Tunisie/Emeutes : Comment en est-on arrivé là ?

Publié le Lundi 10 Janvier 2011 à 14:46
Les Tunisiens sont tenus par un devoir de rassemblement. La Tunisie a vécu un week-end sanglant, avec un bilan officiel lourd de 14 morts et de plusieurs blessés parmi les civils. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ce déchaînement sans précédent de la violence dans notre petite Tunisie, réputée pour être un havre de paix et de sécurité.

L’étincelle qui a attisé les flammes est cet acte désespéré du jeune Mohamed Bouazizi, qui entrera dans la légende, comme celui qui a exprimé un ras-le-bol d’une jeunesse tunisienne désespérée, souffrant de chômage, de précarité et d’un profond mal-être. Ce constat fait l’unanimité de tous, gouvernement, opposition, syndicat et société civile…tous sont d’accord, même s’ils l’expriment diversement. La jeunesse tunisienne, notamment des régions intérieures, est en mal d’ascenseur social, et souffre de grandes inhibitions qui n’attendaient que le moment propice pour s’extérioriser. Tous lui concèdent son droit légitime à s’élever contre le chômage qui la frappe de plein fouet, et à exiger son droit à l’emploi. Un diagnostic consensuel certes, mais la manière d’y remédier ne l’est point.

Au cours de ce week-end, nous avons vécu des événements tragiques, dont tous les Tunisiens se seraient bien passés volontiers. Les émeutes ont tourné à la tragédie, et des innocents ont payé le plus lourd tribut à ce mouvement social qui semble prendre tout le monde de court.

Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi tant de morts et de blessés ? Pourquoi tant de bâtiments et de biens publics saccagés ? Pourquoi toute cette violence pour répondre à ce que tout le monde considère comme l’un des droits les plus élémentaires de chaque Tunisien, qu’il se trouve à Sidi Bouzid, à Regueb, à Tala, à Kasserine...Certes, à l’heure où en sont les choses, nous ne nous pouvons que nous indigner et déplorer profondément cette ampleur de dégâts humains et matériels. Mais, nous sommes aussi en droit de savoir ce qui s’est passé ; et d’exiger que des enquêtes impartiales soient diligentées pour faire la lumière sur cette effusion de sang. L’heure est grave, très grave même, ni les déductions hâtives, ni les présomptions de culpabilité ne contribueront à apaiser la tension qui reste entière.

Il est un point qui doit nous rassembler tous, quelles que soit notre appartenance politique ou notre engagement militant : nous rejetons catégoriquement la violence, le saccage et le pillage des biens publics. Nous nous inscrivons en faux contre toute dilapidation des deniers publics, sous quelque forme que ce soit. Les bâtiments publics, les locaux des délégations et des gouvernorats et les postes de police sont les biens de la collectivité nationale, que nous avons en partage. Ces acquis ont été construits grâce au labeur du contribuable tunisien ; personne ne doit tolérer qu’ils soient la cible de vandalisme, de destruction, de dilapidation ou de détournement.

Autant nous dénonçons ces actes de violence, autant nous condamnons avec la plus grande fermeté la mort de nos concitoyens sous les balles. Ce qui s’est passé est scandaleux, et jamais, au plus grand jamais, ça ne doit se reproduire. Nous ne voulons pas que la Tunisie entre dans une spirale de violence dont les conséquences resteront inconnues.

A l’heure qu’il est, même si l’indignation est en chacun de nous, nous sommes tenus par un devoir de sagesse. Une fois avoir établi toute la vérité sur les circonstances dans lesquelles sont survenus tous ces morts et tous ces blessés, et après avoir donné toutes les explications à des familles éplorées, Il faut savoir écouter l’appel de détresse des jeunes et leur apporter les bonnes réponses sociales, économiques et politiques. Intervenu hier sur al-Jazeera, Samir Laabidi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a affirmé que "le message est passé" et que le l’appel des régions intérieures a été entendu par le gouvernement, et par toutes les composantes de la classe politique ; ajoutant que l’Etat a débloqué d’urgence 5 milliards de dollars pour le développement des régions intérieures et frontalières. Le gouvernement a pris sa responsabilité et s’est engagé à amorcer le décollage des régions intérieures, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.
 
Tout d’abord, les mesures économiques annoncées manquent encore de concret. Quid des projets qui seront créés ? Dans quelles régions ? Selon quel échéancier ? Comment va-t-on les financer ? Les fonds ont-ils été débloqués ? C’est un devoir de transparence et de clarté que le gouvernement se doit d’adopter pour persuader et rassurer le peuple.  

