Tunisie/Palestine : Sahbi Atig met Haniyeh et Mechaâl dans l’embarras

Publié le Mardi 30 Octobre 2012 à 17:54
Sahbi AtigLa criminalisation de la normalisation avec Israël suscite la controverse à l’assemblée nationale constituante, et au-delà, sur son inscription ou non dans la future constitution. A l’origine, c’est l’article 27 de l’avant-projet de la constitution qui stipule une telle criminalisation. Des députés ont jugé malvenu d’introduire cette question dans la constitution et suggèrent d’en faire mention dans le préambule, et de lui consacrer une loi à part. Ce qui a suscité l’ire de certains constituants, dont ceux du parti du peuple (nationaliste), qui ont crié à l’ingérence étrangère, et aux pressions américano-sionistes sur la Tunisie, pour renoncer à introduire cet article dans la constitution.

Revenant sur cette polémique sur la chaîne Hannibal, Sahbi Atig, président du groupe parlementaire d’Ennahdha, a affirmé tout récemment qu’il y a unanimité en Tunisie et à l’assemblée nationale constituante quant à la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste. Selon ses dires, le différend porte sur l’emplacement de la mention de cette question, dans la constitution ou dans une loi. La commission des droits et des libertés qui regroupe l’ensemble des partis : Ennahdha, le CPR, Ettakatol, le bloc démocratique, alAridha… est d’accord  là-dessus, et en a fait mention, mais la commission de préambule a estimé que cet article ne peut-être introduit dans la constitution ; c’est là ou réside la pomme de discorde, selon ses dires. Pour corroborer ses propos, il se réfère aux "dirigeants de la résistance islamiste sur lesquels personne ne peut surenchérir" (sic). "Ismaïl Haniyeh et Khaled Mechaâl nous ont conseillés de ne pas introduire la criminalisation de la normalisation dans la constitution, mais peut-être dans une loi", a-t-il dit. Atig ne semblait pas prendre la mesure de la gravité de telles déclarations pour le mouvement de résistance islamiste pour qui le refus de toute normalisation avec Israël constitue un principe constant et inaliénable, qui doit être affirmé avec la plus grande fermeté et au plus haut degré des législations, a fortiori arabes.

Ce supposé conseil que deux figures de proue de Hamas aurait donné à Ennahdha marquerait, s’il était vérifié, un important revirement de la politique du mouvement islamiste et de sa position envers l’entité sioniste, et risquerait de lui coûter cher en termes de crédibilité aux yeux de l’opinion publique palestinienne et arabe. Hamas fonde sa stratégie sur le refus catégorique de toute reconnaissance d’Israël et a toujours opposé une fin de non-recevoir à toute adhésion au processus de paix entre Israël et l’autorité palestinienne, lancé depuis la signature des accords d’Oslo en 1993.

Cette position a été confirmée par Khaled Mechaâl le 12 juillet à Tunis, lors du congrès d’Ennahdha. Le chef du bureau politique de Hamas avait qualifié les 21 ans du processus de paix, "d’années d’égarements, et de fourvoiements". "Le processus de paix s’est transformé en processus de résignation", a-t-il asséné, appelant "à  revenir à la substance de la cause qui est la libération de la Palestine et d’al-Qods, et le retour des Palestiniens à leurs terres". Mechaâl avait aussi appelé "à tourner la page des négociations et des  marchandages". Il a exhorté la Tunisie "à jouer un rôle actif au sein de la Ligue arabe, en incitant la communauté arabe à concevoir une stratégie arabo-musulmane pour la libération de la Palestine".

Les déclarations, du moins publiques, de Mechaâl confirment la position de Hamas qui est, contrairement à celle du Fatah de Mahmoud Abbas, sans concessions envers Israël. On comprend donc l’embarras dans lequel se trouveraient Mechaâl et Haniyeh en apprenant que Sahbi Atig, révèle leur supposé conseil aux médias tunisiens.

Le démenti du porte-parole du gouvernement de Gaza est sans appel et désavoue le chef du groupe parlementaire d’Ennahdha : "Ismaïl Haniyeh n’a jamais demandé de ne pas introduire la criminalisation de la normalisation avec Israël dans la constitution tunisienne". Hamas semble même s’attendre à un démenti en bonne et due forme d’Ennahdha pour se dédouaner de cette accusation.

La cause palestinienne est déjà assez complexe et le combat des leaders de la résistance palestinienne est déjà très difficile, pour qu’ils se fassent tailler des croupières par la Tunisie.

Le débat autour de l’inscription ou non de la normalisation avec Israël dans la constitution est tuniso-tunisien, et si des partis politiques, en l’occurrence Ennahdha, s’y opposent, il faut qu’ils arrivent à argumenter leur position, et à convaincre l’opinion publique tunisienne et non de s’abriter derrière  des supposés conseils des leaders palestiniens. Et puis n’oublions pas qu’Ennahdha s’est retiré en juin 2011 de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution d’Iyadh Ben Achour, suite notamment  à une polémique autour de la mention de cette même question dans le pacte républicain de l’époque.  
H.J.


 

Commentaires 

 
#3 Le Hamas a vaincu l'OLP
Ecrit par Ben Whirlpool     31-10-2012 22:09
Pour vaincre l'OLP, qui lui tenait autrefois la dragée haute, il fallait au Hamas afficher une telle intransigeance sur la non-reconnaissance de "l'entité sioniste".

Mais maintenant, la donne a changé: l'OLP est au plus mal et le Hamas s'est embourgeoisé. Le parti islamiste se prend même à rêver d'un dialogue d'égal à égal avec Israël: il prépare doucement sa reconnaissance (contre probablement un geste significatif inverse) et se faire déborder en matière d'intransigeance par la Tunisie d'Ennahdha ne l'arrangerait pas...

Il faut croire que le radicalisme est soluble dans le confort !
 
 
+1 #2 déception
Ecrit par lemans     31-10-2012 11:24
atig, zitoun, khidir, himden, ellouz, chourou, Abdessalem.....ce sont les top de la politique de la nouvelle Tunisie, BCE dit" ya nari alik ya tounes"
 
 
+5 #1 Atig est un moins que rien
Ecrit par Ahmed     30-10-2012 23:26
Je fais l'effort de ne pas insulter cet homme pour lequel je n'ai aucun respect, ce vulgaire personnage pourvu d'une intelligence très relative a dit que tous les tunisiens étaient musulman. Ce petit homme nie la vérité, il existe des tunisiens sans religion, des tunisiens juifs etc... Cette forme de politique dogmatique nous mènera à rien, faite face à la réalité et arrêtez de fantasmer votre pays. Atig je suis tunisien et je ne croit pas en dieu que ca vous plaise ou non !
 
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