Tunisie/Ligue arabe : L’emprise du Qatar sur l’imbroglio syrien !

Publié le Lundi 25 Mars 2013 à 17:39
Moncef Marzouki s'est rendu à la tête d'une délégation au Qatar pour participer au Sommet arabe. Le sommet de la Ligue arabe se tient les 26 et 27 mars à Doha, dans une conjoncture régionale difficile et instable. Les pays arabes ne dérogent pas à la règle et sont, à quelques heures du démarrage des travaux, en désaccord sur le dossier syrien, notamment sur la représentation de Damas lors du sommet. L’attribution officielle du siège de la Syrie à l’opposition, comme l’a déclaré ce lundi un haut responsable de la Ligue à l’AFP, a fait grincer les dents de l’Algérie et de l’Irak. Le Liban, lui, voisin de la Syrie, a dit ne pas souhaiter être mêlé à cette affaire.

La région arabe connaît de profondes mutations, touchée par des révolutions en cascade, dont l’aboutissement est variable d’un pays à l’autre. Même si le devenir de ce processus dans son ensemble n’est pas encore clair et reste émaillé de zones d’ombre, le changement, palpable dans la région, ne semble pas impacter l’organisation panarabe restée immuable, en obéissant au même mode de fonctionnement, qui a montré ses limites depuis des années.

La Ligue arabe a été de tout temps accusée d’être inopérante et improductive, dépourvue de tout pouvoir de décision. Perçue dans l’imaginaire collectif arabe, comme une assemblée de dirigeants autocratiques et inféodés à l’Occident, la Ligue n’a cessé au fil de ses sommets de décevoir les espoirs des masses populaires et de trahir les justes causes qui leur tiennent à cœur. Après le printemps arabe, l’organisation s’est trouvée subitement confrontée à un sujet qui lui est étranger, soit l’éveil des peuples et leur besoin pressant de liberté et de démocratie, et son corolaire les révolutions, qui se sont illustrées notamment par l’arrivée au pouvoir de dirigeants démocratiquement élus notamment en Tunisie, Egypte, et en Libye. D’ores et déjà, ces nouveaux dirigeants siégeaient côte-à-côte avec leurs homologues à la tête de pays encore  à l’abri des bouleversements révolutionnaires. Fragiles, inexpérimentés, et accablés par l’ampleur des défis politiques, socio-économiques et sécuritaires auxquels ils se heurtent dans leurs pays respectifs, les dirigeants post-révolution n’ont pas eu jusque-là de présence singulière dans les conclaves de la Ligue. Ils ne semblent pas encore parvenus à s’affranchir des carcans de la dépendance aux forces étrangères, selon le jeu d’intérêts qui est en défaveur d’une région qui ne sait pas où donner de la tête.

Cet état de fait est perceptible notamment à travers les positions hésitantes et ambiguës envers la crise syrienne. Le mouvement contestataire syrien est né, à l’instar des soulèvements analogues dans la région, d’un  besoin populaire pour la liberté et la démocratie. La Syrie était dirigée pendant de longues décennies par un régime dictatorial, conduit par le puissant Baâth qui réprimait les libertés, bannissait toute voix discordante, et opprimait le peuple. Autant dire que les revendications du peuple syrien sont des plus légitimes, et sa soif d’affranchissement du joug de la tyrannie mérite empathie et soutien.

En revanche, à voir le déroulement de la guerre en Syrie, le processus de destruction méthodique et programmé dont les villes syriennes ont été victimes, les carnages successifs qui déciment la population, l’enchevêtrement de la situation sur le terrain, l’état de division de l’opposition, l’exacerbation des clivages confessionnels…l’on constate que la Syrie est en train de tomber de Charybde en Scylla. Pis encore, l’imbroglio syrien n’est pas resté confiné dans ses frontières géographiques, mais a eu des effets collatéraux dans la région avec l’enrôlement de la jeunesse arabe, et les Tunisiens sont en plein dedans, pour participer à ce qui est désormais appelé le "Jihad en Syrie".  

La situation de la Syrie est complexe, et la Ligue arabe aurait mieux fait de jouer les bons offices pour aider les Syriens à parvenir à une solution politique et à sauver ce qui peut l’être encore. L’organisation panarabe a choisi de procéder autrement. Elle semble d’ailleurs mettre sa ligne de conduite au diapason de la position occidentale qui cherche à militariser le conflit ; une solution qui ne va qu’entraîner plus d’effusion de sang.

