une association caritative, Diar Al Amal, créée au mois de février 2006, par un jeune homme d’affaires tunisien. Ce foyer pour bébés, sis à El Menzah 7, est d’une capacité d’accueil de 12 nourrissons. Tous, nourris, logés, blanchis, aux frais du maitre des lieux, qui permet toutefois aux particuliers de faire des dons en nature à l’association, s’ils le désirent.

Lors d’une visite effectuée au foyer, Rafika Gasri Ben Youssef, directrice de cette unité de vie nous en parle avec beaucoup de passion. « Nous avons pour l’instant, neuf bébés dont 6 garçons et 3 filles que nous avons récupérés dans les différents hôpitaux de la région. Nous en prenons soin en leur consacrant des équipes de 9 nourrisses ». Il était l’heure du déjeuner, tous les pensionnaires réunis dans la même chambre, trois d’entre eux, dont le plus âgé avait 9 mois, prenaient leur biberon alors que les autres dormaient sereinement dans leur landau. Les chambres colorées, les jouets de toutes sortes jonchant le sol des quatre chambres à coucher des petits, le mobilier comme sorti d’un magazine spécialisé et les vêtements que portaient les bébés, tout était fait avec grand soin. Le foyer travaille en équipe avec les institutions étatiques et l’INPE, pour faire profiter les enfants d’un foyer où toutes les commodités sont à leur service. Ils resteront ici jusqu’à ce qu’ils soient adoptés par une famille. « Mais notre but premier c’est de les restituer à leurs parents naturels, confie la directrice du centre, il n’y a pas mieux pour un enfant que de grandir chez ses parents biologiques c’est pour quoi nous essayons de leur constituer un terrain favorable pour qu’ils reprennent leur enfant ». En effet, Rafika Gasri Ben Youssef s’occupe elle-même d’aller rencontrer les mères de ces enfants dans le but de les faire changer d’avis. Si l’enfant est né hors mariage, l’association essaye de marier les deux parents et les aider à s’installer, en leur procurant des aides matérielles et de l’assistance. Sinon, la directrice essaye de convaincre la famille de la mère de l’importance de récupérer l’enfant. Si après toutes ces tentatives, l’enfant demeure au centre, il est alors fort possible qu’il soit adopté.

En Tunisie, il existe deux sortes d’adoption ; une adoption plénière, qui permet à l’enfant de récupérer le patronyme de ses parents adoptifs et tous les droits d’un enfant naturel, et Al-kafala, une sorte d’adoption simple, où l’enfant garde le nom de ses géniteurs et accessoirement, celui de ses parents adoptifs. Mais, il doit être retourné à ses parents naturels si ceux-là le désirent. Lors de cette visite effectuée au foyer privé, un couple de Tunisiens vivant en France était venu solliciter la directrice dans l’optique d’adopter deux enfants, une fille et un garçon. La responsable leur a fait savoir qu’actuellement, elle ne pouvait pas répondre à leur requête, et ce pour des raisons légales. Selon la loi française, pour que l’enfant puisse aller vivre en France, il faut que la mère naturelle signe un acte d’abandon devant le juge. Cette procédure n’ayant pas été finalisée, il est impossible pour le couple d’entamer l’adoption, sauf si la maman ne s’est pas présentée dans les 6 mois qui succèdent la naissance. Dans ce cas là, le juge constatera l’abandon. Ils sont donc repartis avec beaucoup de regrets.

Il existe, par ailleurs, un dossier à constituer entièrement et des exigences auxquelles doivent répondre les époux désirant adopter. La loi stipule que 15 ans d’âge au moins doivent séparer les parents de l’enfant et que la maman doit avoir au plus 50 ans au moment de l’adoption. Les époux doivent avoir plus que 28 ans d’âge, ou au mois 2 ans de mariage, l’un des deux époux doit être musulman et de nationalité tunisienne et l’autre obligatoirement musulman. Les femmes veuves ou divorcées, peuvent quant à elles, entamer une procédure d’adoption. Aussi, le couple doit écrire une demande d’adoption au directeur générale de l’INPE, une copie des CIN des époux, les deux extraits de naissance du couple, leur bulletin n°3, une copie du contrat de mariage, une copie de l’acte de divorce pour les divorcées, l’acte de décès du mari pour les veuves, une attestation du revenu annuel des époux, deux photos d’identité, 3 enveloppes timbrées dont deux avec accusé de réception, et un certificat médical des deux époux. Il faut aussi que les époux aient des revenus de pas moins de 400 dinars par mois à eux deux réunis. Le dossier au complet, et le couple répondant aux critères légaux, l’adoption peut avoir lieu.

Une fois le bébé est accueilli par sa nouvelle famille, une assistante sociale lui rend visite une fois par mois, pendant les trois premiers mois, pour s’assurer que le bébé est bien dans un milieu sain. « La priorité de ces visites est de constater que les parents adoptifs n’ont pas regretté cet acte et qu’ils sont bien heureux d’avoir l’enfant. Parce qu’il n’y a pas pire qu’un enfant qui grandit dans une famille qui ne veut pas de lui », clarifie la responsable de Diar Al Amal.

En cinq ans d’existence, cette association a réalisé 119 cas d’adoption, 36 restitutions et 13 enfants parrainés (selon le principe d’Al Kafala). Ce jour-là, trois des enfants présents dans le centre, attendaient que leurs parents naturels retournent les reprendre, les autres bercés par les bras de Morphée, ignorent encore quel avenir leur est réservé.
Chiraz Kefi
 

Commentaires 

 
+2 #44 Beaucoup d’amour à donné
Ecrit par Lam     08-03-2018 12:53
Bonjour,
Je m’appelle Lamia j’ai 36 ans, je suis française d’origine tunisienne, marier depuis 13 ans et maman de trois enfants en bonne santé El Hamdullillah. J’aime énormément les enfants, j’aimerais bien changé la vie d’un petit enfants et surtout le rendre heureux. Lui donner tous les moyens pour s’en sortir dans la vie et surtout rendre sa vie meilleur.
J’aurais aimé avoir des conseils de parents adoptifs, votre parcours, les difficultés que vous avez rencontrés.
Merci pour vos avis et vos réponses.
Lamia.
 
 
#43 famille qui veut adopter
Ecrit par amal     25-01-2018 07:19
cherchant une famille qui veut adopter un bébé voila email ou vous voulez contacter
 
 
+2 #42 adoption
Ecrit par essentiel2503     12-12-2017 12:40
Bonjours tous le monde.

J'aimerai beaucoup adopter avec mon mari mais nous ne savons pas par ou commencer...
Si une personne peut m'aider ce serai gentille pour nous.
 
 
+6 #41 adoption
Ecrit par mohamed     26-12-2016 10:06
je suis tunisien je viens d'adopter une petite fille et elle a changé ma vie je suis la pour discuter donner mon opignon et conseiller et avoir des amis en changeant les idees
 
 
+2 #40 Réponse a leila78
Ecrit par Manou83     06-04-2016 21:37
Bonsoir leila 78 je suis une enfant adoptée de la Tunisie et je vis en France voila mon adresse email si vous voulez toujours en parler. .
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.