Par ailleurs, la réponse économique n’est pas la seule à donner aux derniers événements, même si elle en est incontestablement à la base. Le soulèvement social laisse transparaître en toile de fond, un appel à l’ouverture, et à l’implication de toutes les composantes de la société dans l’œuvre de développement.  

Notre système politique est aujourd’hui acculé à l’ouverture dans un objectif de rassemblement et de pluralité. Comme l’ont déjà  prôné des opposants et des activistes des droits de l’Homme, il faut ouvrir un dialogue sérieux et volontariste avec les différentes composantes politiques. C’est dans l’intérêt de toutes les parties, et par ricochet, du pays que de s’écouter mutuellement, de tenir compte des propositions des uns et des autres et d’en faire la meilleure synthèse pour donner, in fine, un nouveau souffle économique, politique, et de liberté à la Tunisie qui embrassera toutes les régions, et rejaillira sur tout le pays.

Les Tunisiens sont aujourd’hui appelés à l’unité et à la solidarité. Ils sont tous appelés à bannir toute manipulation ou instrumentalisation de ces événements tragiques, et à faire passer l’intérêt collectif aux dépens des intérêts étriqués. Aujourd’hui, c’est la cause d’un peuple, et d’une nation, ce n’est pas l’heure de jeter l’anathème ou régler des comptes. Rassemblons-nous et protégeons ensemble notre principale richesse : Les Hommes et les Femmes de Tunisie.

H.J.

 

Commentaires 

 
#44 RE: Tunisie/Emeutes : Comment en est-on arrivé là ?
Ecrit par mks     13-01-2011 12:47
Comme une cocote minute qui a le soupape est bouché ça tient ça tient et ça explose.
Inchaala on retient une leçon de ce qui se passe et on redresse la barre avec le moindre dégat.
La Tunisie ne mérite pas ça.
 
 
#43 (....)
Ecrit par dada     12-01-2011 17:47
Pourquoi ca continue ??? C'est assez évident.
1) les gens ne sont pas dupes vous savez, il sont patients et tolérants c'est tout.
2) En 1987, il a dit que le peuple tunisien est devenu majeur !!! il viens juste d'affirmer le contraire et en plus il s'est mis à menacer des gens qui n'ont rien à perdre.
3) Un gros problème de (la famille) que tout le monde essaye de l'occulter ou de l'ignorer, mais c'est vraiment un absès à crever une fois pour toutes.
4) Ce Monsieur Laabidi, il a servi à quelque chose à une certaine époque mais maintenant, il est vu dans le milieu de la jeunesse comme un autre vendu, opportuniste, lèche-cul et sans intégrité aucune. C'est une carte brulée qui à perdu toute crédibilité. Le premier acte bénéfique pour le pays serait peu être de débarrasser de ce genre de personnages sangsue.

Les tunisiens doutent (...), de son entourage et de ses ministres. Sans lever cette
Il serait temps peu être de répondre courageusement et jouer carte sur table.
 