Le Qatar qui assure la présidence tournante de la Ligue arabe semble tirer les ficelles, et peser de tout son poids sur l’évolution de la situation de la Syrie. L’une des raisons de la démission surprise hier d’Ahmed Moadh al-Khatib, chef de l’opposition syrienne, est qu’il "reproche à certains pays, notamment le Qatar, de vouloir contrôler l’opposition et d’avoir imposé l’élection de Ghassan Hitto, soutenu par les Frères musulmans, comme Premier ministre intérimaire", a confié ce lundi  un opposant syrien sous le sceau de l’anonymat à l’AFP. Le plus grave  est que certaines informations font état d’une emprise de Doha sur la Tunisie et l’Egypte  pour soutenir ses options en Syrie. Tout cela ne fait qu’accentuer l’inquiétude sur les menaces d’effritement qui pèsent sur la Syrie et la région toute entière. N’oublions pas que pour l’Occident, la Syrie fait partie de "l’axe du mal", du "camp du refus", et l’intention de le détruire et de le diviser est bien antérieur au printemps arabe, il s’agissait juste d’attendre le moment opportun. Et nous voilà en train d’assister à l’effondrement de la Syrie, comme c’était le cas pour l’Irak.

La balkanisation du Moyen-Orient, et sa division en petits cantons sont  bien enclenchées, pour qu’au final se réalise le Grand Israël.  L’Occident qui est bien parti pour atteindre ses visées n’a plus besoin de faire semblant de défendre le supposé Etat palestinien indépendant, et ne cache plus vraiment le fond de sa pensée. "La terre palestinienne est une terre historique juive", a déclaré sans vergogne Barack Obama, lors de sa toute récente visite en Israël. La Ligue arabe persiste-t-elle à jouer contre vents et marées le jeu des puissances hégémoniques ? Les peuples de la région ont pourtant cru à l’aube de leurs révolutions se débarrasser à jamais de cette soumission, mais les survivances du passé semblent avoir la vie dure.
H.J.


 

Commentaires 

 
-1 #8 @ Ben Whirlpool !!!
Ecrit par Msahsah     27-03-2013 10:43
Ça se voit que tu a de la compassion pour le sionisme et donc pour ses minables serviteurs et j'espère que tu ne soit pas un des leurs. Oh, combien ils sont nombreux ses traitres !!!
 
 
+3 #7 quel bilan
Ecrit par tounsi com     27-03-2013 09:58
une révolution détournée, des islamistes intégristes placés au pouvoir, des djihadistes envoyés en guerre en syrie contre le peuple syrien , des économies arabes déficitaires ....etc.....
et puis on nous dis respirez la liberté et la démocratie nouvellement acquise . et pour couronner le tout allez y ;armez vos fréres pour combattre leur propres fréres syriens.
quel bilan pour la nation arabes 'est un extermination rapides et express de la nation arabe
 
 
+2 #6 A trop vieux corps, point de remède Whirlpool
Ecrit par Fan-Club     27-03-2013 00:54
…Car rien ne sert de regretter sa jeunesse, si on passe sa veillesse à cautionner les crimes “sionistes”.
 
 
-3 #5 Modérez-vous, cher Fan-Club
Ecrit par Ben Whirlpool     26-03-2013 20:05
Sur le fond je suis d'accord avec mon cher Fan-Club, mais je réprouve son vocabulaire trop violent.
Sans parler du fait que sous son clavier "sioniste" signifie "méchant"...
Ah, la fougue de la jeunesse, que je vous envie, cher Fan !
Cela dit, vous avez raison: il faudrait peut-être que les peuples arabes se réveillent...
 
 
+6 #4 Les « bâtards » du Qatar…
Ecrit par Fan-Club     26-03-2013 05:55
..depuis longtemps à la solde du grand capital et du sionisme international paieront cher leur double jeu. Ils sont entrain de fabriquer un monstrueux foetus qui…explosera dans le ventre de sa mère. Fomenter des guerres contre les pays frères & voisins ou flirter avec les fanatiques finit par foudroyer.

Quant à la ligue Fantoche Arabe, devenue ouvertement “sioniste” depuis 20 ans, elle existe seulement pour server les Etats-Unis, Israël et l’Europe et continue à narguer le monde Arabe.

Peuples arabes : réveillez-vous, votre révolution n’a pas encore vu le jour!
 
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