Edito: Bizerte, la ville qu’on oublie sauf le 15 Octobre!

14-10-2024

À Bizerte, chaque 15 octobre est l’occasion d’une mise en scène bien orchestrée. Comme un décor de théâtre soigneusement préparé pour une représentation unique, la ville se refait une beauté, mais uniquement pour plaire aux regards des officiels. Pendant cette fête de l’Évacuation, les routes sont repeintes à la hâte, les fleurs sont plantées, et les trous dans la voirie sont comblés, mais seulement sur le parcours que suivra le président Kaïs Saïed pour se rendre au cimetière des martyrs. En dehors de cela, la ville reste dans un état de délabrement qu’on ne peut qu’ignorer, mais que les habitants, eux, doivent endurer toute l’année.

Ah, cette mascarade annuelle ! Les Bizertins, excédés, assistent à ce spectacle où la propreté est reléguée à un simple coup de balai temporaire, laissant le reste de la ville dans un état lamentable. La corniche du front de mer, autrefois fierté des habitants, est désormais laissée à l’abandon, et la médina ne survit que grâce à l’engagement des membres de l’Association de sauvegarde de la médina de Bizerte. Une vraie tristesse !

Et que dire de la maternité, fermée depuis des années suite à l’effondrement d’un toit ? Ou de cette fameuse marina de Bizerte, en chantier depuis plus de 15 ans, qui ressemble à un vestige d’un rêve déchu plutôt qu’à un projet prometteur. Pendant ce temps, la ville, qui pourrait briller par son potentiel économique et touristique, continue d’être oubliée, enfermée dans une routine de dédain.

Pourtant, Bizerte n’est pas qu’une toile de fond pour une cérémonie commémorative. Avec ses paysages à couper le souffle, son patrimoine riche, et une population vibrante, elle a tout pour devenir un pôle de développement. Mais non, il semble qu’on préfère investir dans des solutions éphémères. Après tout, il est plus facile de peindre des murs que de bâtir un avenir.

Alors, à chaque 15 octobre, alors que les pompes et les artifices sont de mise, n’oublions pas que Bizerte mérite plus qu’une simple attention passagère. Espérons qu’un jour, au lieu de se souvenir d’elle uniquement pour une célébration, on lui accordera la considération et le développement qu’elle mérite tout au long de l’année. Mais pour l’instant, à l’année prochaine pour la même parade !

Wissal Ayadi