 
#42 ATTENTION AUX RAPACES!
Ecrit par freeman     12-01-2011 14:21
Tunisiens et Tunisiennes ! Ouvrez bien les yeux et faites attention aux rapaces et charognards qui commencent à roder autour de notre pays.
Ils sont de deux sortes:
- Ceux d'ici :je nomme carrément et sans détours les Obscurantistes et les Gauchistes qui ne cessent d'attiser le feu ...en détournant les évènements et en en faisant une lecture à leur mesure et en essayant de les récupérer à leur compte , eux qui n'ont aucune assise dans ce pays et qui ne nous proposent que l'obscurantisme ,l'aventurisme et l’anarchie comme alternative...le soutien qu'ils trouvent chez certains médias et organismes étrangers ignorant la réalité de notre pays leur donne une stature qui n'est point réelle, nous les Tunisiens nous le savons tous, ils ne réussiront jamais à nous leurrer!! Ils cherchent- sans scrupules- à internationaliser un conflit social interne: hier les Américains, aujourd'hui les Français, les Anglais et Ban-Ki-Moon...
- Ceux d'ailleurs : je pointe les "apôtres des droits de l'homme", ceux qui sont en panne de valeur chez eux et qui cherchent un exutoire pour leur "égo maladif" et veulent se » refaire une virginité » au dépend de notre présent et de notre avenir, les nostalgiques d'une époque coloniale révolue et qui ne cessent de nous traiter en mineurs…J’ajouterais à ceux là les américains, je leur rappelle Abou Graib...tout court, quant aux Anglais ils ont et auront toujours sur la conscience les crimes les plus sournois et les plus sordides de l’histoire humaine, nous sommes bien placés pour le savoir…le drame palestinien en est la preuve lancinante …pour ne citer que cet exemple…
Quant à Mr Ban-Ki-Moon et la soi-disant société internationale, je rappelle le calvaire Palestinien, les malheurs Irakiens et Afghans...les misères de Haiti...et j’en passe.
Les larmes de crocodiles, on connait et on est bien averti, ça ne passera pas.
Ne vous méprenez pas sur mes propos ! Je suis un simple citoyen Tunisien, je ne suis affilié à aucun parti, je suis un simple affilié à l’UGTT uniquement, je dis bien uniquement , par respect à la mémoire de Farhat Hachad et Ahmed Tlili dont j’admire le patriotisme , l’intégrité et l’abnégation au service de notre peuple et notre patrie, mon seul parti est mon pays que j'aime au dessus de tout ... et que je pleure- par ces jours sombres- dans ma tète, dans mon cœur...et dans ma chair! Ce qui me tient à cœur c’est l’indépendance de mon pays, son intégrité territoriale et le bienêtre de mes concitoyens, ni plus ni moins. La tournure prise par ces évènements est pour le moins regrettable, j’en suis affligé, MAIS RESTONS LUCIDES, NE CEDONS PAS A CETTE FRENESIE DESTRUCTRICE, NE PANIQUONS PAS et faisons tous en sorte que notre pays reste debout malgré tous nos griefs et nos amertumes et on saura dépasser les difficultés et les malentendus, nous y arriverons, j’en suis certain, nous sommes un peuple intelligent, studieux et créatif et nous y arriverons. Encore une fois: GARE AUX RAPACES DE TOUT BORD!N'OUVRONS PAS LA PORTE A CEUX QUI NOUS GUETTENT, CEUX D'ICI COMME CEUX D'AILLEURS! ON LE REGRETTERA AMEREMENT!
Courage à toute l’équipe GNET ! Vous rendez un service historique à notre pays !
P.S : Je suis écœuré par ce que débite une certaine presse française en ligne, j’ai envoyé ce commentaire -mais en plus bref- sur lepoint.fr mais il a été censuré par les modérateurs…alors que ces mêmes modérateurs laissent passer des commentaires dégradants, haineux et provocateurs sur notre pays…pour moi c’est clair : beaucoup de s…nous guettent au tournant et on dirait qu’ils n’attendaient que ça…
 
 
#41 A ceux qui pleurnichent l’action des forces de l’ordre !!!
Ecrit par habboub     12-01-2011 10:35
Faites Messieurs e matin une visite à la cité Ibn Khaldoun et Ettadhamen !!! et constatez vous qu’a fait hier la nuit les pillards avec les coktail molotov alors que la police a riposté par des bombe lacrymogène !!! C’est le moment pour chaque patriote Tunisien de dénoncer fortement ces faits !!!! comme il a dénoncé les tirs de balle !! Comme les Ecrivains, les avocats etc !! Sinon je les considère COMPLICE !!!!!
A ceux qui m’ont critiqué et je respecte leur opinion !! Criez fort et dite halte aux pillages et aux coktail molotov !! Je défis tous ce qui ont parlé devant les chaines étrangères de dire ça !! car ils sont opportunistes et veulent utiliser ces émeutes – à l’origine légitime – à ses propres fins !! Ils vont se taire et vont dire « ce sont les milices du RCD qui a fait ça !!!! ha ha ha ha !!!! Un dernier mot aux forces de l’ordre :: TENEZ BON ET RABBI M3AKOM
 
 
#40 vive la tunisie
Ecrit par faycal     12-01-2011 08:55
je suis très triste pour ce qui se passe en tunisie. Nous devons tous s'unir pour que cela change. Ce n'est pas seulement en proposant 300000 emplois que cela va calmer la grogne des gens. Tout d'abord, on doit pas saccager les biens publiques, c'est une très grave erreur,en suite on doit pas tirer sur les gens et les abattre, c'est inhumain.
Nos dirigeants doivent comprendre qu'il faut que la vie politique change en Tunisie, on voudrait un changement qui propulsera les tunisiens vers un avenir meilleur, que la corruption soit éradiquer de notre chère Tunisie, et qu'il y ai une justice social , économique et qu'on applique la justice pour tous. La tunisie appartient a tous les tunisiens. Il faut que la chance soit égale pour tous les Tunisiens .
Inchallah la situation retourne au calme et qu' allah soit avec La Tunisie
 
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